L’inauguration à Berlin d’un mémorial dédié aux personnes infirmes victimes du nazisme devrait interpeller toutes les sociétés qui ont légalisé l’euthanasie ou s’y préparent actuellement.
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Parce que les nazis avaient décrété qu’elles étaient un poids nuisible à la société et qu’elles menaient «des vies indignes d’être vécues», 300.000 personnes handicapées psychiques ou physiques, enfants et adultes, ont été supprimées sous le régime hitlérien. 70 000 ont été gazées entre janvier 1940 et août 1941, dans des cliniques aménagées pour leur extermination, en application du « programme d’euthanasie » "T4" (abréviation renvoyant à l’adresse du Tiergartenstrasse 4 à Berlin, siège de cette organisation criminelle) : ce fut le premier crime de masse systématique du régime national-socialiste. Il avait été précédé par diverses mesures eugéniques instaurées dès l’avènement d’Hitler en 1933, telle la stérilisation systématique de personnes souffrant d’un handicap afin d’améliorer «la race et la santé du peuple, jusqu’à la création de l’homme nouveau» selon les mots mêmes du Fuhrer. (1)
C’est aux victimes de cette première « solution finale » restée impunie que rend hommage ce mémorial inauguré mardi – une paroi de verre sur un socle noir doté de panneaux explicatifs- à l’emplacement de cette « clinique » berlinoise. C’est le quatrième monument érigé autour du parc de Tiergarten à la mémoire des populations massacrées par le IIIe Reich – Juifs, homosexuels, tziganes et maintenant handicapés. (2)
Certains de ces malheureux ont été assassinés à l’insu de leurs familles, d’autres avec leur consentement tacite, d’autres encore après avoir été arrachés à leurs familles comme ce fut le cas, à l’âge de 14 ans, d’un cousin trisomique de Joseph Ratzinger. Révélé par l’historien américain Brennan Purcell, ce très douloureux épisode familial a été confirmé par le Père Georg Ratzinger, frère du pape Benoît.
Le programme « T4 » fut officiellement stoppé en août 41 grâce aux remous qu’il commençait à susciter dans la population, et aux courageuses protestations de représentants des Eglises, tels le pasteur protestant Theophil Wurm et l’évêque catholique Clemens August von Galen, le célèbre « Lion de Münster » (Pie XII le fera cardinal à l’issue de la guerre pour son indomptable opposition au nazisme et Benoît XVI le béatifiera en 2004). Mais les nazis poursuivirent leur entreprise d’extermination sous d’autres formes – depuis la privation de nourriture jusqu’aux injections de doses létales, le total de cette catégorie de victimes s’élevant à 300 000 à la fin de la guerre.
Eugénisme, euthanasie, privation de nourriture, injections afin d’éliminer les « vies indignes d’être vécues » …l’évocation de ce passé sinistre devrait poser un problème de conscience aux sociétés contemporaines. Répondant, il y a plus de vingt ans (1993), aux questions du Vatican Insider, le cardinal Joseph Ratzinger constatait déjà : « Il est terrifiant de voir comment, en cette fin du XXème siècle, des pays qui se sont battus contre Hitler ont embrassé quelques-unes des idéologies anti-humaines favorisées par lui : euthanasie, par exemple, expérimentation sur les embryons humains. D’une certaine façon, Hitler a anticipé beaucoup de développements actuels. » (3)
Sources :