Faraj Benoît Camurat, président de l’association Fraternité en Irak, a répondu aux questions des Cahiers Libres au sujet de la crise irakienne et de ses conséquences pour les chrétiens d’Orient.
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Quelle est actuellement la situation des chrétiens dans la région de Mossoul ?
Faraj Benoît Camurat : La plupart des chrétiens qui habitaient Mossoul, entre 1500 et 3000, ont quitté la ville tombée aux mains des djihadistes. Certains s’y trouvent encore. La plupart de ceux qui sont partis se sont réfugiés dans les villes chrétiennes alentour de la plaine de Ninive, tandis qu’une minorité a tenté de rejoindre Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan. La plaine de Ninive est un des berceaux du christianisme en Irak, le monastère de Mar Behnam, par exemple, remonte au 4ème siècle. Cette localité a été occupée par les djihadistes. La sécurité des chrétiens de la plaine de Ninive s’est améliorée à mesure que les forces kurdes se sont déployées. L’urgence est maintenant humanitaire pour tous les réfugiés de Mossoul : comment nourrir, loger et soigner 500 000 personnes qui se sont réparties dans la plaine de Ninive ? Actuellement les chrétiens de Qaraqosh, Al Qoqh, Karamless et Bartala aident sans distinction réfugiés chrétiens et musulmans. Aux check points qui mènent vers la région autonome du Kurdistan d’immenses camps se sont constitués, 1500 familles à Kalak et environ 6000 au nord de Tell Kef…
Quelles sont les solutions concrètes qui peuvent s’envisager pour les chrétiens d’Irak ?
F. B. C. : Concrètement, le fait que les forces kurdes protègent les villes chrétiennes de la plaine de Ninive est un soulagement. De son côté Fraternité en Irak s’efforce depuis quatre ans d’agir selon deux axes pour aider les minorités religieuses d’Irak : 1/ intervenir dans les situations de crise 2/ aider les minorités à jouer un rôle positif pour la majorité qui les entoure. Nous sommes convaincus que ce qui permettra aux chrétiens et aux autres minorités (yézidis, mandéens, chabak, kakaïs) de rester dans leur pays, c’est d’une part de vivre dans des conditions dignes et d’autre part, de jouer un rôle positif au service de la société irakienne.
Vous lancez l’opération Urgence à Ninive, quels sont vos objectifs ?
F. B. C. : Nous avons aujourd’hui le devoir d’intervenir dans le cadre de la crise humanitaire qui se déroule en ce moment par 40 degrés dans la plaine de Ninive. L’opération « Urgence à Ninive » vise à ce que la crise humanitaire ne se transforme pas en crise sanitaire, c’est pourquoi une tonne de médicaments d’urgence est sur le départ.
Sur place, l’hôpital de Qaraqosh, que nous avons déjà fourni en médicaments et que nous connaissons bien, va permettre de traiter une partie de cette population qui ne peut plus se faire soigner à Mossoul et ne peut pas encore rentrer à Erbil. D’ores et déjà cinq ambulances et des cliniques mobiles ont été déployées dans les deux principaux camps à Kalak et au nord de Tell Kef par les autorités kurdes afin de traiter les pathologies légères, il est d’une importance capitale que l’hôpital de Qaraqosh puisse être lui aussi approvisionné en médicaments.
Au delà de cette première livraison, nous espérons pouvoir mener deux autres phases d’envois avant la fin du mois de juillet. A chaque fois avec des médicaments de base et de la nourriture infantile. Pour cela nous avons besoin de vos dons afin d’acheter et d’acheminer ces médicaments très rapidement.
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