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La femme dans l’Eglise : des pistes à découvrir

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Ana Cristina Villa Betancourt - publié le 30/05/14
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Promouvoir la présence plus incisive de la femme dans l’Eglise, c’est avant tout obéir plus fidèlement à ce qu’est l’Eglise même.

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30/05/14

Lors d’une rencontre avec les prêtres du diocèse de Rome, le pape François  a lancé au passage : « Aujourd’hui, nous oublions tout trop vite, même le Magistère de l’Église. C’est en partie inévitable, mais les grands contenus, les grandes intuitions et les consignes léguées au Peuple de Dieu, nous ne pouvons pas les oublier» [1]. Des paroles importantes, qui nous invitent à un examen attentif de ce que nous avons oublié parmi les grands contenus, les grandes intuitions qui sont à notre disposition déjà depuis plusieurs décennies.
 
Il est important, par exemple, de ne pas oublier le chemin parcouru par l’Eglise depuis le Concile Vatican II  et durant les pontificats successifs, sur la question de la place de la femme dans l’Eglise.
 
Par ailleurs, il serait intéressant de suivre quelques-unes des pistes de travail que le pape François nous a invités à suivre, pour approfondir et promouvoir la vocation et la mission de la femme dans l’Eglise.
 
On peut distinguer deux grandes lignes de réflexion offertes récemment par le magistère.
 
1.     La ligne anthropologique
 
Le Pape a souligné à maintes reprises l’importance de ne pas se borner à faire des propositions pragmatiques, même si celles-ci sont nécessaires, mais d’opérer aussi un travail en profondeur. Sans aucun doute,  le premier domaine à approfondir est-il  celui des racines anthropologiques de la question.
 
La Lettre apostolique Mulieris dignitatem commence  par se demander  comment nous pouvons mieux comprendre « la raison et les conséquences de la décision du Créateur selon laquelle l’être humain existe toujours et uniquement comme femme et comme homme » [2] et nous offre des réflexions importantes sur la différence sexuelle,  probablement la question anthropologique la  plus importante de notre époque,  mais sur laquelle règne à l’heure actuelle, la plus grande confusion. Une confusion telle qu’elle ne favorise pas la prise de décisions sereines, ni ne permet de discerner la meilleure façon d’avancer in Ecclesia sur ces questions; les débats sont souvent viciés par des idéologies, sociologismes, victimismes, entre autres difficultés.
 
En revanche, relire la question de la différence sexuelle à  la lumière de la proposition anthropologique offerte par le magistère nous fournit d’importantes clés de lecture sur la façon de procéder : l’homme et la femme ont une égale dignité, partagent la même et unique nature humaine,  tout en étant différents; ils sont confiés l’un à l’autre, donnés l’un à l’autre.
 
La différence sexuelle nous enseigne qu’aucun d’entre nous ne se suffit à lui-même, que nous avons été créés pour la relation, pour la rencontre. Tout “je ” a besoin d’un “tu” qui l’aide à se compléter ; en effet,  personne n’est autosuffisant. C’est ce que disait déjà le poète: « Aucun homme n’est une île » (John Donne). La différence sexuelle est l’espace privilégié pour vivre cette expérience.
 
Même si le péché a introduit le conflit et la division dans l’unité originelle entre l’homme et la femme, Jésus le réconciliateur guérit aussi cette relation, faisant en sorte que l’homme et la femme ne saisissent plus leur différence comme « un motif de discorde qu’il faut dépasser par la négation ou par le nivelage, mais comme une possibilité de collaboration qu’il faut cultiver par le respect réciproque de leur différence ».[3].
 
En soi la différence sexuelle implique une grande richesse et de grandes possibilités de coopération,  car  le rapport dans la réciprocité est enrichissant pour les deux, et les différences peuvent devenir une ressource importante pour travailler à  un monde qui soit toujours plus conforme à la dignité humaine.

 
Dans le récit de la Genèse, on voit clairement comment Dieu confie à tous les deux, l’homme et la femme, la terre et le soin de la cultiver, les invitant à  coopérer avec la  création et à travailler pour la transformation du monde au service de la dignité humaine.  La famille devient ainsi un espace privilégié de collaboration entre l’homme et la femme, mais ce n’est pas le seul; la culture et aussi l’Eglise  constituent des domaines où cette collaboration doit se réaliser d’une manière sereine et fructueuse.
 
