Une équipe de traducteurs de l’Université des religions et dénominations (URD), située dans la banlieue de Qom, en Iran, a traduit en persan le Catéchisme de l’Eglise catholique avec l’aval du Vatican.
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17/06/2014
(Légende photo : le professeur Ahmad Reza Meftah entouré des traducteurs)
Sous la direction du professeur Ahmad Reza Meftah, des érudits musulmans chiites ont achevé la traduction de l’ouvrage -près de mille pages -, qui sera publiée sous peu avec une préface du cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
L’Université des religions et dénominations, qui compte près de mille étudiants, dispense des cours de théologie et de religion sur l’Islam, le christianisme, l’hindouisme, le bouddhisme et le judaïsme, indique une note d’AsiaNews.
Les étudiants et les professeurs étudient les textes fondamentaux des religions dans leurs sources, traduites en persan. Jusqu’à présent, au moins deux cents livres ont été publiés, dont cinquante volumes de sources chrétiennes.
Un processus complexe et contrôlé
Le professeur Meta explique le chemin suivi pour la traduction du Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC) : « Quand nous avons commencé à étudier d’autres religions, personne ne s’est attardé à étudier le christianisme. Il nous fallait une source chrétienne importante à étudier, nous et nos élèves. Il poursuit : « Le professeur Legenhausen, un catholique des Etats-Unis qui enseigne dans notre université, nous a convaincu de l’importance du Catéchisme pour les catholiques. C’est alors que nous avons commencé à le traduire pour mieux comprendre la foi catholique ».
« Nous avons traduit le Catéchisme à partir de la version anglaise, la comparant ensuite avec la version arabe. Nous voulions être très précis. C’est pourquoi la traduction devait être confirmée et approuvée par le Vatican. Nous avons confié le livre à un catholique italien, qui connait le persan, qui l’a confronté au texte original en latin ». Et de souligner : « Ce travail a pris neuf mois ! Il a comparé scrupuleusement les versions et nous a prodigué quelques conseils. Ensuite, certains de nos amis ont continué la vérification de la traduction ».
« L’année dernière, nous avons voulu publier ce livre et avons parlé avec le Père Franco Pirisi [salésien ayant passé des dizaines d’années à la Nonciature à Téhéran], qui nous a aidés à obtenir une sorte de reconnaissance officielle du Vatican. Grand connaisseur de la langue, après avoir lu le livre d’un bout à l’autre, il nous a obtenu une introduction du cardinal Jean-Louis Tauran, qu’il a traduit lui-même en persan. Maintenant, le livre est prêt. Il sera publié par l’Université, mais avec l’aval du Vatican. Il a été essentiel de demander à la nonciature de le publier, en leur demandant de le relire attentivement. Et ils ont confirmé notre traduction ».
« Nous contribuons à la liberté d’expression des chrétiens »
Selon la loi iranienne, chaque église chrétienne a le droit d’utiliser sa langue (arménien, chaldéen, latin, anglais), mais pas la langue persane, peut-être par crainte de favoriser ce que les autorités appellent le «prosélytisme». C’est pourquoi l’Eglise catholique n’avait pas pu publier le livre en persan. « C’est ainsi –dit le professeur Meftah en riant – que nous contribuons à la liberté d’expression des chrétiens. Tel n’était pas notre objectif principal, mais c’est l’un des fruits ».
« Pour nous et pour nos étudiants, il est important d’en savoir davantage sur le christianisme et sur ce que les chrétiens disent sur eux-mêmes, et non ce que les autres en disent », explique-t-il. Ainsi nous pouvons dissiper les malentendus, les schémas idéologiques et favoriser le respect d’autrui. Une mesure concrète pour renforcer le dialogue entre nous. »
La nouvelle orientation politique iranienne
Selon Ahmad Reza Meftah et ses collègues, cette attitude d’ouverture vers d’autres religions ne date pas d’aujourd’hui, avec l’arrivée du président Hassan Rouhani, connu pour ses positions favorables au dialogue.« Nous étions prêts pour le dialogue, même avant le président Rouhani, et nous essayons toujours de faire progresser la paix Iran avec d’autres pays et religions, explique-t-il. Avec l’arrivée de Rouhani peut-être y aura-t-il davantage d’opportunités, du moins pour supprimer certaines limites et malentendus ». Et il explique :
« La relation entre l’islam et le christianisme en Iran, explique-t-il, n’est pas comparable à celle dans d’autres pays islamiques. Les chrétiens en Irak sont à l’abri [des attaques] et nous pouvons partager un objectif commun ».
« Si nous nous considérons comme des amis nous n’avons pas de problèmes. Mais si nous nous regardons comme des ennemis, avec suspicion ou indifférence, si nous sommes en concurrence en essayant de voler quelque chose, comme cela arrive dans d’autres pays, arrive le terrorisme – déplore-t-il l-. En nous traitons comme des amis, nous éliminons le terrorisme, et on s’achemine vers la paix ».
Artícle publié initialement par Aica (Agencia Informativa Católica Argentina), traduit de l’espagnol pour Aleteia par Elisabeth de Lavigne.