Edward Stourton, célèbre présentateur de BBC Radio 4, déplore le manque de formation religieuse des journalistes britanniques, souvent source d’”erreurs catastrophiques” dans le traitement de l’actualité.
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11/06/2014
Edward Stourton est l’un des animateurs phares de BBC Radio 4, bien connue outre-manche. Catholique, il anime notamment les émissions Today et Sunday, cette dernière étant spécialisée sur les sujets religieux. Le journal The Telegraph revient sur cette figure du journalisme, âgé de 56 ans, pour qui la relation entre les médias britanniques et la religion est alarmante.
Le journaliste n’y va pas de main morte dans son analyse. Pour lui, les médias britanniques, dont la BBC qui est pourtant le média de référence, sont littéralement « allergiques » à la religion. Et, bien souvent, cela entraîne des « erreurs catastrophiques » dans la lecture des événements et de l’actualité. Récemment, ceci s’est observé pour le Moyen-Orient où « la religion joue un rôle important en politique. » Ne pas tenir compte de cette dimension peut dès lors s’apparenter à une faute professionnelle.
Dans le cas de l’Égypte, par exemple, la montée des Frères musulmans, qui a conduit à l’élection de Mohamed Morsi lors des présidentielles de juin 2012, a été une véritable surprise pour la presse britannique, qui initialement n’avait pas du tout envisagé cette hypothèse. « Maintes fois nous avons sous-estimé l’importance de la religion dans la région » précise-t-il à la Radio Times. L’aveuglement des médias sur la question religieuse est donc un véritable problème et démontre l’existence d’un fossé culturel source d’incompréhension réciproque.
À cet égard, bien qu’involontaire, une fermeture d’esprit s’exerce. Edward Stourton affirme qu’il faut en chercher l’origine du côté de la culture. En Grande-Bretagne, et plus largement en Europe, la religion est désormais vue comme une « excentricité », passée de mode, symptôme de ce que Benoît XVI qualifiait de « société liquide ». Malheureusement, cette conception s’est infiltrée dans les rédactions, les émissions de radio et plus encore. On peut dès lors imaginer l’effet domino sur le public.
Une autre conséquence s’est constatée dans la stratégie éditoriale de la BBC. En 2010 déjà, l’Église anglicane déplorait la réduction des temps accordés à la religion dans les programmes. L’évêque anglican de Manchester, Nigel McCulloch (à la retraite depuis 2013), expliquait qu’une telle perte était dommageable pour la qualité du média. Les arguments d’alors étaient relatifs à la laïcité, trop de religion sur un média public n’étant pas justifiable, et au désintérêt du public. Dans le même temps, le révérend McCulloch demandait que les journalistes soient davantage formés en matière religieuse pour devenir véritablement experts. Il proposait même que la religion soit une option obligatoire dans leur cursus. Mais que nenni.
Pour le journaliste Edward Stourton, la formation des professionnels de l’information et la diffusion de programmes religieux doivent être considérées par les chaînes comme une opportunité et non comme un simple devoir. En plus de donner du sens, la culture religieuse peut consolider la formation de l’esprit critique et même être source d’émissions populaires.