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“Au nom de l’Humanité”, que fait la France, Monsieur le Président ?

enfants chrétiens irak

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Erwan Le Morhedec - publié le 07/08/14
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Le blogueur chrétien Koz vient de publier une lettre ouverte à François Hollande, face au silence et à l'inaction de la France à l'égard des chrétiens d'Irak.

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Monsieur le Président,

Il est 10h30 à Mossoul quand je commence ces lignes. Toute la plaine de Ninive est tombée dans la nuit. Les habitants des villes de Qaraqosh, Karamless, Bartla, Tell Keff, Ba’shiqa sont sur les routes, la plupart sont à pied. Le soleil est  levé depuis cinq heures. Il sera à son apogée quand j’aurai fini de vous écrire. Il fera 42°C aujourd’hui. Ils sont sans eau, ni nourriture. Combien vont mourir aujourd’hui, Monsieur le Président ? Que vont devenir les vieillards, les enfants, les femmes enceintes jetées sur les routes ? Imaginez un instant une femme enceinte de six mois à pied dans le désert par 42°C ? Un enfant de cinq ans…

Les chrétiens d’Irak sont en fuite aujourd’hui. Hier et avant-hier, une autre minorité d’Irak, les Yezidis, a connu le même sort. Regardez, Monsieur le Président, cette députée Yezidi en larmes, interpellant "au nom de l’Humanité"  le parlement irakien. 70 enfants Yezidis sont déjà morts de faim et de soif, 30 personnes âgées, 500 hommes massacrés par l’Etat Islamique. Dans ces montagnes au sol dur, leurs corps sont juste cachés par quelques pierres. Combien, Monsieur le Président, vont encore mourir aujourd’hui, et demain, et après-demain avant une éventuelle réaction internationale ? Combien d’enfants yezidis et chrétiens subissent un calvaire en ce moment même ? Regardez ces visages d’innocents, rencontrés par nos évêques. Combien vont mourir ?

Pendant que vous troussez vos plus belles anaphores pour les tragédies d’hier, Monsieur le Président, un crime contre l’humanité actuel ne recueille que votre silence ! Pas une intervention officielle de votre part, pas une déclaration publique ! Vous avez trouvé le temps pour soigner votre communication par des interventions inutiles mais le sort des chrétiens d’Irak et des autres minorités ne vous a arraché que quelques mots protocolaires dans un entretien avec le nouveau président Irakien, vite brandis comme le gage misérable de votre conscience du sujet. Le Quai d’Orsay a bricolé dans la hâte une rencontre, sous la pression du voyage de nos évêques, avec des interlocuteurs parfois discutables.  Hier encore, il émettait un autre communiqué. Il faudrait que nous nous réjouissions que la France ne soit pas inactive parce qu’elle « souhaite que la communauté internationale se mobilise » !

Pourquoi votre silence ?! Sur le parvis de Notre Dame, les familles des chrétiens d’Orient criaient : « Où es-tu, pays des droits de l’Homme ?!« . Imaginez leur douleur ce matin. Où sommes-nous, Monsieur le Président ?! Où est la France ? Où êtes-vous ?!

Nous ne voulons plus de communiqués, Monsieur le Président ! Plus de vœux ! Plus de souhaits ! Plus de « grave préoccupation » ! L’heure n’est pas à apaiser votre opinion publique, l’heure est à la responsabilité et à l’action. Immédiate.

Monsieur le Président, la tragédie de cette nuit n’arrive pas de nulle part. Vous étiez prévenu.

Cela fait des années qu’elle couve.

Cela fait huit semaines que Mossoul est tombée.

Cela fait trois semaines que l’ultimatum des Djihadistes contre les chrétiens de Mossoul est tombé.

Cela fait trois semaines, Monsieur le Président, que le Secrétaire Général des Nations Unies, a évoqué un crime contre l’humanité. Il fut un temps où le seul fait de prononcer ces mots exigeait une réaction ferme et immédiate. Trois semaines après, nous en sommes toujours à « souhaiter » une réaction. Combien de morts entre-temps ?! 

Monsieur le Président, vous n’êtes pas moins bien renseigné que moi. Cela fait trois semaines que, sur Twitter, suivant les comptes sur l’Irak, je vois passer les plus terribles témoignages des plus ignobles crimes de guerre. Ces images repassent devant mes yeux en vous écrivant : c’est un alignement de têtes sur le sol, c’est un djihadiste brandissant par les cheveux la tête ensanglantée d’un Chiite, c’est une grille et dix têtes empalées. C’est cet homme sur la berge d’un fleuve, rougie comme un abattoir. Un djihadiste lui tient les poignets, il écarte un peu la tête comme par crainte de la douleur, un autre homme lui tire une balle dans le crâne, on le précipite dans le fleuve. Le temps d’une vidéo, trois minutes, j’ai vu cinq de ces exécutions. 1700 prisonniers de guerre chiites assassinés, certains décapités, 500 hommes Yézidis abattus. Je ne tiens même pas le décompte. Monsieur le Président, j’ai les yeux grand ouverts sur cet autre monde, sur ce fleuve de sang. Monsieur le Président, en vous écrivant, j’en tremble de colère et d’impuissance. Et vous ? En tremblez-vous au moins un peu ?

Monsieur le Président, c’est un crime contre l’humanité qui est en cours. Vous semblez vous soucier davantage d’économie, mais pouvez échouer sur le chômage, vous pouvez échouer sur la croissance : ces échecs économiques seront oubliés. Mais tous les échecs ne seront rien, comparés à la responsabilité historique qui sera la vôtre si la France n’agit pas maintenant. Ils ne seront rien comparés à la honte qui accompagnera votre nom dans l’Histoire si vous laissez faire ce génocide. 

Il est midi, Monsieur le Président, le soleil est au plus haut. Quoique vous décidiez aujourd’hui, après huit semaines d’inaction, il est trop tard. Il fait 42°. Des enfants ont été jetés sans eau, à pied, dans le désert. 

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