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Il faut faire “silence” pour éviter de perdre la Parole qui Sauve, sous le poids du quotidien. Le silence instaure un espace pour Dieu.
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Oui, c’est vrai, nous sommes à la veille de Pâques, la plus chaude période de travail de l’année. Oui, c’est vrai, j’ai une journée de travail de 18 heures… Mais bon, je ne travaille quand même pas dans une mine, non ? Est-ce que je ne dis pas toujours que je fais le plus beau travail du monde ?
Je ne devrais tout simplement pas me sentir stressé, je ne devrais même pas avoir le temps de l’être ! Le stress, c’est bon pour les riches, pas pour les ouvriers et les paysans (vous pouvez mettre les prêtres dans la catégorie que vous préférez). Ainsi, en plus d’être stressé, vous allez finir par vous sentir coupable…
Puis, hier, j’ai eu l’occasion de m’offrir une journée de silence. J’ai alors réalisé ce qui me manque vraiment, ce dont j’ai besoin: pas de repos, cela va sans dire, il suffit de travailler avec joie, non, ce dont j’ai vraiment besoin, que je désire comme l’assoiffé désire l’eau, comme l’amant désire la femme qu’il aime, c’est juste le silence.
Parce que du silence vient tout le bien de ma vie ; dans le silence seulement, je vois clairement la Finalité de tout ce que je fais, et de mon effort. Le silence me parle du Mystère, ce qui avait disparu dans la frénésie quotidienne, parce que quand vous courez sans cesse et que vous avez des programmes et des délais à respecter, il n’y a pas de temps pour penser, il n’y a pas de temps pour les mystères, et puisque vous êtes bon, vous finissez par devenir ce que vous détestez le plus : un professionnel du sacré.
Au lieu de passer du temps à préparer un cours ou une catéchèse (ce qui signifie des heures d’étude et de prière), vous revendez de vieux trucs, de vieux succès, et ils sont contents de la même façon, qu’en savent-ils? Au lieu de passer du temps à écouter les gens, vous coupez court et leur dites ce que vous avez déjà deviné avant même qu’ils ouvrent la bouche, et donc, juste parce que vous êtes bon, dans 90% des cas, ça marche, et ainsi de suite…
Oui, mais alors, on n’écoute plus. Il n’y a plus de place pour l’imprévu, autant dire qu’il n’y a plus d’espace pour Dieu. Alors tout rentre dans le prévisible, dans le mesurable, et pour finir la vie devient une question d’équilibre, d’alchimie, de centimètres … bref un problème technique. Et ce que vous donnez aux gens, ce n’est plus Dieu, mais vous-même, vos compétences, votre intelligence, votre affection humaine.
De belles choses, je ne dis pas non, mais dont les gens ne savent que faire, ce n’est absolument pas pour ça qu’ils viennent chercher ! Ils viennent à vous parce qu’ils recherchent le mystère, pas un cours ou une petite règle ou un précepte moral, ou, pire encore, n’importe quel précepte.
Heureusement que, chassé par la porte, le Mystère revient par la fenêtre, et il suffit de peu : une distraction, une colère de trop, ou même un sourire amical, pour vous rappeler que vous n’êtes pas ici pour cela, que vous êtes et devez rester l’homme de l’Au-delà, celui dont la vie ne peut se ramener à des schémas prévisibles. Celui qui ne peut jamais être entièrement et seulement « normal »
Et je me surprends à penser à la vie de tous ceux que je connais : n’est-ce pas justement cette hâte qui nous ronge le cœur, ce qui nous tient éloignés de Dieu. En fin de compte, ce n’est pas une question de ce que vous faîtes et où vous êtes: on peut être pratiquement athée tout en étant prêtre, cela je l’ai appris à mes dépens, il suffit de ne jamais faire silence.