Alors que la rencontre prévue le 25 mai entre le pape François et le patriarche œcuménique Bartholomée suscite l’enthousiasme chez les différentes communautés chrétiennes, l’Église orthodoxe russe ne compte pas rejoindre le mouvement.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
23/05/14
Ce voyage du Pape en Terre Sainte est officiellement voué à commémorer la rencontre œcuménique entre le pape Paul VI et le patriarche orthodoxe Athénagoras à Jérusalem en 1964. Dans un contexte mondial particulièrement tendu où le totalitarisme sévissait encore, l’accolade entre les deux hommes marquait le commencement d’une amitié durable entre catholiques et orthodoxes. 50 ans plus tard, la démarche du Pontife se justifie par la volonté forte de consolider la fraternité existante entre les deux poumons de l’Église. Ce pèlerinage apostolique est le symbole de l’œuvre œcuménique opérée avec l’orthodoxie au cours des dernières décennies, et particulièrement depuis Vatican II (cf. Aleteia).
La rencontre a suscité des nombreux temps d’échange entre catholiques et orthodoxes dans le monde, et en France notamment. La délégation du Patriarcat regroupera tous les principaux dignitaires orthodoxes du monde : l’Archevêque Démétrios d’Amérique, le Métropolite Gennadios d’Italie et de Malte, le Métropolite Jean de Pergame, le Métropolite Iakovos des iles des Princes, le Métropolite Emmanuel de France, le Métropolite Gennadios de Sassime, l’Archevêque Job de Telmessos, le Révérend Archimandrite Bartholomée Samaras, le secrétaire en chef du Synode, le Révérend Maximos Vgenopoulos, Archidiacre, le Révérend Andreas Sofianopoulos, Diacre, Theodore Angelopoulos, Le Grand Logothète et enfin M. Muhtar Kent.
La question russe
Parmi tous ces représentants, on ne peut que remarquer l’absence de la plus grande et de la plus influente église orthodoxe du monde, l’Église russe. D’après Pravmir.com, la plateforme mondiale de l’orthodoxie, cette absence se justifierait par la méfiance que celle-ci aurait à l’égard du rapprochement mutuel que Bartholomée et François ont engagé.
Cette méfiance serait avant tout d’ordre politique, dans le contexte du refroidissement des relations entre l’Europe et la Russie dans le dur conflit qui secoue l’Ukraine depuis des mois. Le métropolite Hilarion, en charge des affaires étrangères de l’Église orthodoxe russe, s’est ainsi exprimé pour évoquer l’absence d’un représentant russe en Terre Sainte: « Tous ces regrettables événements… nous ont renvoyés aux temps où les catholiques et les orthodoxes ne se considéraient pas comme des amis mais comme des ennemis ». En se référant à L’Église grecque-catholique ukrainienne, le métropolite a déploré le soutien que celle-ci a apporté aux mouvements pro-européens : « C’est devenu, une fois encore…un immense obstacle à toute progression de nos relations bilatérales ».
Des dissensions persistantes au sein de l’Orthodoxie
À une heure où l’espoir de réparer le Grand Schisme de 1054 est proche, ce geste apparaît comme un coup de canif dans ce qui était une volonté commune affichée de vouloir rassembler toutes les églises orthodoxes du monde, dépourvues d’un représentant officiel, et d’accentuer la fraternité avec l’Église catholique.
Le 8 mars dernier, les primats des Églises orthodoxes réunis en synaxe à Istanbul, avaient en effet annoncé la tenue d’un grand Concile panorthodoxe, réunissant toutes les Églises orthodoxes autocéphales qui se reconnaissent comme tel entre elles (14 Églises). Le Concile devrait avoir lieu à la Pentecôte 2016, mais déjà le refus du patriarche d’Antioche– Jean X- de signer le communiqué officiel du synode est venu assombrir l’horizon de cette rencontre fédératrice. Il semblerait que les dissentiments internes à l’Église orthodoxe soient encore plus délicats à surmonter que la mise en place et l’officialisation de son rapport œcuménique avec l’Église catholique.