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Opinion. 14 juillet, une présidence à la dérive

Hollande 140714

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Judikael Hirel - publié le 14/07/14
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Que retenir de la longue interview présidentielle du 14 juillet ? Quasiment rien, et c’est bien là le problème.

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Mais pourquoi donc donner une grande interview si c’est pour ne quasiment rien annoncer ? Hélas, il faut être sincère, malgré quelques vélléités de poser de vrais questions de la part de ses deux intervieweurs, le Président de la République n’a pas dit grand chose en ce 14 juillet qui mérite d’être commenté… au grand dam des commentateurs !

Dans un décor tout en dorures, entre sa coiffure et ses nouvelles lunettes, François Hollande avait en fait de faux airs de Jacques Chirac des années 70. Interrogé sur son (mauvais) bilan au bout de deux ans de mandat, il n’a pu que déclarer avoir "fait depuis deux ans ce que je pensais être mon devoir et l’intérêt de la France. "Avec 5,2 millions de chômeurs au sens large du terme, rien de ce que vous avez fait n’a marché", a souligné David Pujadas. "Nous n’allons pas attendre, nous n’avons pas tout essayé. Un jeune sur quatre est au chômage, un million de personnes sont au chômage depuis plus de deux ans", a affirmé en retour le Président, tel un spectateur de son propre échec. Alors que plus aucun ministère ne leur est dédié, il a toutefois annoncé un objectif de 500 000 apprentis à l’horizon 2017. Mais quand Gilles Bouleau lui a demandé "pourquoi la France ne fait-elle pas ce qui marche ailleurs contre le chômage ?", aucune réponse n’est venue. Seule annonce forte : une promesse de baisse d’impôts sur les revenus pour des centaines de milliers de Français.

Certes, les éléments de langage visaient à restaurer la confiance rompue entre le locataire de l’Elysée et les Français : "pas une minute ne sera perdue pour la réforme", "sur le chômage de longue durée, nous allons agir dès le mois de septembre…" Les mots surprennent plus quand le président Hollande affirme "je sais ce que c’est d’être au chômage, je sais ce que c’est d’être jeune." Le cas de l’ancien premier ministre est quant à lui réglé en trois noms : "Si j’ai choisi M.Valls, c’est parce qu’il met de l’efficacité, de l’organisation et de la rapidité." Son prédécesseur appréciera ; aurait-il donc diamétralement symbolisé l’inverse ?

Au final, cette interview laisse une inquiétante impression de vide et de décalage temporel, entre une apparente absence de prise de conscience de l’échec, et un temps qui semble s’écouler à une vitesse bien différente, que l’on vive sous les ors de la République ou que l’on soit chômeur de longue durée. Entre prendre son temps et accélérer, impossible de vraiment saisir à quel rythme et comment le Président de la République compte prendre des décisions à même de contribuer à redresser le pays. Il fait penser au héros maudit du roman "La dérive" de Roger Vercel, dans lequel un marin, après avoir dérivé seul au large des jours durant, perd pied et pousuit cette fois à terre une dérive psychologique qui le mènera à sa perte.

Pour autant, alors que le Président a nié avoir dit surveiller son prédécesseur, ainsi que d’être intervenu dans le cours de la justice, son lapsus au sujet des poursuites entamées contre Nicolas Sarkozy est des plus éloquents, quand il parle de "prisonnier innocent" en lieu et place d’un "présumé innocent". François Hollande a par ailleurs, vers la fin de son intervention, réaffirmé sa volonté de réformer jusqu’au dernier jour de son mandat, et notamment d’ouvrir le droit de vote aux immigrés extra-communautaires, bien que ne disposant sans doute pas d’une majorité pour voter un tel texte. Mais, même si le sujet n’a pas été évoqué durant cette interview du 14 juillet, c’est surtout l’introduction de la proportionnelle aux prochaines législatives qui permettra sans doute à François Hollande d’empêcher l’actuelle opposition de reconquérir l’Assemblée Nationale, en y faisant entrer, comme jadis un autre François avant lui, bon nombre de députés Front National. Après tout, selon des propos récemment rapportés par Le Figaro, le président de la République aurait reçu deux visiteurs avant les européennes et leur aurait confié ses pronostics pour 2017: "Marine Le Pen arrivera en tête au premier tour et je serai deuxième. Je serai donc réélu." Mais à quel prix, et pour gouverner un Etat dans quel état ?

 

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