À l’occasion d’une conférence sur le thème de la foi, de l’état et de l’économie en Orient et en Occident, des dirigeants d’entreprise chrétiens se sont exprimés au micro d’Aleteia sur le lien entre la doctrine sociale de l’Église et le libre marché.
L’institut Acton, qui se consacre à l’étude de la religion et de la liberté, a récemment tenu une conférence à Rome, qui se proposait de discuter des relations existantes entre liberté religieuse et liberté économique, intitulée « La foi, l’état et l’économie ».
Les membres de l’Union Chrétienne des Entrepreneurs Dirigeants (UCID), co-sponsors de l’événement, en ont profité pour faire une mise au point sur des questions qu’ils jugent mal comprises, ou sujettes à des interprétations hasardeuses.
« Le capitalisme est un concept qui n’est absolument pas homogène, affirme Riccardo Pedrizzi, président régional de l’UCID. Dans leurs différentes encycliques, les pontifes ont toujours mis en exergue le concept de liberté, qu’il s’agisse de liberté d’entreprise ou bien de libre marché. Cependant, il est intéressant de noter qu’ils utilisent généralement très peu le mot ‘capitalisme’ en tant que tel, sans doute parce que le terme est devenu totalement galvaudé, et qu’il fait l’objet de toute sorte de récupérations politiques ».
Pour ce chef d’entreprise, l’idée d’un système dans lequel on exploiterait son prochain avec le seul et unique but de réaliser du profit est bien éloigné de la plupart des entrepreneurs, et ne présente aucun intérêt à ses yeux: « Le capitalisme chrétien relève du marché libre, de la liberté d’entreprendre, où l’on met en valeur toutes les capacités de la personne, dans un système de concurrence honnête, inséré dans un cadre juridique avec des règles précises, et où ce n’est pas la logique darwinienne qui triomphe, à savoir celle où le plus fort dévore le plus petit. Si nous suivons ces principes, alors nous avons compris la vraie conception chrétienne et le vrai lien existant entre le libre marché, le christianisme et la doctrine sociale de l’Église ».
Dario Pasquariello, un autre représentant de l’association, va plus loin encore en affirmant que c’est saint François en personne qui fut l’initiateur du libre marché, par son volontarisme et par le surcroît qu’il donnait à l’individu, dans la continuité de saint Augustin, influençant par la suite les franciscains, qui en ont dégagé une théorie économique fondée sur le sujet contractant et sur les contrats intersubjectifs:
« Il est plus que temps de créer un modèle économique de développement, qui aide non seulement l’Italie, mais également le monde entier, annonce-t-il. Le pape François est un bon vecteur de cette dynamique, car nous devons bien garder à l’esprit que les frères franciscains, avec le grand François, ont donné un esprit à cette économie de marché libre qui n’existait pas auparavant, offrant ainsi beaucoup de sens à la société, et en luttant contre la pauvreté. Aujourd’hui, je pense que le pape François est en mesure d’emprunter la même route que lui ».
Interrogé sur le bien-fondé des craintes de certains entrepreneurs quant à une « dérive communiste » du Pape, celui-ci affirme que tout entrepreneur qui a le sens de l’éthique n’a peur de personne. La vraie démarche de l’entrepreneur, ajoute-t-il, est au-dessus de tout: « elle lui permet de créer de la richesse pour le bien-être de tous ».
Il faut impérativement connaître en profondeur la Doctrine sociale de l’Église, que beaucoup de gens- même dans le milieu catholique- méconnaissent, conclut Riccardo Pedrizzi, invitant tous les chrétiens à relire- ou à découvrir- trois Encycliques fondamentales de saint Jean-Paul II: Laborem Exercens, Sollicitudo Rei Socialis et Centesimus Annus, ainsi que Caritas in Veritate de Benoît XVI.