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Migrants : L’Italie reste seule face à leur hécatombe en mer

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 02/07/14
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Encore 45 cadavres découverts au fond d’une cale et 75 migrants portés disparus dans un nouveau naufrage dans le canal de Sicile.

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Des dizaines de cadavres entassés dans une cale frigorifique, apparemment coincés – ou enfermés – par des passeurs sans scrupules, à bord d’un bateau surchargé de migrants secourus  par la marine italienne au large des côtes de la Sicile. Les images se répètent : le bateau est remorqué vers la terre ferme pour évacuer les survivants et commencer le macabre décompte des corps sans vie, dans les pleurs et el désespoir des rescapés traumatisés par les conditions de leur traversée.
 
Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, ce sont 45 corps sans vie qui ont été découverts à l’arrivée d’un bateau dans le port sicilien de Pozzallo. Des corps d’hommes en provenance d’Afrique centrale, tous morts pas asphyxie en raison du manque d’espace, révèlent les premiers éléments de l’enquête ouverte par la police italienne. Les scènes rapportées par les rescapés sont terrifiantes : certaines victimes auraient été enfermées dans une cale frigorifique où est stocké normalement le poisson sur les bateaux de pêche, et n’ont pu être sauvés par leurs amis ou proches, bloqués par les trafiquants qui refusaient d’ouvrir la porte.
 
« On ne meurt pas seulement à cause des tempêtes et des mauvaises conditions climatiques mais à cause de passeurs sans scrupules qui entassent des centaines de personnes sur des embarcations de plus en plus délabrées, contraintes de débourser des sommes considérables pour échapper aux guerres, persécutions, ou à la pauvreté qui affligent leurs pays »,   a aussitôt réagi le père Giovanni La Manna, le président du Centre Astalli à Rome.
 
Ce nouveau sauvetage dramatique s’inscrit dans le cadre de l’opération « Mare Nostrum » lancé par l’Italie en 2013 après deux terribles naufrage  aux larges de Lampedusa et non loin de Malte, faisant  près de 400 morts au total. Le 14 juin, 10 migrants s’étaient noyés dans le naufrage de leur canot pneumatique à seulement 70 km des côtes libyennes. Au cours du week-end passé, la marine a annoncé être venue au secours de 1 654 migrants et réfugiés répartis sur 7 embarcations, bateaux de pêche et canots de fortune, rapporte l’Ansa, l’agence de presse italienne.
 
Mais on apprend ce mercredi 2 juillet qu’environ 75 personnes sont portées disparues après un nouveau naufrage survenu ces jours-ci, toujours dans le Canal de Sicile. Le Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) en Italie, parle de 27 survivants qui ont été conduits dans le port sicilien de Catane.
 
Depuis le début de l’année, selon les autorités, plus de 60 000 migrants et réfugiés fuyant les guerres et à la recherche d’une vie meilleure ont débarqué dans le sud de l’Italie. Le record de 2011, où le nombre de migrants avait atteint les 63 000 personnes en raison des "printemps arabes", devrait être dépassé. L’été ne faisant que commencer, le beau temps pourrait inciter des dizaines de milliers d’autres réfugiés à tenter la traversée, prédisent certains experts.
 
Le centre Astalli, dirigé par les Jésuites, presse l’Europe d’intervenir, réaffirmant l’urgence de créer des couloirs humanitaires sûrs pour les demandeurs d’asile. Dans un communiqué, paru au lendemain de cette nouvelle tragédie, le centre critique la passivité des institutions de Bruxelles et appelle à trouver d’autres solutions pour protéger les victimes innocentes des guerres et des persécutions. « Si l’Union européenne ne trouve pas une réponse efficace à cette tragédie dans les plus brefs délais, avertit le père La Manna, cela voudra dire qu’elle n’est plus qu’une assemblée d’Etats incapables d’avoir une vision commune au-delà de leurs frontières, que son seul souci est de protéger ses intérêts nationaux, et qu’elle a renoncé aux valeurs qui sont à l’origine de sa création ».
 

 
Dimanche prochain, 6 juillet, le cardinal Antonio Maria Vegliò, Président du Conseil pour la pastorale des Migrants et des personnes en déplacement, présidera une messe à Lampedusa, en souvenir de la visite du pape François sur l’ile, le 8 juillet 2013, et pour honorer la mémoire des milliers de migrants morts en mer.

« Un seul mot me vient à l’esprit : le mot honte ! Il n’y a pas d’autres mots pour définir cette nouvelle tragédie ! » s’était insurgé le Pape en apprenant la mort de centaines de migrants au large de Lampedusa », en octobre 2013. Sur l’ile, il avait dénoncé la « mondialisation de l’indifférence » face au drame de l’immigration clandestine et appelé l’Europe à unir ses forces pour qu’une telle tragédie ne se répète plus (cf. Aleteia).
 
Un an plus tard, l’Italie reste  submergée par le flot dimmigrés et  avec ce terrible sentiment d’être toujours livrée à elle-même. Elle a obtenu un renforcement de Frontex, l’agence de surveillance des frontières européennes, et des aides supplémentaires pour gérer l’afflux de migrants. Mais elle attend de l’Union européenne une plus grande solidarité dans l’effort d’accueil des immigrés. Le ministre italien de l’Intérieur, Angelino Alfano, a demandé en marge d’un sommet G6 à Barcelone que Mare Nostrum « devienne une opération européenne » dont Bruxelles prendrait la direction.
 

 

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