“Vivre et laisser vivre, voilà le premier pas vers le bonheur et la paix.” Dans une nouvelle interview, accordée à la revue argentine Viva, le Souverain Pontife livre sa recette du bonheur en dix points.
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Le 27 juillet dernier, la revue dominicale argentine Viva du quotidien Clarin a publié une nouvelle interview du pape François, signée du journaliste Pablo Calvo. Lors d’une rencontre qui aura duré pas moins de 77 minutes à la résidence Sainte-Marthe, au milieu d’un groupe d’émigrés argentins en Suède, le 7 Juillet dernier, le Pape a notamment déclaré que le Prix Nobel de la Paix ne l’intéressait pas particulièrement, a exprimé ses préoccupations au sujet des guerres en cours, la protection de la nature et les dangers de ne pas profiter du temps libre pour les relations personnelles et familiales. Il a évoqué les jeunes et la nécessité de les aider à trouver un emploi décent.
Le décalogue du ’bien vivre’ selon le Pape François
-1- Vivre et laisser vivre, le premier pas vers le bonheur. « Vis et laisses vivre, voilà le premier pas vers la paix et le bonheur ». Dans la vidéo publiée sur le journal Clarín, le Pape explique que les Romains ont un dicton : « Allez et laissez les gens aller de l’avant ».
-2- Se donner aux autres, pour ne pas laisser le cœur s’endormir. « Quelqu’un qui s’arrête court le risque de devenir égoïste. Et l’eau stagnante est la première à se corrompre ».
-3- Se mouvoir avec humilité, lentement, au milieu des personnes et des situations. Le Pape emploie le terme « stagnant », repris d’un classique de la littérature argentine « Dans Don Segundo Sombra (roman de Ricardo Güiraldes), il y a un passage très beau, quelqu’un qui relit sa vie. Le héros raconte que, jeune, il était un torrent de montagne qui emportait tout sur son passage; adulte, il était un fleuve qui allait de l’avant; et devenu vieux, il se sentait en mouvement, avançait, mais lentement, en stagnant. J’utiliserais cette image du poète et romancier Ricardo Güiraldes, ce dernier adjectif, stagnant. La capacité à se mouvoir avec bienveillance et humilité, l’eau stagnante de la vie » a-t-il affirmé en tournant ses pensées vers les aînés qui « ont cette sagesse, ils sont la mémoire du peuple ».
-4- Préserver le temps libre comme « une saine culture du loisir». Le Pape exhorte à profiter de la lecture, de l’art et des jeux avec les enfants. « Le consumérisme nous a amené l’angoisse de perdre la saine culture du temps libre » fait-il observer. Aujourd’hui, je confesse peu, mais à Buenos Aires je confessais beaucoup et aux jeunes mères qui venaient, je demandais : « Combien d’enfants avez-vous? Jouez-vous avec vos enfants? » . Une question inattendue, mais je leur disais que jouer avec les enfants est essentiel, la clé d’une culture saine ». C’est difficile pour les parents qui vont travailler tôt et reviennent parfois quand les enfants sont endormis, mais il faut le faire ».
-5- Le dimanche est pour la famille. « L’autre jour, à Campobasso (Italie), je suis allé à une rencontre entre le monde de l’université et le monde du travail, tous réclamaient le dimanche chômé. Le dimanche, c’est pour la famille ».
-6- Aider les jeunes à trouver un emploi décent. « Il faut se montrer créatifs avec cette frange de la population. Faute d’opportunités, ils peuvent tomber dans la drogue. Et le taux de suicide est très élevé chez les jeunes sans travail. L’autre jour, j’ai lu, mais il ne s’agit pas d’une donnée scientifique, qu’il y aurait 75 millions de jeunes de moins de 25 ans en chômage. Cela ne suffit pas de les nourrir: il faut inventer pour eux des cours d’une année pour être plombier, électricien, couturier. La dignité permet de ramener du pain à la maison ».
-7- Prendre soin de la création, aimer la Nature. « Nous devons prendre soin de la création et nous ne le faisons pas. C’est un de nos plus grands défis ». Apparaît avec insistance la volonté du Pape de transmettre la valeur de l’écologie, probablement le thème de sa prochaine encyclique.
-8- Oublier rapidement le mal qui affecte la vie. « Le besoin de dire du mal de l’autre trahit une faible estime de soi. Cela veut dire que je me sens tellement mal que, au lieu de me relever, j’abaisse l’autre. Il est sain d’oublier rapidement le négatif ».
-9- Respecter la pensée de l’autre, sans prosélytisme religieux. “ On peut troubler l’autre par le témoignage, afin que les deux progressent ans ce dialogue. Mais la pire chose est le prosélytisme religieux, qui paralyse: « Je dialogue avec toi pour te convaincre », non. Chacun dialogue depuis son identité. L’Église croît par l’attraction, non par le prosélytisme ».
-10- Rechercher la paix est un engagement. Le dernier conseil du Pape est de tout faire pour rechercher la paix face aux conflits armés qui affectent plusieurs régions du monde. « Nous vivons dans une époque où les guerres sont nombreuses. En Afrique, elles semblent des guerres tribales, mais sont quelque chose de plus. La guerre détruit. Et l’appel à la paix doit être crié. La paix évoque parfois le calme, mais la paix n’est jamais la quiétude, c’est toujours une paix active ».
Le Saint-Père a enfin affirmé que sa nomination pour le Prix Nobel de la paix n’est pas à l’ordre du jour, tout en confirmant que « tout le monde doit être engagé dans la question de la paix ». Et d’ajouter à propos du prix : « Je vous dis la vérité. Je n’ai jamais accepté de doctorats et tous ces prix qu’on vous offre, sans pour autant les mépriser. Je n’y pense jamais, et encore moins (il rit) vais-je penser à ce que je ferai avec tout cet argent, en toute franchise ».