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Frans van der Lugt, le prêtre qui aura aimé la Syrie jusqu’au bout

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Wael Salibi - publié le 13/04/14
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Assassiné lundi dernier, le Jésuite avait passé 50 ans en Syrie, au service des chrétiens et des musulmans.

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12/04/14

Le Jésuite Frans Van der Lugt était de nationalité néerlandaise. Né à la Haye en 1938, il termina ses études entre sa ville natale et Amsterdam. C’est en 1959, à l’âge de 21 ans, qu’il rejoint la Compagnie de Jésus. Son engagement chez les jésuites le fit voyager entre les Pays-Bas, le Liban et la France. Détenteur d’un doctorat en psychologie, il fut ordonné prêtre en 1971.
 
Le Père Frans travaillait en Syrie depuis 1966. Il aimait profondément ce pays et son peuple. Il a passé près de 50 ans à aider les Syriens de toutes origines et de toutes religions. Circulant entre les différentes villes syriennes, il accompagnait également ses fidèles aux niveaux spirituel, théologique et psychologique.
 
Aussi, l’homme de Dieu a toujours voulu se mettre au service des Syriens. C’est ainsi qu’il a initié de nombreux projets, notamment pour les jeunes. Le projet « Almaser », par exemple, proposait aux jeunes hommes et femmes de Syrie, chrétiens et musulmans, de marcher ensemble dans le dialogue. « Almaser » avait pour but d’approfondir la culture et la civilisation syrienne afin de redécouvrir la beauté du pays. Grâce au jésuite, une nouvelle génération de Syriens a appris à aimer son pays. Ajoutons à cet égard que le Père Frans avait une devise bien à lui pour encourager les jeunes : « en avant ! ».

Récemment, il avait mis en place “Alard”, un projet agricole pour la périphérie de Homs. Il s’agissait notamment d’apporter les soins et ressources nécessaires aux personnes dans le besoin, habitant dans les villages chrétiens et musulmans des environs. « Alard » détenait également un centre dédié au dialogue entre les différentes religions.

Tout au long de la crise syrienne, le Père Frans a continué la mission qui lui tenait tant à cœur. Depuis deux ans, après que les militants de l’opposition ont pris le contrôle du quartier chrétien de la vieille ville de Homs, il refusait  de partir. Alors que le quartier était assiégé, il continuait à vivre au monastère, dont il était à la tête. Il fut le seul étranger et membre du clergé chrétien à rester dans la zone. Il souhaitait demeurer avec les 20 chrétiens restants. Avant le début du conflit, à la mi-mars 2011, on comptait 80 000 chrétiens dans le pays.
 
 Le Père Frans avait déclaré il y a quelques mois dans une interview  « Je suis à la tête d’un monastère. Comment pourrais-je le quitter ? Puis-je abandonner derrière moi les chrétiens ? C’est tout à fait impossible. Le peuple syrien m’a tant donné, tant de gentillesse, tant d’inspiration, et tout ce que je possède. Maintenant qu’il souffre, je dois partager sa peine et ses difficultés. Je dois rester avec lui, lui donner de la consolation et mon empathie, pour lui permettre de traverser cette douleur terrible. »
 
Lundi 7 avril, au matin, un inconnu armé a assassiné le Père Frans, alors âgé de 75 ans, dans la vieille ville de Homs. Il avait passé près d’un demi-siècle au service des Syriens, de toutes confessions. Il se considérait lui-même comme l’un d’entre eux. Afin de respecter sa volonté, il sera enterré dans le jardin du monastère, où il vivait.

Voici les derniers mots écrits de sa main : « Nous préparons notre marche vers Pâques, jour où nous passons de la mort à la vie. Depuis les ténèbres, nous entrevoyons la lumière. Et les personnes aujourd’hui dans l’obscurité verront la sainte lumière de la vie…Nous souhaitons cette résurrection pour la Syrie… Aller, en avant ! »
 

Traduit par Gaëlle Bertrand

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