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Il y a des mets qui viennent de la table du Seigneur (vie, amour, éternité…) et d’autres de la table de l’esclavage (argent, succès, vanité, pouvoir…). Le tout est de savoir à quelle table, moi croyant, je veux manger !
Moïse, pendant 40 ans, a guidé le peuple d’Israël dans le désert vers la Terre promise, le faisant sortir d’Egypte et de sa condition d’esclave. « Un long chemin dans le désert, un temps de famine et de découragement, surmonté grâce à l’intervention de Dieu et à son infinie bonté ». Si les Ecritures en font mémoire, c’est pour que l’homme n’oublie pas qu’il « ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur » a rappelé le pape François devant des milliers de fidèles rassemblés le 19 juin sur le parvis de la basilique Saint-Jean-de-Latran, à l’occasion de la Fête-Dieu, ou fête du Corps et du Sang du Christ, son nom officiel.
La Fête-Dieu, ou encore fête du Saint-Sacrement, est célébrée en Italie le jeudi après le dimanche de la Sainte-Trinité (en France, le dimanche qui suit), c’est-à-dire 60 jours après Pâques. Elle célèbre la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie (cf. Aleteia) .
« Se laisser nourrir par le Seigneur et bâtir son existence non pas sur les biens matériels mais sur la réalité qui ne périt pas : les dons de Dieu, sa Parole et son Corps », c’est cela « vivre l’expérience de la foi », a expliqué le Souverain Pontifie dans son homélie. Et le chrétien est appelé à ne pas l’oublier. Car, comme le peuple élu, durant sa longue marche, qui « regrettait la viande et les oignons qu’ils mangeaient en Égypte à la table de l’esclavage », et une fois installé, courait « le risque d’oublier les tristes événements de son passé », lui aussi court le risque d’oublier et de se laisser tenter par cette abondance de « propositions de nourriture qui ne viennent pas du Seigneur et qui, apparemment, satisfont davantage » : l’argent, le succès, la vanité, le pouvoir et l’orgueil …
Il est impératif que le chrétien ne perde pas sa mémoire, ne la rende pas « prisonnière de sélections égoïstes et mondaines ». Il faut que cette mémoire soit vivante, qu’elle lui permette de « reconnaître le faux pain qui leurre et qui corrompt, a dit le Pape, parce que fruit de l’égoïsme, de la suffisance et du péché », et de s’asseoir à la table de mets, certes « peut-être pas aussi appétissants que certains plats que nous offre le monde », mais qui répondent à sa vraie faim : « …une faim profonde qui est dans l’homme » et qui ne peut être satisfaite par la nourriture ordinaire : « …une faim de vie, une faim d’amour, une faim d’éternité ».
Jésus nous donne cette nourriture dans l’Eucharistie : « … son Corps est la vraie nourriture sous les espèces du pain ; son Sang est la vraie boisson sous les espèces du vin. Ce n’est pas simplement un aliment avec lequel rassasier nos corps, comme la manne ; le Corps du Christ est le pain des derniers temps, capable de donner la vie, et la vie éternelle, parce que la substance de ce pain est l’amour», explique le pape, « un amour si grand qu’il nous nourrit de lui-même, un amour gratuit, toujours à la disposition de toute personne affamée et qui a besoin de refaire ses forces ».
Quelle meilleure occasion pour le Pape que celle de la fête du Saint-Sacrement pour un appeller à un nouvel examen de conscience : « Et moi ? Où est-ce que je veux manger ? À quelle table est-ce que je veux me nourrir ? À la table du Seigneur ? Ou bien, est-ce que je rêve de manger des mets délicieux, mais dans l’esclavage ? Chacun de nous peut se demander : Quelle est ma mémoire? Celle du Seigneur qui me sauve, ou celle de l’ail et des oignons de l’esclavage?
Et à un nouvel effort de mémoire : « De quelle mémoire est-ce que je rassasie mon âme ? », avant d’inviter les fidèles à se tourner vers Jésus avec confiance, Jésus réellement présent dans l’Eucharistie, qui « défend des tentations de la nourriture mondaine… une nourriture empoisonnée », pour lui demander de la purifier afin qu’elle soit « mémoire vivante » de sa présence tout au long de l’histoire de son peuple, mémoire qui se fait « mémorial » de son geste d’amour rédempteur.
Après la messe, le Pape n’a pas participé à la procession, partie vers la basilique de Saint Marie Majeure, tout au long de la Via Merulana. Il s’ est rendu directement à la basilique en voiture couverte, afin que l’attention des fidèles reste portée sur l’adoration du Saint-Sacrement.
Le Pape a attendu les fidèles à l’arrivée de la procession et donné à ce moment-là sa bénédiction.