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OPINION. À la recherche de la «bonne mort»

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Guillaume de Prémare - Radio Espérance - publié le 27/06/14
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Dans sa dernière chronique sur l’antenne de radio Espérance, Guillaume de Prémare revient sur le sens de l’expression “bonne mort”.

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Jadis, on priait pour demander une « bonne mort ». Certains le font encore. Une « bonne mort », c’est une mort en paix avec Dieu, « muni des sacrements de l’Eglise », comme on l’écrit encore parfois sur les avis de décès. C’est aussi une mort que l’on a pu préparer intérieurement, par exemple en ayant fait le bilan de sa vie, en ayant soldé ses conflits avec ses proches. C’est encore une mort sans trop de douleurs ni pénibles longueurs, évidemment.

Il y a un sens commun de la « bonne mort » qui épouse la mentalité et la culture d’une époque et d’un lieu. Notre société et notre époque sont, comme leurs devancières, à la recherche de la « bonne mort ». En Grec, « euthanasie » signifie précisément « bonne mort ». Et notre siècle a donné au mot « euthanasie » le sens exclusif de l’administration volontaire de la mort.
Cela dit beaucoup de notre culture de la « bonne mort ». La mort sans trop  de douleurs ni pénibles longueurs n’est plus un aspect parmi d’autres de la « bonne mort », elle en est le centre. Notre culture devient euthanasique.
Je lis sous la plume de Fabrice Hadjaj une réflexion intéressante : « Notre condition est tragique, mais on veut la réduire à un problème technique, soluble d’un seul clic. »  Notre civilisation technique exprime en effet une sorte de refus de la condition humaine, conjugué à la volonté farouche de résoudre d’abord – voire exclusivement – par la technique les affres de cette condition humaine.
La civilisation technique maîtrise à merveilles la science de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, mais ne parvient pas à penser le champ insondable de l’infiniment mystérieux. Sa recherche de la « bonne mort » se trouve ainsi gravement faussée.

Nous savons ce qui se produit avec l’euthanasie : un poids qui pèse sur les petits vieux et les malades incurables ; cette pression plus ou moins consciente sur l’indigent de bien vouloir demander la fin pour épargner ses proches.
Ainsi, la culture euthanasique, une fois bien imprégnée dans les mentalités et les mœurs, produit l’inverse de la « bonne mort ». Cette réalité n’est pas entendue parce que, d’une certaine manière, cela arrange notre mentalité moderne que le docteur Bonnemaison ait administré volontairement la mort. Son acquittement soulage la conscience collective au cœur d’un non-dit colossal.

Désirer que l’agonie ne s’éternise pas, c’est normal. Nos enterrements sont peuplés de sentiments légitimes qui expriment ce soulagement mêlé de tristesse : « Il était temps que ça s’arrête » ; « Dieu merci, une longue agonie lui a été épargnée » etc.
Ce qui n’est pas légitime, en revanche, c’est ce passage à l’acte volontaire. La répétition et l’institutionnalisation de cet acte ouvrent à une culture euthanasique qui fait de la « bonne mort » un terrible chantage sur celui à qui ne reste humainement rien d’autre que la consolation de la relation avec ses proches et ses soignants. Non seulement l’euthanasie fausse cette relation, mais encore y introduit-elle un poison en quelque sorte plus mortel encore que l’injection finale.

Chronique diffusée sur l’antenne de Radio Espérance le 27 juin 2014

 

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