Le Pape, sortant de son texte, a fustigé avec force « la haine et la cupidité qui sont la racine du mal ». « Qui se cache derrière la vente d’armes ? »
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25/05/14
Avant-dernière étape de ce passage en Jordanie pour le Pape François : le site de « Béthanie au-delà- du-Jourdain », à l’Est du fleuve, lieu identifié comme celui où Jésus a été baptisé par St Jean-Baptiste.
C’est dans l’église latine, encore inachevée, de ce lieu Saint, que le Pape a rencontré plusieurs centaines de réfugiés syriens, ainsi que de jeunes handicapés. L’église semblait trop petite pour contenir la foule nombreuse rassemblée dans ses murs. On notait la présence de nombreux enfants. Le Pape argentin, que l’on sait très sensible à la tragédie syrienne, avait ardemment souhaité cette rencontre.
Appel vibrant pour la paix, et pour l’accueil des réfugiés
Il en a donc profité pour lancer un vibrant appel en faveur de la paix en Syrie : « Que cessent les violences et que soit respecté le droit humanitaire, en garantissant l’assistance nécessaire à la population qui souffre ! Que tous abandonnent la prétention de laisser aux armes la solution des problèmes et que l’on revienne sur le chemin de la négociation. La solution, en effet, ne peut venir que du dialogue et de la modération, de la compassion pour celui qui souffre, de la recherche d’une solution politique et du sens de la responsabilité envers les frères ».
Une condamnation sévère de la vente d’armes
Le Pape, sortant alors de son texte, a fustigé avec force « la haine et la cupidité qui sont la racine du mal ». « Qui se cache derrière la vente d’armes ? » s ‘est alors interrogé le Pape avec fougue. « Qui s’occupe de vendre des armes aux bélligérants, alimentant ainsi le conflit ? » Des questions que le Pape n’a pas hésité à poser à la conscience de chacun, et spécialement des acteurs directs et indirects du conflit syrien.Il ne faut pas hésiter à prier pour ces « pauvres criminels », a-t-il encore déclaré.
Le Pape a également lancé un appel à l’adresse de la communauté internationale, plaidant pour qu’elle accroisse son action de soutien et d’aide, et « qu’elle ne laisse pas seule la Jordanie », face à l’afflux de réfugiés qui n’est pas sans poser problème.
François a d’ailleurs tenu à remercier chaudement les autorités et le peuple jordaniens pour l’accueil « généreux » des centaines de milliers de réfugiés jetés sur les routes de l’exode par ce conflit fratricide et meurtrier. Le Pape a salué de manière particulière le travail accompli par des institutions de l’Église, comme la Caritas Jordanie.
« Que Dieu convertisse les violents »
Le Pape s’est enfin adressé aux jeunes handicapés présents dans l’église, sollicitant leur prière, les encourageant à « collaborer (…) à la construction d’une société respectueuse des plus faibles, des malades, des enfants, des personnes âgées », les enjoignant à être signes d’espérance malgré les épreuves. « Vous êtes dans le cœur de Dieu et dans mes prières », les a-t-il ensuite assurés, avant de renouveler une dernière fois le souhait « que prévalent la raison et la modération et, qu’avec l’aide de la communauté internationale, la Syrie retrouve le chemin de la paix ». « Que Dieu convertisse les violents et ceux qui ont des projets de guerre, que Dieu convertisse ceux qui fabriquent et vendent des armes », a-t-il enfin conclu, le visage grave.
Cette rencontre a été ponctuée de plusieurs chants, interprétés par des jeunes, ainsi que de témoignages émouvants de réfugiés venus d’Irak, et de jeunes malades (dont une fille de 19 ans, et un petit garçon de 11 ans). Le Pape s’est ensuite laissé aller à un petit bain de foule, sous le regard vigilant des agents de sécurité, quelque peu dépassés.
Avant cette rencontre, le Pape a visité le site du Baptême, en compagnie notamment du couple royal jordanien. Comme le firent ses prédécesseurs, Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, il s’est arrêté pour un temps de prière, dans la lumière dorée du soleil couchant, avant de signer le Livre d’Or du Lieu Saint. Il s’est ensuite rendu dans l’église latine du Baptême, encore en chantier, et dont la première pierre avait été bénie par le Pape émérite Benoît XVI, lors de sa visite en ce même lieu, le 10 mai 2009.