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Quelles sont les raisons historiques de croire à la Résurrection ?

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La rédaction d'Aleteia - publié le 18/04/14
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L’annonce de la découverte du tombeau vide et des apparitions de Jésus a été faite publiquement et nombreux sont ceux qui, à Jérusalem, auraient pu tout démentir.

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Seule l’expérience personnelle d’un Jésus vivant peut avoir motivé un changement subit et radical chez les disciples qui, abattus, vaincus, humiliés, se transformeront en inlassables messagers de sa résurrection.

La peur des femmes à la découverte du tombeau vide, le premier doute de Marie Madeleine qui pense que le cadavre a été volé – « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l'a mis. » (Jn 20,2) -, l'épisode de la visite de Pierre au sépulcre qui repart chez lui « plein de stupeur », mais sans encore croire à la résurrection, l’incrédulité de Thomas levée par Jésus lui-même, la proclamation pascale de Paul à Athènes qui provoquera scepticisme et mépris (Act 17,32): toutes ces incertitudes que les Evangiles ne cachent pas, confirment que l’effort des premiers témoins n’a pas été un effort religieux, mais un « se rendre à l’évidence » d’un fait réel.

Seul un événement imprévu et impossible à prévoir après l’échec du Calvaire, pouvait faire tomber les objections de ce petit groupe de juifs d’abord humiliés, pris de peur et vaincus, pouvait les transformer en inlassables témoins d’une annonce extraordinaire. L'exécution capitale de Jésus sous les yeux de tous devait en effet marquer la fin de toute attente et de toute espérance en la venue d’un Sauveur. Etre crucifié ne signifiait pas seulement souffrir de la plus cruelle et de la plus humiliante des peines capitales, mais aussi mourir sous le poids d’une malédiction religieuse (Gal 3,13). La crucifixion était vécue comme l’exécution d’un criminel mourant loin de la miséricorde de Dieu. L’idée d’un Messie vaincu, souffrant, mort et ressuscité entre les morts était étrangère au judaïsme préchrétien et tant de mouvements messianiques ou prétendus messianiques du siècle, avant et après la naissance de Jésus, finissaient généralement par la mort violente du fondateur.

Les récits du Nouveau Testament parlent eux aussi de la fuite des disciples (Mc 14,50) et de leur sentiment que la cause de Jésus est désormais perdue (Lc 24,19-21). La honte de la crucifixion de Jésus est si forte qu’il leur faudra beaucoup plus qu’une réflexion spirituelle ordinaire pour croire en la Résurrection de leur maître.

Mais, ils surmonteront le scandale de la croix et découvriront le sens à donner à tout ce qui est arrivé. Quand Jésus se montre à eux, au début ils doutent et hésitent à en accepter la vérité (Mt 28,17; Lc 24,36 ss.; Jn 20,24 s.). Puis Saul, le féroce persécuteur, est foudroyé par Jésus ressuscité sur la route de Damas et se convertit, prenant alors le nom de Paul et se mettant à proclamer l’évangile parmi les païens; Pierre, qui, lui, avait renié Jésus, deviendra le témoin officiel de la résurrection, propageant la foi pascale parmi « les Onze » et parmi « ceux qui étaient avec eux » (Lc 24,33).

On voit donc que seule la solidité d’une vérité irréfutable pouvait motiver un retour sur la scène de celui qui, aux côtés de tous, avait été vaincu, humilié, anéanti jusqu’à mourir sur la croix. Que seul un retour physique, et non le fantôme, ni l’imagination d’une communauté de visionnaires, pouvait vaincre le traumatisme de ce cadavre déchiré.

Le rôle central des femmes, en particulier celui de Marie Madeleine, dans l’annonce de la résurrection, alors que leur témoignage n’avait aucune valeur juridique et officielle, à cette époque, est un élément important de crédibilité historique des récits sur le tombeau vide.

