C’est la menace qui pèse sur la chapelle de l’hôpital général de Dijon, un joyau du patrimoine religieux. L’archevêque de Dijon, Mgr Minnerath, s’insurge.
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C’est l’actualité qui fait débat en ce moment à Dijon. D’ici la fin de l’année 2014, l’hôpital général de la ville cessera toute activité médicale, dans le cadre du projet de Cité gastronomique de la ville de Dijon. Projet qui risque de transformer sa grande chapelle en un lieu de commerce de vins.
Le 8 juillet dernier, Mgr Roland Minnerath, évêque du diocèse de Dijon s’est rendu à la chapelle de l’hôpital général du Saint-Esprit, dont le sort préoccupe beaucoup de Dijonnais. « Menacé de devenir une vinothèque », rapporte-t-il dans un communiqué, en déplorant que ce lieu devienne par la même occasion « un lieu de vin dans le cadre de la future cité de la gastronomie ».
« Mgr Minnerath a parfaitement raison de s’insurger. D’une manière générale, c’est la bonne attitude pour un évêque de s’engager sur ce genre de projets parce que c’est sa personnalité qui peut faire évoluer les dossiers positivement. Si l’évêque ne se bat pas, personne ne le suivra (…) » confie à Famille Chrétienne, Maxime Cumunel, délégué général de l’Observatoire du patrimoine religieux.
Ce projet de cité de la gastronomie, dans l’enceinte de l’hôpital du Saint-Esprit, entre le quartier du Canal et la rue Monge, a vocation à devenir un pôle touristique important pour la ville. Il serait à même d’attirer des centaines de milliers de touristes dans une ville de vin et de gastronomie. Sauf que l’ensemble inclut la grande chapelle de l’hôpital où des générations de Bourguignons ont été baptisés, ou enterrés : « La chapelle a toujours servi comme lieu de culte. La messe y est encore célébrée chaque semaine, non seulement pour les derniers malades de l’hôpital », écrit Mgr Minnerath, indiquant que « les derniers malades » et « les fidèles des paroisses environnantes » continuent de fréquenter le lieu.
Cette chapelle a été construite sur les lieux d’une salle des malades au XVIème siècle. « Des milliers de Dijonnais y ont prié pour leurs malades et pleuré leurs morts. Beaucoup y ont été baptisés », rappelle l’évêque qui ne peut se résoudre à « la perspective de banaliser sans concertation ce lieu en local commercial ». Un geste, dit-il dans son communiqué, ressenti par beaucoup comme « une provocation ». Il dit avoir proposé aux autorités municipales « d’autres lieux » pour « développer une activité commerciale ». Mais aucun « écho favorable » ne lui est parvenu pour le moment.
Pour Maxime Cumunel, de l’Observatoire du patrimoine religieux, se battre pour le devenir de cette chapelle, comme le fait Mgr Minnerath, constitue « un enjeu majeur et emblématique ». « Il faut bien comprendre, ajoute-t-il, que ces chapelles étaient évidemment des chapelles d’hôpitaux au sens actuel du terme, mais aussi des chapelles ouvertes sur la rue. C’est-à-dire ouvertes à tous ; des chapelles où avaient lieu des baptêmes, des mariages, des funérailles. Des chapelles où des personnes sont enterrées. On ne peut pas les traiter comme des bâtiments ordinaires ».
Il faut donc leur trouver où un usage cultuel alternatif ou au moins « tenter de conserver cette chapelle, avec une vocation conforme à celle d’origine », estime le spécialiste. Il rappelle que « cette vocation est premièrement universelle, puisque c’est le fond de l’Église, à savoir être accessible à tous et gratuitement. Et à défaut d’avoir une dimension cultuelle, qu’elle ait au moine une vocation intellectuelle, afin qu’elle soit valorisée et que les gens puissent l’identifier comme leur patrimoine, et non pas une boutique que l’on peut trouver n’importe où ».
Pour en savoir plus : http://www.patrimoine-religieux.fr/rubriques/gauche/liens/reportages-analyses/la-chapelle-de-l2019hopital-general-de-dijon-une-future-vinotheque