Une révélation, et une équipe qui prie ensemble : voici le beau témoignage de Keylor Navas, le gardien de but du Costa Rica.
Au sein du “groupe de la mort”, c’est probablement la sélection la plus admirée de toutes celles qui disputent la Coupe du Monde. Le comportement exemplaire du Costa Rica, capable de surprendre tous les spécialistes de la planète en arrivant en huitièmes de finale, invaincu contre trois champions du monde, Italie, Angleterre et Uruguay, est sans précédent dans l’histoire de la compétition.
D’une lectrice d’Aleteia : "J’aimerais que vous fassiez un article sur l’humilité dont a témoigné l’équipe du Costa Rica. Je ne suis pas de ce pays, mais j’ai regardé leur jeu et j’ai été frappée de voir l’équipe s’agenouiller et prier au moment des pénalties…Chaque joueur se signait quand il devait taper dans le ballon. La présence de Dieu, la foi, l’espérance et l’humilité ont joué un rôle capital."
Mais la star de l’équipe est son gardien de but Keyton Navas qui, dans la série des pénalties, a réalisé un grand étirement et, par pur réflexe, détourné la trajectoire du ballon qui apparemment allait marquer un but, donnant la victoire au Costa Rica.
Evènement historique, puisque c’est la première fois que ce petit pays accède aux quarts de finale d’un Mondial, passant en outre dans le « groupe de la mort ». Et, comme il le dit lui-même, c’est que, avant chaque match, « je parle avec Dieu et lui demande de m’aider. Je lui dis que tout ce que je vais faire au cours du jeu est pour sa gloire. Je lui demande de me mettre un ange de chaque côté, à chaque poteau, et qu’il soit derrière moi pour que tout se passe bien ». Sur son compte Twitter, Keylor a mis une photo du penalty arrêté avec ce texte : « Arrêté pour Dieu, ma famille, les coéquipiers, pour tout le Costa Rica ».
Les statistiques confirment que Keylor Navas est le meilleur gardien de but actuel de la Ligue BBVA, et ses prodigieux arrêts créent la surprise au Mondial du Brésil où il joue avec la sélection de son pays. Le gardien de but perçoit un des salaires les plus bas de l’équipe (300 000 euros bruts) et sa clause résolutoire, ou clause de résiliation, se monte jusqu’à 10 millions, même si 20% d’un transfert hypothétique revient au footballeur. En outre, Keylor cessera de détenir une licence de joueur extra- communautaire car il va obtenir la double nationalité d’ici quelques mois. Mais Keylor Navas n’est pas n’importe quel gardien de but.
C’est un gardien de but du Christ
Avant chaque match, le gardien de but du Levant et de la sélection de Costa Rica s’agenouille sur la ligne de but, entre les poteaux, ouvre les bras et prie Dieu, le regard vers l’infini : « Je le fais et le ferai, même si des gens m’insultent, me demandent où je vais, me disent que je suis un connard parce que Dieu n’existe pas », explique-t-il, à la fois poli et très ferme. Face aux sceptiques et aux critiques les plus âpres, Navas s’appuie la Bible, son livre de chevet: « Galates 1-10 est mon passage favori … « est-ce la faveur des hommes, ou celle de Dieu que je veux gagner ? Est-ce que je cherche à plaire à des hommes? Si je voulais plaire à des hommes, je ne serais plus le serviteur du Christ », récite-t-il de mémoire, conscient que le rituel qu’il accomplit chaque jour et sa fiabilité comme gardien de but ont fait de lui un des gardiens de but les plus respectés dans le monde.
Voici l’interview de Keylor Navas réalisée par le journal Levante El Mercantil Valenciano (ou Levante-EMV) :
Vous faites fréquemment allusion à deux piliers : les convictions religieuses et la famille.
Keylor Navas : Pour moi, Dieu vient en premier, puis ma famille. C’est ma manière de vivre, ma manière de voir les choses. Ainsi je peux vivre heureux.
Que vous apporte la spiritualité ?
K. N. : Dieu est tout pour moi. Il m’a donné la santé et un formidable travail que je dois mettre à profit. Je ne vais pas rester assis dans mon fauteuil chez moi, et attendre en me tournant les pouces que tout vienne, je sais que je dois travailler dur. Souvent nous ne réalisons pas que le simple fait d’être en bonne santé est quelque chose d’impressionnant. Habituellement, nous l’avons, et nous ne lui accordons pas la valeur requise. Je suis très heureux d’être en bonne santé.