A l’époque de Jésus, la société juive est pleine de préjugés à leur égard. Dans le livre des proverbes, par exemple, on attribue aux femmes une nature querelleuse, lunatique, mélancolique. Et comme le confirme l’historien juif espagnol du Ier siècle, Giuseppe Flavio dans ses Antiquités juives, leurs témoignages « n’ont aucune valeur et ne sont pas écoutés » car celles-ci sont jugées « légères et effrontées ».

Si bien qu’on est en droit de se demander quel intérêt les évangélistes auraient-ils eu à privilégier les femmes dans l’annonce de la Résurrection, si leur intention était d’inventer de toutes pièces une légende.

Il est vrai que dans la liste des témoins de la résurrection rapportée par saint Paul dans sa première lettre aux corinthiens, Pierre figure en tête des témoins : « il est apparu à Pierre puis au Douze » (1 Cor 15,5), une place que confirme Luc mais sous une autre forme : « C'est vrai ! Le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » (Lc 24, 34).

Dans l’Evangile de Jean, rédigé bien plus tard (vers l’an 100 ap. J.C), où le récit de la résurrection évoque, dans ses caractéristiques les plus profondes, des souvenirs plus archaïques que ceux des Evangiles synoptiques, on lit que c’est à Marie Madeleine que le Seigneur ressuscité s’est montré en premier. Dans celui de Matthieu, Marie Madeleine et « l’autre Marie » sont indiquées comme étant les premières à avoir découvert le tombeau vide (Mt 28,9 s.).

Dans ces deux derniers Evangiles le Seigneur ressuscité (Jn 20,17; Mt 28,10) et un ange (Mt 28,7) ont chargé les deux femmes (Matthieu) ou seulement Marie Madeleine (Jean) de la mission de transmettre la nouvelle de sa résurrection aux disciples.

Quand les apôtres annoncent publiquement la découverte du tombeau vide et les apparitions du Ressuscité, les témoins sont encore en vie et auraient alors eu l’occasion de démentir.

Le fait qu’aucun évangéliste, ni aucune autre tradition du Nouveau Testament, ne raconte comment s’est passée la Résurrection est une autre preuve de la fiabilité des sources écrites parvenues jusqu’à nous. Seul l’Evangile apocryphe de Pierre rapporte les faits. Un texte apocryphe, et donc non reconnu officiellement par l’Eglise, mais où les faits rapportés sont les plus anciens que nous ayons trouvés jusqu’ici. Celui-ci fut probablement rédigé en Syrie, vers la moitié du IIème siècle.

Les premiers disciples de Jésus étaient, pour la plupart, des pêcheurs qui incarnaient bien la mentalité sémitique de l’époque. Ce n’étaient pas des visionnaires. Ils avaient besoin de preuves tangibles et non de vaines et fumeuses promesses. Les manifestations de Jésus ressuscité reposent sur des expériences concrètes, des rencontres réelles. Les deux verbes grecs utilisés par le Nouveau Testament pour définir l’événement pascal sont : egeirein qui veut dire « réveiller » du sommeil de la mort par intervention directe du Père, et anìstemi qui signifie « se mettre debout », évoquant donc comme un mouvement d’élévation du tombeau et du sol vers le ciel.

Ces deux verbes descriptifs ne sauraient donc réduire la Pâque à la simple réanimation d’un cadavre, comme ce fut le cas pour Lazare, pour le fils de la veuve de Nain ou la fille du chef de la synagogue de Capharnaüm, tous destinés à mourir de nouveau. Par la résurrection, on veut souligner que le Christ échappe au ventre de la mort et revient à la vie. D’où cet attachement à montrer, par des descriptions détaillées, la vérité historique, concrète, de l’existence du Ressuscité : il se fait toucher, parle, rencontre les disciples et mange.

A en croire les témoignages des Actes des Apôtres, confirmés par les lettres de saint Paul aux Romains, aux Corinthiens et aux Galates, l’Eglise primitive a par ailleurs prêché la résurrection de Jésus dès ses débuts, à l’occasion de la première Pentecôte, donc pas plus de deux mois après sa mort (Actes 2,24 ss.). Cela prouve, vu le trop peu de temps à disposition, que les apparitions de Jésus ne pouvaient être des élaborations légendaires du message de la résurrection fruit de la foi. D'ailleurs, comment les apôtres auraient-ils pu prêcher la résurrection de Jésus d’entre les morts si les habitants de Jérusalem pouvaient à n’importe quel moment montrer la présence du cadavre de leur maître?

