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Otto de Habsbourg l’avait compris : « II faut être bon patriote pour être bon européen ». Pourtant, à l’approche des élections du 25 mai prochain, les patriotes eux-mêmes semblent prêts à abandonner une Europe intrinsèquement liée à leur destin national.
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23/05/14
23/05/14
Aujourd’hui, alors qu’elle apparaît aussi bien malmenée par l’aveuglement de ses détracteurs que par l’angélisme de ses défenseurs, nous ne rappellerons jamais assez combien notre Union a le prix du sang. Elle est le fruit de concessions entre des voisins belliqueux qui ont finalement décidé de renoncer à leur soif de revanche pour surmonter leurs divisions et lier leurs destins. Au-delà de la construction utilitaire et froide qui semble l’emporter dans les couloirs feutrés de Bruxelles, l’Europe reste une grande idée et un formidable projet.
L’Europe unie transmet un message d’espérance. La construction européenne prouve que tous les conflits, même les plus meurtriers, peuvent être dépassés. Par son existence, elle démontre qu’une entité politique peut s’édifier sur la base du dialogue. Notre vieux continent a vécu : il a connu la paix, la guerre, les conquêtes, les défaites, la gloire, la honte, le génie, la barbarie… Il est rôdé en matière de comédie humaine. Son histoire millénaire lui a appris à dépasser ses vieux instincts de domination et à porter un message universel sur la nécessité de l’interdépendance.
Et pourtant, le projet européen semble à bout de souffle. Nous peinons à faire confiance à ses institutions, nous ne saisissons plus son fonctionnement et nous sommes excédés par son manque de transparence. L’omnipotence d’une bureaucratie galopante, l’harmonisation dans tous les domaines, la multiplication de nouvelles normes intrusives et l’élargissement incontrôlé ont noyé le rêve européen dans une soupe indigeste de directives et de règlements en tous genres.
Les citoyens européens ne se reconnaissent pas dans les fonctionnaires qui les dirigent et qu’ils n’ont pas élus. Ils ne veulent plus de cette Europe qui se satisfait d’un marché fondu dans une culture uniformisée. Cette évidence, niée par certains « europhiles », est devenue un prétexte à ceux qui veulent détruire cette construction historique en raison de ses défauts, certes réels mais pas insurmontables.
Aujourd’hui, le salut de la construction européenne passe par la réforme en profondeur de son fonctionnement autour de deux principes exigeants : une stricte subsidiarité, qui nécessite la suppression de certaines compétences de l’Union, et une authentique mutualisation des moyens pour que l’Europe puisse parler d’une seule voix.
A quelques jours d’un scrutin majeur, il est indispensable de faire mémoire de notre histoire afin d’élire au Parlement de Strasbourg des représentants qui soient capables de réorienter positivement l’ambition de notre continent. Il ne tient qu’à nous d’être à la hauteur des pères fondateurs pour perpétuer ce rêve européen qu’ils nous ont légué !