Dans une brochure distribuée dans toutes les paroisses du pays, ils dénoncent le gaspillage de l’argent public par les organisateurs alors qu’une partie de la population n’a pas accès aux services de base.
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09/06/2014
A quelques jours du coup d’envoi, jeudi prochain, de la Coupe du monde de football à Sao Paulo, la polémique sur son coût enfle au Brésil et les manifestations se multiplient. Les évêques brésiliens viennent eux aussi de faire connaître sans fard leur point de vue.
Dans une brochure distribuée cette semaine dans toutes les paroisses du pays, la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) et la Conférence des Religieux du Brésil demandent aux autorités de respecter le droit de la population à manifester contre le coût de ce grand rendez-vous sportif. Ils s’insurgent face aux milliards dépensés dans la préparation du Mondial alors qu’une partie de la population n’a pas accès aux services de base : « Le succès de la Coupe du monde, ne se mesurera pas à l’argent qu’elle va rapporter. Une victoire pour tous ne sera possible que si certaines exigences fondamentales sont remplies », déclarent-ils, critiquant l’utilisation des fonds publics, « des fonds qui devraient aller en priorité à la santé, à l’éducation, aux transports ou encore à la sécurité ».
Les évêques reprochent notamment aux organisateurs d’avoir chassé des centaines de déshérités qui vivaient à proximité des stades, d’avoir ignoré les contraintes environnementales et d’avoir livré le sport aux "grandes sociétés". Ils demandent aux autorités de combattre l’exploitation sexuelle alors que 800.000 supporteurs
étrangers sont attendus au Brésil durant la compétition.
Le 12 juin, jour du coup d’envoi de la Coupe du monde, les évêques brésiliens se proposent de remettre au gouvernement brésilien « dix règles pour un jeu propre pour une société plus juste et équitable ». La note envoyée à l’Agence Fides précise ces 10 demandes : nécessité de fournir un travail décent à tous; accès à une éducation publique; garantir le contrôle démocratique de la justice et des moyens de communication ainsi que des réformes agraires et rurales équitables; protéger les jeunes contre la violence; préserver la diversité culturelle des populations; combattre la corruption et garantir la transparence; lancer des initiatives visant à promouvoir la participation sociale des citoyens et des soins de santé pour tous.
En mars dernier, déjà, les évêques du Brésil avaient mis en garde contre le fléau du trafic des êtres humains à l’occasion du Mondial. Ils s’étaient également dits solidaires des manifestants qui protestaient contre les sommes colossales englouties dans la préparation de la compétition et avaient regretté qu’aucune mesure n’ait été prise pour lutter contre la pauvreté, endiguer la violence, et respecter les droits des plus vulnérables.
Avec cette brochure distribuée aux paroisses du pays, il s’agit pour l’Eglise du Brésil de répondre aux problèmes sociaux exprimés dans plusieurs manifestations à quelques jours du coup d’envoi de la Coupe du monde de football : cette semaine, la présidente Dilma Rousseff a annoncé qu’elles seraient à nouveau tolérées, «pour peu qu’elles soient pacifiques» et qu’elles «n’empêchent pas la libre circulation nécessaire au Mondial» . Alors que le Mondial de football est menacé par une grève générale illimitée, que les manifestations s’intensifient dans les rues des villes, notamment à Sao Paulo où règne le chaos des transports (des milliers de manifestants ont bloqué la circulation aux cris de "Hé Fifa, retourne en Suisse!), une autre menace plane sur l’organisation : plusieurs villes hôtes de la Coupe du monde risquent de connaître une épidémie de dengue.