Une jeune enseignante de 23 ans vient d’être condamnée en appel à six mois de prison, pour tentative d’évangélisation et insulte envers l’islam.
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Le cauchemar de Demiana Abdelnour a débuté par son arrestation le 8 mai 2013, suite à la plainte de l’association de parents d’élèves de la Sheik Sultan Primary School, à Louxor. D’après l’avocat de la jeune femme- Abu Shanab- on l’accuse d’avoir expliqué à ses élèves d’école primaire que Chenouda III (ancien pape d’Alexandrie) était meilleur que le prophète Mohamed. L’avocat précise en outre que le directeur de l’école avait officiellement témoigné du fait qu’elle n’avait rien dit de tel.
En juin 2013, l’enseignante a été condamnée en première instance à verser la somme de 100 000 livres égyptiennes (environ 10 300 euros). Le procureur accusait Demiana d’avoir violé l’article 161 du code pénal, qui réprime la diffamation envers la religion. Or, l’article prévoit que la peine encourue ne peut excéder 500 livres égyptiennes, ce qui rendait de fait la décision de première instance totalement illégale.
Cette dernière avait interjeté appel en fin 2013, de même que l’accusation qui ,elle, requérait une peine de prison.
Le verdict de la Cour d’Appel de Louxor est tombé dimanche, et condamne cette fois la jeune enseignante à six mois de prison. Il lui reste toutefois encore une voie de recours. D’après le site de l’association Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR), l’école a mené une enquête interne après la plainte de plusieurs parents d’élèves à l’encontre de l’enseignante. De nombreux élèves ont été interrogés, et la plupart d’entre eux ont démenti les faits.
Pour sa part, Demiana affirme s’est contentée d’introduire une comparaison des religions à travers les siècles, du passé lointain jusqu’aux temps modernes, comme le prévoyait le programme scolaire. Le procureur avait ordonné son arrestation le 4 mai 2013, et elle n’a été entendue que quatre jours plus tard, délai durant lequel elle est restée en détention. Elle a été convoquée devant le juge le 11 mai, qui a ordonné à son tour une détention de 15 jours supplémentaires.
L’association, de même que l’Association for Freedom of Thought and Expression (AFTE), ont appelé les autorités égyptiennes à mettre un terme à ce type de poursuites, qui résultent la grande majorité du temps d’accusations de nature douteuse, basées sur des preuves très peu fiables, voire inexistantes.
Ce type de poursuite pénale remonte à l’époque du président Moubarak, et était utilisé comme moyen de neutraliser les activistes politiques, rapporte le site Jihad Watch. Le nombre d’accusations aurait néanmoins explosé avec la prise de pouvoir du Conseil suprême des forces armées de Mohamed Morsi en 2011. Selon un rapport de l’EIPR datant de septembre dernier, 63 citoyens (de confession chrétienne et musulmane) ont fait l’objet de poursuites pour diffamation envers la religion entre le 25 janvier 2011 et fin 2012.