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Vers Compostelle, en la fête de saint Jacques le Majeur

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Pour honorer son saint patron que l’Eglise célèbre aujourd’hui, Jacques Gauthier nous propose cette brève réflexion sur le pèlerinage pédestre dont Compostelle reste la figure emblématique.

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(Légende photo : pélerins sur le “Camino”)

Du blogue de Jacques Gauthier

Au début, c’est un désir, un élan, un appel mystérieux à « faire » Compostelle, qui signifie « champ des étoiles ». Puis, ça devient un rêve assez puissant qui met tout l’être en route. Enfin, le rêve est vraiment en marche quand arrive le fameux premier pas sur l’un des chemins français, – Tours, Vézelay, Puy-en-Velay, Arles – ou sur le chemin espagnol, ces chemins menant tous à Santiago de Compostela.
Des dizaines de milliers de pèlerins empruntent chaque année le mythique Camino, ce chemin millénaire où le corps est un allié précieux, surtout les pieds. L’aspect physique côtoie le spirituel. C’est devenu très « tendance » de marcher sur ce chemin initiatique qui illustre bien que la vie est un pèlerinage et la mort un passage. La marche en signifie les différentes étapes de joie et de douleur, mais aussi de gloire pour le chrétien, puisque la mort a été vaincue par la résurrection du Christ qui se présente comme « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6).
Compostelle rayonne partout dans le monde. Par exemple, pour les Québécois qui désirent vivre le pèlerinage de Compostelle, il y a Association québécoise des pèlerins et amis du Chemin de Saint-Jacques. Elle est présente dans les grandes régions du Québec et elle organise des activités diverses comme des marches, des rencontres, des mini-pèlerinages. On y écrit ceci sur leur site Web : « Les Chemins de Saint-Jacques sont empruntés par des pèlerins depuis plus de 1000 ans. Les motifs incitant quelqu’un à entreprendre ce pèlerinage peuvent être humains, religieux ou spirituels. Du Québec à Compostelle n’est pas une association religieuse. Elle cherche à aider les pèlerins, quelles que soient leurs motivations, à mieux se préparer physiquement, mentalement et spirituellement à réussir leur entreprise ».

Des mini-Compostelles
Tous n’ont pas l’occasion ou le temps de fouler les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. D’ailleurs, la moyenne d’âge des pèlerins est surtout entre 50 et 70 ans, donc plusieurs sont à la retraite. Il y a au Canada des minis-compostelles, comme celui du Sanctuaire des Martyrs Canadiens à Midland en Ontario. Celui de la Gaspésie, du Saguenay. On part toujours à pied pour se rendre vers un lieu sacré, une église, un sanctuaire. Il y a surtout au Québec le Chemin des Sanctuaires, d’une longueur de plus de 820 km. Il relie entre eux plusieurs grands sanctuaires comme l’Oratoire Saint-Joseph, Notre-Dame du Cap-de-la-Madeleine et Sainte-Anne-de-Beaupré. Il y a des chemins pour différentes régions, dont le Chemin des Outaouais.
Tout commence par les pieds, puis progressivement on passe de la tête au cœur. Sac à dos et chaussures  de marche, chacun est appelé à vivre le moment présent dans un grand dépouillement. Comme disait Jésus : « Chaque jour suffit sa peine ». Certains partent en groupe, mais on marche souvent seul, un jour à la fois. Au début, le rythme est rapide, mais au fll des jours, on ralentit pour contempler la nature, écouter son cœur, partager avec d’autres pèlerins, goûter la paix.

Partir pour mieux vivre
Les raisons pour vivre un pèlerinage à pied varient selon les gens. C’est un dépassement, un défi, une rupture avec le quotidien, une expérience spirituelle. Plusieurs affirment qu’ils ne sont plus les mêmes après ce voyage qui est surtout intérieur. La route a fait son chemin en eux et leur a donné une direction. D’ailleurs, elle laisse des traces, si ce n’est par les nombreux écrits de ces pèlerins qui ont troqué le bâton pour la plume.
Un de ces carnets de route a attiré mon attention par son authenticité et son humour, sa simplicité et sa profondeur. Il s’agit de Compostelle (Presses de la Renaissance, 2010) du journaliste Luc Adrian, qui avait déjà écrit un récit plein de verve sur son parcours de Sainte-Anne d’Auray à Lourdes :
Foi dite en passant.
Ici, un compagnon inattendu prend la plume pour guider le pèlerin sur le sentier de l’humilité : Rikiki Gnomon, le petit orteil de Luc Adrian. Rikiki lui enseigne que l’amour est le seul bagage qui vaille, que le vrai sanctuaire est le cœur et que la route sacrée qui mène à Dieu est l’être humain. Pas besoin de partir en pèlerinage pour vivre cela, le réel quotidien s’en occupe. Partir peut être ainsi une fuite du « vrai de la vie », comme disait Thérèse de Lisieux. Mais on ne quitte jamais tout à fait son cœur. « Tout est grâce ».

Bref, on ne fait pas le chemin, c’est le chemin qui nous fait. En marchant, le corps se pacifie, l’esprit se vide, le cœur se dépouille, le visage se défait de ses masques. On accueille et on se laisse accueillir, on se recueille et Dieu nous recueille. “Il suffit d’être”, écrivait Patrice de La Tour du Pin dans son hymne En toute vie le silence dit Dieu.

Pour aller plus loin, voir certains mots de mon Petit dictionnaire de Dieu.

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