L’organisation terroriste multiplie ses attaques dans l’Etat de Borno où, entre 400 et 500 villageois seraient morts dans des conditions atroces. Plusieurs militaires dont une dizaine d’officiers sont accusés de fournir des armes aux terroristes.
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Massacres, pillages, villages pris d’assaut et rasés … en trois jours, les islamistes de Boko Haram ont multiplié les atrocités. Selon des chefs locaux, entre 400 et 500 personnes auraient été tuées dans plusieurs villages de l‘Etat de Borno, où les assaillants, lourdement armés, auraient mitraillé les habitants.
Depuis le 2 juin, trois villages chrétiens – Attagara, Agapalwa, et Aganjara – ont été réduits en cendres par les insurgés qui ont tué, pillé et volé du bétail avant d’incendier les habitations et les églises. Le village de Goshe, à dominance musulmane, a subi le même sort. « Ils sortent de nulle part et tirent sur la foule », raconte un survivant. Les descriptions sont terrifiantes: « Des centaines de cadavres gisant au sol (…) parce que personne ne peut aller les enterrer … des petits garçons sont arrachés du dos de leurs mères et tués », rapporte un chef local, alors que 20 000 soldats nigérians sont censés être déployés sur le tout le territoire. Boko Haram est également soupçonné d’avoir tiré le 5 juin sur un barrage de l’armée et incendié une église catholique et un bâtiment gouvernemental dans la ville de Madagali (Etat d’Adamawa).
Un autre témoin raconte : « Tous les villageois sont réunis au même endroit puis exécutés… depuis lundi ils brûlent les maisons et pillent … on ne voit aucun soldat, seulement les insurgés qui maîtrisent totalement la zone ». Ce vendredi, dans le district de Gwoza, où se trouvent tous ces villages, la situation reste critique, notamment aux abords de la forêt de Sambisa, qui abrite des camps de Boko Haram. Le secteur, qui longe la frontière camerounaise, est sillonné par l’armée nigériane toujours à la recherche des 200 lycéennes enlevées par la secte (cf. Aleteia). Près de 3 000 soldats et gendarmes de plus doivent être mobilisés dans les prochaines semaines.
Et pour ajouter à la complexité du problème Boko Haram, la presse locale annonce la condamnation par la cour martiale d’une dizaine de hauts officiers et plusieurs militaires du contingent pour avoir fourni des armes et des munitions à Boko Haram. Des officiers démentent mais ce démenti n’ôte pas de l’esprit le doute de la présence de sympathisants du groupe islamiste au sein de l’armée.
L’archevêque d’Abuja, le cardinal Olorunfemi Onaiyekan, en est convaincu lui aussi. Dans un entretien à Fides, il ne cache pas sa crainte de voir le problème Boko Haram « miner l’unité des forces armées nigérianes, surtout si l’on arrive au point d’interpréter ce qui advient au Nord du Nigeria comme un conflit religieux entre chrétiens et musulmans ». Vision qui est en train de faire « dangereusement » son chemin chez les musulmans comme chez les chrétiens et que regrette l’archevêque. Selon lui, c’est justement ce que cherche à faire Boko Haram : transformer la campagne contre elle en attaque contre l’Islam, dressant chrétiens et musulmans les uns contre les autres, voire même au sein de l’armée et des forces de l’ordre. Pour lui, il faut « un dialogue national … Les actions militaires à elles seules ne suffisent pas. Il faut affronter les problèmes concrets du Nigeria, y compris certaines des revendications de Boko Haram, comme celles qui concernent la corruption »