A l’occasion de la fête de Pâques, et au lendemain de l’assassinat d’un prêtre, l’archevêque sud-africain appellent les centrafricains à reprendre le chemin de la tolérance et du respect mutuel.
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22/04/14
« Le pays est au bord du génocide, certains diront même qu’il a déjà commencé », a déclaré l’archevêque sud-africain de l’Eglise anglicane, Desmond Tutu, dans un communiqué publié le jour de Pâques. La violence qui sévit dans le pays depuis 13 mois, a radicalement changé le pays, semant « anarchie, haine et nettoyage ethnique » déplore-t-il. Pour lui les seuls capables d’arrêter le bain de sang sont les Centrafricains.
Comme le pape François, le prix Nobel de la Paix invite le peuple centrafricain et ses dirigeants à « faire revivre l’esprit de tolérance et de respect mutuel », rappelant que l’un des plus grands dons de Dieu, tant pour les chrétiens, les musulmans, les animistes ou les athées, « est la capacité de distinguer le bien du mal, de raisonner et de faire avec les différences ».
« Quand nous pardonnons, nous nous libérons et semons la graine d’un nouveau départ. Cela a un effet multiplicateur puissant », a insisté Desmond Tutu qui se félicite par ailleurs de l’annonce par l’ONU d’un prochain déploiement d’une force de maintien de la paix sur le territoire, convaincu que celui-ci aidera la France et l’Union africaine à « restaurer les systèmes brisés, comme le maintien de l’ordre et la justice ».
Comme observé par Jeune Afrique, les propos de Mgr Tutu interviennent alors que Pretoria a récemment annoncé n’avoir pas l’intention d’envoyer des troupes en Centrafrique pour y ramener la paix, décision que le prélat critique fortement.
Cette alerte de Mgr Tutu fait écho à une première mise en garde, lancée il y a deux mois, par l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, dans un témoignage à l’AED (Association Eglise en Détresse) face à une situation devenue totalement incontrôlable dans toute la Centrafrique. Elle s’ajoute à tant de témoignages recueillis par la presse locale et étrangère qui font état « d’un chaos généralisé où plus rien ni personne n’est respecté », malgré l’intervention des 2 000 militaires français de l’opération Sangaris, depuis décembre dernier, et la présence de 6 000 soldats de la force panafricaine sur le territoire.
Après deux mois de légère amélioration, la situation semblerait se dégrader en effet à nouveau entre les milices antibalakas (à dominante chrétienne) et les anciens rebelles de la coalition Séléka (à dominante musulmane), jusqu’à passer sur le corps d’hommes et de femmes qui tous les jours combattent pour la paix au péril de leur vie. A la veille de Pâques, un prêtre a été assassiné, deux jours après l’enlèvement de l’évêque Nestor Azagbya Nongo de Bossangoa et de trois prêtres que les militaires de la Misca ont réussi à libérer.
Mgr Nzapalainga, qui est aussi le directeur de la Caritas centrafricaine, a publié un communiqué dénonçant et condamnant « ces actes barbares d’un autre âge qui pourraient compromettre l’élan de réconciliation nationale » et appelé le gouvernement centrafricain à restaurer au plus vite un État de droit, ainsi que les forces armées de l’Union africaine, la Misca, à désarmer les milices pour permettre aux populations de circuler librement dans le pays, rapporte Le Secours catholique.
Selon les derniers chiffres publiés par le Haut Commissariat aux refugiés de l’ONU (HCR), la Centrafrique, partie d’un total de 4,5 millions d’habitants avant la crise il y a plus d’un an et demi, compte aujourd’hui 600 000 déplacés, et plus de 300 000 réfugiés dans les pays voisins, notamment au Cameroun (150 000), au Tchad (90 000) et en République Démocratique du Congo (64 000).
Le 21 avril, l’Onu a donné le coup d’envoi à une opération pilote destinée à s’étendre à tout le pays : le regroupement des déplacés sur un site à Bambari, à environ 400 kms au nord-est de Bangui, la capitale, pour éviter qu’ils aillent se réfugier dans ces pays.
Sources: Jeune Afrique – RFI – Secours Catholique