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Génocide rwandais : nouvel orage entre Kigali et Paris

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Philippe Oswald - publié le 06/04/14
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Habitué à accuser la France de complicité avec les génocidaires, le président rwandais Kagame a franchi un pas de plus en affirmant que l’armée française avait participé à l’extermination des Tutsi.

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06/04/2014

(légende photo : Paul Kagame allumant la flamme du monument commémorant le XXe anniversaire du génocide des Tutsi à Kigali).

La réconciliation péniblement à l’œuvre entre la France et le Rwanda depuis le voyage de Nicolas Sarkozy à Kigali en 2010 vient de voler en éclats. Le président rwandais (tutsi), qui se comporte en dictateur à Kigali, accuse la France d'avoir «participé» activement aux massacres qui ont fait 800.000 morts, très majoritairement tutsis, au Rwanda en 1994. Du coup, la France a d'abord annoncé qu'elle ne participerait pas aux commémorations du 20e anniversaire du génocide, lundi 7 avril, à Kigali (pour la petite histoire, c’est le ministre de la justice, Christiane Taubira, qui devait y représenter notre pays). Puis, s'étant ravisé, le gouvernement français a fait savoir dimanche en fin d'après-midi qu'il sera tout de même représenté par son ambassadeur.

« Dans une interview à Jeune Afrique ce dimanche, (…) le président Kagame a dénoncé un «rôle direct» de la Belgique, ancienne puissance coloniale, et de la France «dans la préparation politique du génocide», et «la participation de cette dernière à son exécution même». Il accuse également les soldats français de l'opération militaro-humanitaire Turquoise, déployée en juin 1994 sous mandat de l'ONU dans le sud du pays, d'avoir été «complices, certes», mais aussi «acteurs» des massacres qui se sont déroulés entre avril et juin 1994 » résume Le Figaro.

Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères à l'époque du génocide, a appelé le président François Hollande à «défendre l'honneur de la France» face à l’«inacceptable mise en cause de la France» par le président rwandais. «Il est rigoureusement faux que la France ait aidé en quelque manière les auteurs du génocide à préparer leur forfait», écrit-il sur son blog. En revanche, les Jeunes Socialistes du MJS ont jeté une pierre dans le jardin du gouvernement en qualifiant «d'erreur indigne de la France» la décision de ne pas être présent aux commémorations (ce qui a peut-être influé sur le revirement de Paris). «Par cette décision la France laisse encore une fois entendre qu'elle ne reconnaît pas son implication dans le génocide des Tutsi au Rwanda qui est pourtant établie par les historiens», affirme le MJS sur son site internet. On peut y voir en vidéo une très troublante interview du grand reporter au Figaro Patrick de Saint-Exupéry qui met clairement en cause la politique suivie secrètement par une « trentaine de personnes » de gauche et de droite à l’époque de la cohabitation entre le président Mitterrand et le gouvernement Balladur (Patrick de Saint-Exupéry a publié en 2004 un livre intitulé : "L'inavouable, la France au Rwanda", ouvrage réédité en mars 2009 aux éditions des Arènes. Poursuivi en diffamation par plusieurs militaires français, il a été relaxé en juin 2011 cf. Le Figaro).
 
Il n’est pas douteux que l’Allemagne puis la Belgique, comme anciens colonisateurs, ont privilégié successivement les Tutsis  -supposés plus « évolués » à l’époque de la colonisation- tandis que la France qui a pris la relève de la Belgique en tant que pacificateur, a misé sur la majorité Hutu, au nom de la démocratie. Alors que Paris n' ignorait pas ce qui se tramait dans le pays depuis des années, l’armée française a été prise au dépourvu par le déclenchement de l'extermination des Tutsis le 6 avril 1994. Et lorsqu'elle a découvert, dans les jours qui ont suivi, que les massacres tournaient au génocide, les appels de la France à une intervention des Nations unies se sont heurtés à une surdité générale. Mais cela ne dissipe pas les mystères qui planent encore autour de l’opération « militaro humanitaire » Turquoise et à la mission impossible confiée à l’armée française …

Quant au déclenchement du massacre, on ne sait toujours pas quels étaient les auteurs de l’attentat contre l’avion qui transportait le Président rwandais (huttu) Habyarimana et le Président du Burundi, le 6 avril 1994. « Qui a tiré le missile qui fut fatal aux douze occupants, s’interroge Le Monde ? Le Front patriotique rwandais (FPR) du général Paul Kagame, l'actuel président, alors chef des rebelles tutsi en pleine offensive pour la prise du pouvoir ? Ou les Hutu extrémistes du camp Habyarimana lui-même, furieux contre un président qui venait de se résoudre à partager le pouvoir avec les Tutsi ? »
 

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