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Syrie : retours à Homs après la fin des combats

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Sylvain Dorient - publié le 14/05/14
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Les rebelles ont perdu la « capitale de la rébellion », et les habitants réinvestissent la ville en ruine. Une information traitée avec des partis pris flagrants par nombre de médias.

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14/04/15

Le 9 mai dernier, l’armée syrienne investissait les derniers quartiers de Homs encore sous contrôle des rebelles. Suite à un accord passé entre les belligérants, les opposants ont été autorisés à quitter la ville encerclée, à condition qu’ils relâchent les otages qu’ils avaient capturés.

C’est la fin de 800 jours de lutte pour le contrôle de la ville, et les habitants commencent à retourner dans leurs foyers, dont beaucoup sont en ruine. La communauté chrétienne en particulier a souffert, neuf églises ont été détruites par les combats, mais elle a pu célébrer dimanche ses premières messes depuis deux ans. La joie a été entachée par deux bombes artisanales, cadeaux d’adieu des extrémistes musulmans, clairement destinées à tuer des chrétiens, l’une d’entre elles à fait « plusieurs blessés » dans le diocèse de Notre-Dame de la Paix, une autre, déclenchée par une porte piégée, a tué un jeune homme.

La reprise de Homs fait l’objet de traitements radicalement différents selon les médias. Sans surprise, la télévision d’état syrienne présente un triomphe de son armée, reconquérant la « capitale de la révolution », troisième ville du pays par sa taille, qui fut le premier bastion de  l’opposition au régime. Le président Bachar Al Assad remporte donc une victoire, qui devrait contribuer à sa réélection annoncée pour le 3 juin prochain.

Les médias occidentaux et qataris oscillent entre deux attitudes : minimiser la victoire ou au contraire tirer la sonnette d’alarme et en appeler à une intervention contre le régime de Bachar. La position de la chaîne Al Jazeera se révèle particulièrement partisane. Il suffit de taper le mot clé « Homs » dans son moteur de rechercher pour découvrir une série d’articles tous pro-rebelles. Les trois premiers titrent sur la « victoire à la Pyrrhus » de Bachar, la « progression des rebelles à Alep » et sur un appel « faudra-t-il un million de morts pour que l’ONU intervienne ». De la même façon, la BBC, CNN, Reuters et AP accusent l’armée syrienne d’avoir volontairement réduit à la famine et au désespoir les habitants de Homs en coupant l’eau, l’électricité et les approvisionnements.

CNN en particulier présente une série de reportages caméra au poing aux côtés des rebelles. Un travail journalistique qui démontre un grand courage, mais qui malheureusement ne présente qu’une face de la pièce : on pourrait en dire tout autant d’un reportage embarqué aux côté de l’armée régulière syrienne. On y présente des soldats qui ont déserté, mais pas un mot sur un phénomène décisif dans la reconquête de Homs, révélé par un syrien chrétien à Aleteia : les rebelles qui déposent les armes volontairement et s’en remettent à l’armée. En raison des accords passés, qui ont permis l’évacuation de la ville, une grande partie d’entre eux ont été autorisé à retourner à la vie civile « à condition qu’ils n’aient tué personne » précise l’accord. En fait, il semble que bon nombre d’opposants syriens au régime aient été rebutés par les méthodes des djihadistes étrangers et se soient posé des questions sur leur participation à la guerre civile syrienne.

Un exemple de ce traitement parcellaire de l’information : les mêmes médias qui dénoncent le siège de Homs ne disent pas un mot de l’action des rebelles du Front de la Victoire et du Front Islamique qui ont coupé l’approvisionnement en eau de la ville d’Alep, faisant courir un risque sanitaire à trois millions de Syrien.

Les iinformations diffusées sur ce conflit syrien sont donc à prendre avec la plus grande vigilance. Concernant par exemple la mort du prêtre Frans Van der Lugt le mois dernier, la chaîne
Al Jazeera cite la rébellion pour qui « la mort du prêtre bénéficie au régime de Bachar » ; Benjamin Barthe du Monde, sans désigner de coupable, explique que le Père Van der Lugt personnifiait «  la résilience des habitants du vieux Homs, assiégé et affamé par l’armée syrienne depuis des mois ». Des propos qui ne pointent que le régime de Bachar Al Assad. Pourtant l’assassinat du prêtre peut difficilement lui être imputé. Le tueur, un homme cagoulé, se trouvait en zone rebelle. Il semble improbable que l’armée syrienne ait commis cet acte.

Les informations qui parviennent d’un pays en guerre sont toujours à prendre avec des pincettes, et nous avons, nous aussi, nos conditionnements : notre principale source d’informations sont les chrétiens de Syrie. Grâce à l’équipe d’Aleteia en langue arabe, nous connaissons des Syriens et leurs familles qui vivent sur place. Tous dénoncent les prises de positions des médias occidentaux. Le point de vue de cette minorité nous semble intéressant car ils ne représentent aucune force politique et souhaitent avant tout la paix. Ils n’aiment pas le régime de Bachar Al Assad, certains d’entre eux participaient aux premières manifestations avant qu’elles ne dégénèrent en guerre civile, sous l’impulsion des djihadistes étrangers. Mais force est de constater que les rebelles se sont rendus insupportables aux chrétiens dans les territoires qu’ils ont administrés.

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