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“Si je m’en sors, j’aiderai les pauvres de mon pays !”

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Enfants du Mékong - publié le 09/05/14
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Sochea… une” success story” parmi tant d’autres que nous vous présentons en changeant les prénoms par discrétion. Une histoire incroyable, qui se décline dix fois, cent fois, mille fois grâce à tous les soutiens d’Enfants du Mékong. Texte: Yves Meaudre

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09/05/2014

Un enfant d’une dizaine d’années assis sur la plateforme d’une cabane. Il balance ses jambes en méditant face au soleil qui se couche sur la rizière. Des buffles immergés dans l’eau d’un fossé ressemblent à des crocodiles en veille. Ils soufflent dans l’eau. Des oiseaux blancs se servent de leurs cornes comme de perchoirs. Enfant heureux, enfant sans histoire mais enfant sans avenir. À côté de lui, assise sur ses jambes repliées sous elle, une femme bonze, au crâne rasé, sourire au bétel, en sarong immaculé lui dit des choses douces sur la vie, sur la sagesse et sur le bonheur de la contemplation.  "Sochea qui n’a pas d’autre vêtement que son short grimpe dans la nacelle. Son destin a basculé."

Voilà qu’un pick up s’arrête dans un nuage de poussière dorée. Il est connu dans la région à cause de son petit fanion qui flotte au dessus de la cabine.  En sortent un belge, Pierre, une jeune française, Élodie, un homme plus âgé et un cambodgien, Savouth. La religieuse les interpelle.
 
« – Regardez cet enfant, il est très intelligent.
– Il est surtout très beau, dit Elodie avec un superbe sourire.
– Il est toujours en tête de classe ? demande le belge.
– Non non, il ne va pas à l’école.
– Comment savez-vous qu’il est très intelligent ?
– Parce que je le sais ! Elle crache son bétel et pose sa main sur l’épaule
de l’enfant.

– Va avec eux, tu auras un bel avenir. »
 Avec une déconcertante simplicité, Sochea qui n’a pas d’autre vêtement que son short grimpe dans la nacelle. Son destin a basculé.

Les choses sont ainsi au Royaume du Cambodge, très simples. Cette confiance des enfants est le fondement même de ce qu’est Enfants du Mékong. L’œuvre s’est construite sur la complicité étroite qui existe entre ses responsables et la population. C’est elle qui prend son destin en main et c’est EDM qui lui donne les moyens de le construire. C’est ainsi que Sochea a pris son essor à dix ans et pour quel destin !

Voilà l’enfant à l’école. Il travaille bien, si bien qu’il fait deux années scolaires en une. Il réussit si bien, qu’après son baccalauréat, il réussit à intégrer la plus prestigieuse école d’ingénieur  à Phnom Penh, l’ITC.
Drame ! On lui découvre une énorme tumeur au poumon ; l’affolement saisit tout le monde. Les possibilités d’intervention au Cambodge sont alors trop limitées pour tenter une opération à haut risque. La tumeur touche l’aorte. Elodie se bat, appelle le banc et l’arrière ban et persuade un professeur de Toulouse de l’opérer. Touché, le chirurgien offre bien sûr son intervention gracieusement mais le transport en France est cher et l’hospitalisation sera longue et coûteuse. EDM organise un immense concert avec les solos de l’Opéra de Paris, l’Orchestre National de France, et la musique de la garde. « La beauté sauvera Sochea ».  Immense succès. Cette considérable mobilisation des générosités va marquer profondément le jeune étudiant. « Si je m’en sors, j’aiderai les pauvres de mon pays ! ».

 L’enfant que vous avez éduqué hier a sauvé son pays aujourd’hui.

Définitivement guéri, Sochea se remet à ses études avec ardeur. Quatre ans plus tard  il sort « dans la botte ». La jeune fille qui l’a suivi depuis son enfance jubile. Elle le présente à l’ENGREF (Ecole Nationale du Génie rurale des Eaux et Forêts). Il intègre  « la grande école » avec une facilité déconcertante avec son éternel sourire aux lèvres, tranquille, humble, joyeux.

A peine diplômé, parlant la langue de Molière et de Shakespeare comme s’il était natif de l’une ou l’autre nation, son avenir semble tout tracé pour « faire carrière » dans un grand groupe agro-alimentaire ou dans ces institutions internationales où les salaires donnent en un mois ce qu’aucune famille cambodgienne ne gagnera en vingt ans ! Les propositions sont nombreuses et alléchantes.

Mais Sochea veut aider les pauvres de son pays.

Comme il a un sens pratique concret, son ange protecteur le met en lien avec un ingénieur lyonnais et il fonde une très simple, très intelligente, très pertinente ONG. Apporter dans les villages de l’eau pure qu’on désinfecte par des rayons ultra-violets dans une petite station qui trouve son énergie dans des petits panneaux solaires. Il les installe dans des villages perdus. Il faut savoir que 20% des enfants de moins de dix ans  meurent  des infections de l’eau, beaucoup attrapent des dysenteries. Voilà Sochea et François qui développent dans tout le Cambodge puis à Madagascar leur très simple, leur économique et leur ingénieuse idée.

Et il est primé comme l’un des dix jeunes les plus prometteurs de la planète, prix qui lui est remis à Antalya ! Il fait une page entière du Monde, on lui loue un smoking pour la cérémonie remise avec le faste des Césars ou des Nobel. Il répond au quotidien français comme il reçoit son prix, avec une désarmante candeur. Il remercie avec son sourire toujours aussi éblouissant, toujours aussi serein, toujours aussi modeste. Il répond aux journalistes avec autant de calme, de simplicité et de gentillesse que lorsqu’il avait dix ans. Les ors, les fastes des palais, les prix prestigieux, la cour de la presse le laissent d’une indifférence aimable et souriante mais radicale ! 

Il n’a qu’une seule idée : Aider les pauvres. L’enfant pauvre qu’il a été hier à l’école, construit son pays aujourd’hui.
 

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