Les premiers à avoir vu Jésus ressuscité auraient été Simon Pierre (1 Cor 15,5; Lc 24,34), Jacques, le cousin du Seigneur (1 Cor 15,7) et Marie Madeleine (Mt 28,9 ss; Jn 20,14-18); deux disciples sur la route d’Emmaüs (Lc 24,15-31), les onze apôtres (1 Cor 15,5; Mt 28,16-20; Lc 24,36-51; Jn 20,19-29; 21,1-23; Actes 1,3-11); un nombre considérable d’apôtres (1 Cor 15,7) et à un certain moment plus de 500 disciples dont « la plupart encore en vie, alors que certains sont morts ». Ce dernier détail est important car si ces témoins que Saint Paul cite, étaient bien vivants, ils auraient pu facilement confirmer ou démentir ses paroles.

Jésus ne se montre pas au grand public en général, à Ponce Pilate, à Caïphe ou à la foule qui avait demandé son exécution. Comme Luc et Pierre le disent clairement, Jésus s’est montré « non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous (…) » (Actes 10,39-40). Donc les témoignages en faveur de la résurrection de Jésus, dans le Nouveau Testament, ne peuvent provenir d’observateurs neutres ou d’adversaires.

Les apparitions ont lieu en des circonstances normales, pas à des moments d’extases, ni en rêve, et sans ces caractéristiques de gloire apocalyptique que nous trouvons ailleurs (Mc 9,2-8; Mt 28,3). Selon le père Fabris: « Les apparitions sont inattendues, ne sont pas recherchées. Elles ne sont pas le résultat d’un deuil élaboré, ou d’une vision, mais une intervention de l’extérieur. Par ailleurs, elles se distinguent des apparitions de Dieu dans l’Ancien Testament ; du Dieu ineffable, indicible, invisible d’Abraham, Isaïe ou Jérémie ». Et elles ne pouvaient pas non plus être des hallucinations collectives, sinon il aurait été impossible d’expliquer ce qui est arrivé à Paul sur la route de Damas, quelques années après l’apparition à Pierre, qui a très probablement eu lieu en Galilée.

Malgré plusieurs différences entre les récits de Pâques, les quatre Evangiles concordent sur tous les éléments essentiels, présentant un cadre historique très cohérent de l’époque.

Certains experts ont essayé de démonter les récits des apparitions en mettant l’accent sur la présence de grandes discordances dans les quatre Evangiles. Ces différences, néanmoins présentes à un niveau secondaire du récit et probablement fruit de traditions différentes, convergent sur des éléments essentiels : les apparitions se produisent devant une personne ou un groupe, en particulier celui des apôtres. Dans l’Evangile de Marc, les femmes voient près du tombeau vide un jeune homme vêtu de blanc: dans l’Evangile de Luc elles voient deux hommes en habits éblouissants. Dans l’Evangile de Matthieu elles voient un ange. Et dans l’Evangile de Jean, Marie Madeleine voit deux anges. L’élément angélique est présent dans les quatre évangiles.

Les exégètes sont d’accord sur le fait que le « jeune homme » de Marc est en fait un ange. Ainsi les « deux hommes en habits éblouissants » de Luc sont des êtres angéliques. Tandis que les deux anges de l’Evangile de Jean n’annoncent pas la résurrection de Jésus, mais se comportent plutôt comme des gardiens d’honneur qui demandent aimablement à Marie Madeleine la raison de son trouble (Jn 20,13).

C’est dans cette même optique que l’on peut dire que le récit de Pilate demandant aux grands prêtres et pharisiens de confier la surveillance du tombeau de Jésus aux gardes du temple, n’avait pas de visées apologétique pour contredire une rumeur faisant état d’un vol de la dépouille de Jésus par ses disciples pour faire croire à sa résurrection. Cette rumeur est en effet évoquée par Matthieu dans son évangile, précisant que celle-ci est colportée par les autorités juives (cf. Mt 28,11-15).