2.     Le contexte ecclésiologique
 
Le Concile Vatican II, dont nous célébrons le 50e anniversaire, nous a enseigné que l’Église est le Peuple de Dieu, une communion de personnes réunies par la même dignité de fils de Dieu, par la même mission de témoigner de la foi en l’unique Seigneur. Un peuple qui a un seul pasteur : Jésus-Christ.  Mais  ce peuple n’est pas uniforme mais structuré, c’est une communion de différents états de vie,  ordonnés l’un à l’autre; différents mais complémentaires, qui se soutiennent mutuellement pour mener à bien la mission de l’Eglise.
 
 Chacun de ces états de vie a sa propre caractéristique de base, en plus des charismes individuels et communautaires qui sont donnés à des personnes de différents états de vie, afin qu’ils s’enrichissent les uns les autres et soient au service les uns des autres.
Le Concile Vatican II a aussi souligné la participation des fidèles à la triple mission du Christ prêtre, prophète et roi, qui a pour base le baptême, la confirmation et le soutien dynamique de l’eucharistie [4]. Tout cela fait partie  d’un concept toujours nouveau du mystère de l’Eglise. Mais certaines visions réductrices persistent encore,  qui voient dans l’Église seulement la hiérarchie et les institutions. Ces éléments en sont sans aucun doute des parties intégrantes et importantes, mais ils sont au service d’un mystère beaucoup plus grand et significatif : le mystère de l’Eglise Épouse et Mère, signe et instrument de la communion de Dieu avec les hommes et des hommes entre eux. 

Promouvoir la présence plus incisive de la femme dans l’Église signifie avant tout obéir plus fidèlement à la réalité ontologique de l’Église.

 Ce grand mystère de l’Église renferme en soi le principe marial et le principe pétrinien. C’est ce que le pape François a souligné en de multiples occasions en affirmant qu’une femme, Marie de Nazareth, la Mère de Dieu, est plus importante que les évêques. Elle les précède tous en sainteté; dans sa personne l’Eglise trouve la perfection. Son rôle n’est pas passif, ni abstrait ou distant; au contraire, Marie est pleinement mère et éducatrice de tous les fidèles et les conduit par sa puissante intercession et son exemple à un rapport toujours plus profond avec son fils Jésus.
  
Von Balthasar affirmait : « Marie est la reine des apôtres sans revendiquer pour elle les pouvoirs apostoliques; Elle a autre chose et beaucoup plus [5]. On pourrait ajouter  que Marie Madeleine fut elle aussi envoyée par Jésus Ressuscité pour annoncer aux apôtres la résurrection, bien que ne faisant pas partie du collège des apôtres ; elle avait en effet une autre mission, plus grande.
 
Il s’agit donc de trouver des chemins en suivant les pistes  anthropologiques et ecclésiologiques si riches, qui nous ont été offertes par le Magistère récent et que nous ne pouvons pas laisser tomber dans l’oubli.
 
Au contraire, beaucoup de ce qui a été dit et écrit attend simplement d’être mis en pratique. Il y a vingt-cinq ans l’exhortation apostolique Christifidelis laici  de Jean-Paul II  affirmait : « Il est bien nécessaire que nous passions de la reconnaissance théorique de la présence active et responsable de la femme dans l’Eglise à sa réalisation pratique ». [6] 
 
[1] Pape François, Discours lors de la rencontre avec les prêtres de Rome, 6 mars 2014.
 [2] Jean Paul  II, Lettre apostolique Mulieris dignitatem, 1.
 [3] Cf. CDF, Lettre sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Eglise et dans le monde, 12.
 [4] Cf. ChL, 14
 [5] Elle est «la reine des apôtres sans revendiquer pour elle les pouvoirs apostoliques; Elle a autre chose et beaucoup plus » H.U. von Balthasar, Neue Klarstellungen, trad.it. Milan 1980, p.181.
 [6] Jean Paul II, Exhortation apostolique Christifideles laici, 51. 

Article traduit de l’édition espagnole d’Aleteia par Elisabeth de Lavigne

 

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