Quand vous vous mettez à genoux avant les matchs, à quoi pensez-vous, que priez-vous dans ce moment de solitude ?
K. N. : Je parle avec Dieu et lui demande de m’aider. Je lui dis que tout ce que je vais faire au cours du jeu est pour sa gloire. Je lui demande de me mettre un ange de chaque côté, à chaque poteau, et qu’il soit derrière moi pour que tout se passe bien. Il m’apporte la confiance, la tranquillité. Si je suis arrivé sur le terrain de foot, c’est qu’Il l’a voulu et j’en profite au maximum. Vous avez un passage de la Bible que vous préférez. Galates 1:10, qui dit « Est-ce que je cherche à plaire…» (Il interrompt) «… à des hommes, ou à Dieu ? Si je voulais encore plaire à des hommes, je ne serais plus le serviteur du Christ».
Que signifie-t-il pour vous? Comment l’appliquez-vous dans la vie?
K. N. : On peut se moquer de quelqu’un parce qu’il croit en Dieu. Souvent dans les stades, lorsque je m’agenouille, beaucoup de gens m’insultent. Si ce que les gens disent de moi m’importait, je n’évoquerais plus ce passage de la Bible. J’ai une foi forte dans ma manière de vivre, et je ne crois pas faire du tort à personne. Je respecte la façon de vivre de tout le monde. Ce que Dieu me dit est ce qui m’importe et ce passage a changé ma vie, avant de Le rencontrer et d’entretenir une relation avec lui. Peu importe ce que pensent les gens si je change ma vie et envisage une nouvelle façon de voir les choses. En revanche, ce passage de la Bible m’a donné la foi.
Selon vous, dans l’actuel contexte de crise économique et de valeurs, la société a besoin de davantage de spiritualité ?
K. N. : En Espagne ou dans n’importe quel autre pays, il y a des besoins. Si nous nous aidions tous, il y aurait moins de pauvreté. Au final, il y aura toujours un débat inefficace sur ceux qui ont plus ou moins matériellement. Je sais ce que c’est d’avoir peu ou très peu pour nourrir une famille. Et dans la rue, il y a beaucoup de cas inimaginables. L’aide ne doit pas être de l’argent, loin de là. Ce peut être le temps à donner, ou tant de choses qui peuvent aider. Nous avons des choses à la maison que nous n’utilisons pas, comme la poussette du bébé, que nous pouvons donner à une personne, et la voir sourire. Peut-être une petite chose pour nous, mais pas pour eux. Ce sont des actions qui nous aident à mettre en valeur la vie.
Pour vous qui avez ces convictions et les mettez en pratique, que pensez-vous de l’image que transmettent de nombreux joueurs, vous parait-elle éloignée de la vérité?
K. N. : Je ne peux pas juger ce que reflètent les grandes stars. Nous ne voyons que ce que montrent la télévision, le spectacle, les médias déforment beaucoup de choses… mais nous ne connaissons pas vraiment ces personnes, ni ce qu’ils font dans leur vie quotidienne, en tant que pères, frères, fils. Ce sont aussi des personnes très solidaires, mais personne ne le sait, ils n’ont pas besoin que l’on sache qu’ils aident, qu’ils le font avec cœur et non pour briller. Cette saison vous avez beaucoup de coreligionnaires musulmans. Comment se passe la cohabitation? Très bien. Chacun a ses convictions. Je pense que Dieu peut avoir des noms différents, mais Il est toujours le même (il rit). Chacun peut l’appeler comme Il veut. Je crois en Dieu, je ne discute aucune religion.
Quel effet cela vous fait-il d’être devenu un gardien de but à la mode ?
K. N. : J’aime avoir toujours un équilibre, rester équilibré. Il ne faut pas s’enfoncer dans le négatif, mais aller de l’avant. Dans les bons moments, il ne faut pas se glorifier. Il faut en profiter parce qu’on travaille dur pour faire les choses. Et c’est la grande révélation de l’équipe du Costa Rica: la foi en Dieu se met à briller dans les moments difficiles de la vie des personnes. La FIFA a fait une tentative pour éliminer les manifestations religieuses des joueurs; et on voit bien que c’est inutile car la spontanéité des joueurs les pousse à manifester leur foi en Dieu devant des millions de spectateurs.