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Un jour, j'assistais avec mon épouse à un récital d’un chanteur chrétien. J’étais assis de telle façon dans l’église qu’en regardant vers le chanteur, je voyais ma compagne de profil. Un souffle ténu soulevait sa poitrine, battait comme une onde sur ses tempes. J’étais ému par cette expérience de présence. Mon regard en était un d’amour devant la vie qui passait par ce souffle fragile.
Je respirais au même rythme qu’elle, respectant le secret de sa vie, la distance d’un soupir. Les personnes qui m’entouraient ne se doutaient de rien, pourtant je vivais une petite Pentecôte intérieure, comme il y en a tant dans nos vies, depuis le jour du «violent coup de vent» (Actes des apôtres 2, 2). J’avais l’impression de m’approcher du mystère de mon épouse, comme si ce souffle était un canal qui laissait couler son âme, une fuite par où s’échappait le souffle de Dieu qui respire en chacun de nous. J’étais touché par l’Esprit. Saint Paul a bien raison d’écrire: «Vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous» (Romains 8, 9).
Dieu nous maintient dans l’existence par son souffle (ruach en hébreu, pneuma en grec, spiritus en latin). Cette haleine de vie, son esprit, est insufflée à la créature créée à son image et renouvelée à la Pentecôte. La poétesse Marie Noël disait que Dieu avait peut-être soufflé un peu trop fort à sa naissance, elle ne s’en était jamais remise de ce souffle divin.
Un second souffle
Le souffle est léger et gratuit. Il est fait pour être partagé, comme ces langues de feu qui se posent sur chacun des apôtres. Le souffle de l’Esprit est porteur d’une présence divine et d’une parole brûlante qui nous soulèvent de l’intérieur, nous poussent au dehors, nous entraînent dans le monde «à proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu» (Actes des apôtres 2, 11).
Si parfois nous manquons d’air et nous perdons le souffle, l’Esprit nous couvre de son ombre et nous redonne un second souffle. Il nous fait renaître librement en Église. Depuis la mort et la résurrection de Jésus, depuis le jour de la Pentecôte, nous ne sommes plus orphelins, mais pris en charge par l’Esprit : «Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit» (Jean 14, 26).
Si le Père est tout l'amour donné, le Fils tout l'amour reçu, l'Esprit est tout l'amour échangé, partagé. L’Esprit Saint, selon saint Bernard, est le baiser du Père et du Fils. Faut-il s’en étonner? Le souffle ne fleurit-il pas en baiser? C’est ainsi que âme et corps s’embrassent, puisqu’ils sont enfants du souffle et de l’Esprit, le temps d’un regard, d’une écoute, d’une présence, d’un récital dans une église.
Jacques Gauthier, Notre cœur n’était-il pas brûlant ? Bellarmin et Parole et Silence, 2007, p. 97-98.