Le fait que les pharisiens soient mentionnés aux côtés des grands prêtres est un détail important. Comme il est dit aussi dans les Actes des Apôtres (23,6-8) : les sadducéens – le groupe qui contrôlait le Sanhédrin et dont faisaient aussi partie Caïphe et son beau-père Anna – ne croyaient pas à la résurrection des morts alors que les pharisiens, eux, y croyaient, donc la présence de ces derniers dans la délégation qui alla chez Pilate est crédible. Et le repos du sabbat n’a pas pu les en empêcher, car nous savons que ce jour-là la distance maximale qu’un juif peut parcourir est de 2.000 coudées (une coudée, ammah en hébreu, mesure 0,518 mètres), donc un kilomètre environ. A Jérusalem, la distance qui séparait la résidence de Pilate, dans la forteresse Antonia, de la pointe ouest du temple, où les grands prêtres étaient sûrement en train de célébrer, était beaucoup moins grande.

A propos des gardes du temple, chargés donc de surveiller le tombeau de Jésus, ils devaient certainement être juifs, mais la Torah et les interprétations rabbiniques ne trouvaient rien à redire à leur exercice un jour de sabbat car leur fonction était assimilée à celle d’un pasteur auquel il était concédé, même un samedi, de veiller sur son troupeau en plein air.

Par ailleurs, selon la croyance sémitique, un mort était considéré comme vraiment mort à partir du troisième jour de sa mise au tombeau. Dans son récit, Matthieu ne cherche pas à modifier le cours des choses, et il révèle que les autorités juives sont arrivées au tombeau un jour après la mort de Jésus, le laissant donc sans surveillance pendant 24 heures. Cet épisode ne permet donc pas de lever complètement le doute d’un vol du corps, mais ce qui est sûr, explique le père Fabris, c’est que « les milieux juifs n’ont jamais démenti la tradition chrétienne du tombeau vide ».

Mais croire à la résurrection de Jésus reste, en dernière analyse, un acte de foi car celle-ci ne relève pas d’une démonstration scientifique. Cette question dépasse les « preuves » mêmes de sa réalité historique.

La résurrection de Jésus est une question que la seule preuve historique ne saurait résoudre. Accepter qu’il s’agit d’un fait réel et croire en Jésus-Christ ressuscité demande beaucoup plus qu’un simple exercice mental sur des annonces et des faits anciens auxquels adhérer intellectuellement.

Dieu franchit les portes du monde de manière inattendue, choquante. Comme l’écrit le cardinal Gianfranco Ravasi dans l’introduction du livre « Enquête sur la Résurrection » du vaticaniste italien Andrea Tornielli, enquêter sur la résurrection du Christ, telle que rapportée par les Evangiles, « c’est comme marcher le long d’une arrête coupante, en faisant très attention à où l’on pose les pieds, dans le risque constant de glisser le long du versant et finir dans la pénombre de l’histoire, où ne compte que ce qui est certifié, expérimenté et documenté, ou alors prendre la direction du brillant versant de la lumière pascale, de la gloire et de l’expérience de la foi ».

Le risque, pour reprendre la pensée de Pascal, est de tomber dans « deux excès : exclure la raison, n’admettre que la raison ». Le théologien et bibliste Giuseppe Ghiberti, qui s’occupe depuis des années du Linceul de Jésus, commente: « Il n’y a aucune expérience extérieure directe de la résurrection. Tout amène à penser que cette expérience était impossible ; quoiqu’il en soit les premiers témoins sont arrivés après les faits. En revanche, les conséquences ont une grande valeur historique : celui qui était pourtant mort et se trouvait dans l’incapacité d’avoir un quelconque rapport interpersonnel, après un temps bien précis, revient à un rapport humain, de nature physique, en se montrant à plusieurs interlocuteurs, en plusieurs circonstances. L’interprétation de cet élément factuel dérive de la foi ».

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