Finis l’ignorance ou le déni, assure la commission pontificale pour la protection des mineurs, à la clôture de sa rencontre au Vatican. Des procédures claires et universelles seront développées partout dans le monde, annonce son coordinateur.
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04/05/2014
La commission pontificale pour la protection des mineurs souhaite « établir des procédures claires et universelles » là où l’Eglise a failli concernant la protection des enfants , a déclaré son coordinateur, le cardinal américain Sean Patrick O’Malley. Les coupables devront « répondre de leurs actes », et aucune tolérance ne sera admise « pour ceux qui commettent les crimes » ni « pour ceux qui feront acte de négligence », assure-t-il après les trois jours de rencontre au Vatican entre les 8 membres de la commission chargée de présenter au Pape des « propositions spécifiques » pour lutter concrètement et efficacement contre les abus de mineurs.
La création de cette commission est une décision qui fait suite au rapport sur les droits de l’enfant rendu public le 5 février 2014, dans lequel l’ONU critique sévèrement l’attitude du Saint-Siège sur les affaires de pédophilie (cf. Aleteia) . Sa tache principale : préparer les statuts de cette commission, et en définir les compétences et les fonctions (cf. Aleteia).
Du 1er au 3 mai, à la Maison Sainte-Marthe, au Vatican, les membres de la Commission ont tenu leur première rencontre, examinant également la possibilité d’intégrer de nouveaux experts pour représenter d’autres zones géographiques et y accueillir plus d’anciennes victimes d’abus sexuel, et favoriser ainsi une meilleure prise de conscience de la pédophilie
Lors d’une conférence de presse, à l’issue des travaux, le cardinal O’Malley a mis en avant l’importance d’éduquer le clergé, estimant qu’il y a encore « tant d’ignorance, tant de déni » sur cette question. Il y a encore des membres du clergé qui pensent que la pédophilie est un problème qui ne concerne pas l’Eglise universelle, mais seulement certaines régions du monde, a-t-il expliqué. « C’est un problème humain et l’Eglise doit l’affronter », a-t-il conclu.
Voici le communiqué de presse publié par les membres de la commission au terme de leurs travaux, et publié par Radio Vatican:
« Alors que nous entamons ensemble notre travail, nous désirons exprimer notre profonde solidarité à toutes les victimes qui ont subi des abus sexuels en étant enfants ou comme adultes vulnérables, et nous désirons faire savoir que, dès le début de notre travail, nous avons adopté le principe que le bien d’un enfant ou d’un adulte vulnérable est prioritaire dès qu’est prise toute décision. Au cours de nos rencontres, chacun de nous a pu partager idées, expériences et aspirations pour cette Commission Pontificale. Répondant aux demandes du Saint-Père, ces discussions ont été consacrées à la nature et aux objectifs de la Commission et à l’élargissement du nombre de ses membres, afin d’inclure des personnes provenant d’autres zones géographiques et d’autres champs de compétence.
Durant nos échanges, nous avons également examiné de nombreuses propositions sur les possibilités pour la Commission de pouvoir collaborer avec des experts de divers secteurs concernés par la protection des enfants et des adultes vulnérables. Nous avons aussi rencontré plusieurs membres de la Curie Romaine en vue d’une prochaine coopération, et notamment des représentants de la Secrétairerie d’Etat, de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, de la Congrégation pour le Clergé, de la Salle de Presse du Saint-Siège et de la Gendarmerie du Vatican. En tant que Commission Consultative du Saint-Père, nous communiquerons au Pape François les résultats de notre travail. En temps voulu, nous proposerons des initiatives pour encourager les responsabilités au niveau local dans le monde et le partage réciproque des « meilleurs pratiques » pour la protection de tous les mineurs, avec des programmes de formation, d’éducation, et des réponses aux abus. Nous avons également discuté avec le Pape François de l’importance que nous attribuons à certains secteurs dans notre travail.
Nous estimons particulièrement important de garantir l’exercice de la responsabilité dans l’Eglise, y compris le développement des instruments pour des protocoles et des procédures efficaces et transparentes. Nous proposerons au Saint-Père des Statuts pour exprimer plus précisément la nature de notre Commission, sa structure, son activité et ses objectifs. Il est claire, par exemple, que la Commission ne traitera pas de cas individuels d’abus, mais pourra présenter des recommandations sur les directives pour assurer l’obligation de la responsabilité et des meilleures pratiques. Dans les Statuts nous voulons présenter des propositions spécifiques pour souligner les voies à prendre pour sensibiliser les personnes sur les conséquences tragiques des abus sexuels et sur les conséquences dévastatrices du manque d’écoute, de l’absence de rapports en cas d’abus suspectés, et du manque de soutien aux victimes d’abus sexuels et à leurs familles.
Alors que les catholiques s’engagent à rendre nos paroisses, écoles et institutions, des lieux sûrs pour tous les mineurs, nous nous engageons avec les personnes de bonne volonté à garantir que les enfants et les adultes vulnérables soient protégés des abus. Nous demandons les prières de tous ceux qui désirent soutenir le travail de la Commission. »
Les propositions de la commission seront présentées au Pape dans quelques mois, une fois ses statuts et ses priorités définis. Le pape François, comme Benoît XVI, veut que la question des abus sexuels commis par des membres du clergé soit traitée avec fermeté et détermination. Combattre les abus sexuels est un sujet important « pour l’Eglise et sa crédibilité », avait-t-il déclaré au préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Gerhard Muller, lors d’un entretien, aussitôt après son élection.
« Ne jamais fermer les yeux devant un prêtre qui commet des abus », déclare-t-il à Abraham Skorka, recteur du Séminaire rabbinique latino-américain de Buenos Aires, dans le livre entretien « Jorge Bergoglio et Abraham Skorka : sur le ciel et la terre », publié en 2012 (cf. Aleteia 19 mars 2013)
Ses quatre priorités : renforcer les mesures de protection des mineurs, aider tous ceux qui ont dû subir de telles violences par le passé, poursuivre les responsables, et veiller à ce que les conférences épiscopales formulent et mettent en œuvre les directives qu’il faut dans ce domaine.