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Saint Louis : “La première chose que je t’enseigne, c’est que tu mettes ton cœur à aimer Dieu”

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La rédaction d'Aleteia - publié le 25/08/14
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En cette fête de saint Louis, l’année du 800 e anniversaire de sa naissance, découvrez le testament spirituel de Louis IX à son fils Philippe III le Hardi.

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26/04/14

Beau fils,
La première chose que je t’enseigne, c’est que tu mettes ton cœur à aimer Dieu ; car sans cela nul ne peut être sauvé. Garde-toi de faire rien qui déplaise à Dieu, c’est à savoir le péché mortel ; au contraire, tu devrais souffrir toute sorte de tourments, plutôt que de faire péché mortel. Si Dieu t’envoie l’adversité, alors reçois-la en patience, et rends-en grâce à Notre Seigneur ; et pense que tu l’as méritée qu’Il te tournera tout à profit. S’Il te donne la prospérité, alors remercie l’en humblement, de sorte que tu ne sois pas pire par orgueil ou d’autre manière, pour ce que tu dois mieux valoir ; car on ne doit pas guerroyer contre Dieu avec ses dons. Confesse-toi souvent et choisis un confesseur prud’homme, qui te sache enseigner ce que tu dois faire et de quoi tu te dois garder ; et tu te dois maintenir et comporter de telle manière que ton confesseur et tes amis t’osent reprendre de tes méfaits. Écoute le service de la sainte Eglise dévotement et sans bavarder ; mais prie Dieu et de cœur et de bouche, spécialement à la messe, quand se fait une consécration.

Aie le cœur doux et compatissant aux pauvres, aux malheureux et aux affligés, et les conforte et aide selon que tu pourras. Maintiens les bonnes coutumes de ton royaume, et abats les mauvaises. Ne convoite pas contre ton peuple, et ne charge pas ta conscience d’impôts et de tailles, si ce n’est pas grande nécessité.

Si tu as quelque peine de cœur, dits-le tantôt à ton confesseur ou à quelque prud’homme qui ne soit pas plein de vaines paroles; alors tu la porteras plus facilement.

Veille à avoir en ta compagnie des gens prud’hommes et loyaux, soit religieux, soit séculiers, qui ne soient pas pleins de convoitise, et parle souvent avec eux ; et fuis et évite la compagnie des mauvais. Ecoute volontiers la parole de Dieu et la retiens en ton cœur ; et recherche volontiers prières et indulgences. Aime ce qui est profitable et bon. Hais tout ce qui est mal où que ce soit. Que nul ne soit si hardi que de dire devant toi une parole qui attire et excite au péché, ni de médire d’autrui par derrière par des détractions ; ne souffre pas non plus que nulle vilenie soit dite de Dieu ni de ses saints devant toi. Rends souvent grâces à Dieu de tous les biens qu’Il t’a faits, de sorte que tu sois digne d’en avoir davantage.
Pour tendre la justice et faire droit à tes sujets, sois loyal et roide, sans tourner ni à droite ni à gauche, mais toujours du côté droit, et soutiens la plainte du pauvre jusqu’à tant que la vérité soit déclarée. Et si quelqu’un a une action contre toi, ne crois rien jusqu’à tant que tu en saches la vérité ; car alors tes conseillers jugeront plus hardiment selon la vérité pour toi ou contre toi. Si tu tiens rien qui soit à autrui, ou par toi, ou par tes devanciers, et que la chose soit certaine, rends-le sans tarder ; et si c’est chose douteuse, fais-en faire une enquête, par gens sages, promptement et diligemment.

Tu dois mettre ton attention à ce que tes gens et tes sujets vivent sous toi en paix et en droiture. Surtout garde les bonnes villes et les coutumes de ton royaume dans l’état et dans la franchise où tes devanciers les ont gardées ; et s’il y a quelque chose à amender, amende-le et redresse-le, et tiens-les en faveur et amour ; car, à cause de la force et des richesses des grandes villes, tes sujets et les étrangers redouteront de rien faire contre toi, spécialement tes pairs et tes barons.

Honore et aime toutes les personnes de la sainte Eglise, et prends garde qu’on ne leur enlève ni diminue les dons et les aumônes que tes devanciers leur ont donnés. On raconte du roi Philippe, mon aïeul, qu’une fois un de ses conseillers lui dit que ceux de la sainte Eglise lui faisaient beaucoup de torts et d’excès, en ce qu’ils lui enlevaient ses droits et diminuaient ses justices ; et c’était bien grande merveille qu’il le souffrit. Et le bon roi répondit qu’il le croyait bien ; mais il considérait les bontés et les courtoisies que Dieu lui avait faites ; alors il aimait mieux laisser aller de son droit que d’avoir contestation avec les gens de la sainte Église.
 

 

A ton père et à ta mère porte honneur et respect, et garde leurs commandements.

Donne les bénéfices de la sainte Église à des personnes de bien et de vie nette; et faites-le par le conseil de prud’hommes et d’honnêtes gens.

Garde-toi d’entreprendre la guerre sans grande délibération contre un prince chrétien ; et s’il te le faut faire, alors garde la sainte Église et ceux qui ne t’ont fait aucun tort. Si des guerres et des contentions s’élèvent entre tes sujets, apaise-les au plus tôt que tu pourras.

Sois soigneux d’avoir de bons prévôts et de bons baillis, et enquiers-toi souvent d’eux, de ceux de ton hôtel, comme ils se maintiennent, et s’il y a en eux aucun vice de trop grande convoitise, ou de fausseté, ou de tromperie. Travaille à ôter de ton royaume tout vilain péché ; spécialement fais tomber de tout ton pouvoir les vilains serments et l’hérésie.
Prends garde que les dépenses de ton hôtel soient raisonnables.

Et enfin, très doux fils, fais chanter des messes pour mon âme et dire des oraisons par tout ton royaume; et octroie-moi une part spéciale et entière en tout le bien que tu feras.

Beau cher fils, je te donne toutes les bénédictions qu’un bon père peut donner à son fils. Et que la bénite Trinité et tous les saints te gardent et défendent de tous les maux ; et que Dieu te donne la grâce de faire toujours Sa volonté, de sorte qu’Il soit honoré par toi, et que toi et moi nous puissions, après cette vie mortelle, être ensemble avec Lui, et Le louer sans fin. Ainsi soit-il.

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