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Pour la majorité socialiste, le second tour des municipales transforme la défaite en déroute. Mais celle-ci touche aussi le taux de participation, autant dire la confiance dans la représentation politique.
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31/03/2014
(Légende photo : la mairie de Marseille, un des symboles de l’échec de la gauche.)
Le sursaut à gauche ne s’est donc pas produit comme en 1983. Au contraire, le second tour des élections municipales, qui se jouait dans 6000 communes (sur 36000), dont les principales villes de France, a amplifié l’effet du premier tour avec une « vague bleue » qui est une déferlante : la gauche a perdu 155 villes de plus de 9.000 habitants, selon des données provisoires données dimanche soir par le ministre de l’Intérieur, tandis que le Front national emporte une quinzaine de municipalités -dont Béziers et Fréjus- et s’implante durablement sur le territoire avec 1300 conseillers municipaux.
Seuls à gauche, les Verts tirent leur épingle du jeu avec la conquête emblématique de Grenoble, mais ce parti, plutôt qu’un allié, devient un caillou dans la chaussure des socialistes.
« Un message d’une grande violence », a commenté François Rebsamen maire PS de Dijon, et proche de Hollande. « Une sanction pour le gouvernement et la majorité» a reconnu le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. « Une défaite pour la gauche et le gouvernement » lui a fait écho le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls.
Marseille s’ancre à droite, Toulouse, la ville rose, vire au bleu. Ces villes de première importance sont emblématiques de la déconvenue du gouvernement qui n’avait pas ménagé ses efforts pour soutenir ses candidats. L’exception parisienne, la victoire d’une courte tête d’Anne Hidalgo sur « NKM » (qui ne se distinguait guère de sa rivale sur les questions d’écologie humaine) montre surtout le décalage croissant entre la capitale « boboïsée » et l’ensemble du pays (la remarque vaut aussi, dans une moindre mesure, pour Lyon).
La consolation pour les socialistes est d’autant plus mince qu’un « troisième tour » est déjà acté : la conquête, inscrite dans les chiffres du second tour des municipales, de plusieurs dizaines d’intercommunalités, dont celle du futur « grand Paris » en raison de la perte par la gauche de nombreuses villes de la petite couronne parisienne, mais aussi de Lille, bastion de Martine Aubry, et sans doute également de Lyon et de Strasbourg, métropoles conservées vaille que vaille par la gauche. C’est bien entendu déjà « plié » pour les communautés urbaines ou communautés d’agglomération des grandes villes conquises ou conservées par la droite, telles Marseille, Toulouse, Bordeaux, Saint-Etienne.
Le Président de la République est pris dans un étau, écartelé entre ses promesses électorales de justice sociale et son « Pacte de responsabilité », avec ses 50 milliards d’économie indigestes.
Il est dans une impasse : on ne voit pas quel remaniement et quelle nouvelle combinaison politique pourront l’en tirer…et rendre de l’oxygène au pays.
Car aussi impressionnante soit-elle, et dévastatrice pour le Parti socialiste atteint dans nombre de ses bastions historiques (ex : Limoges, dirigé par la gauche depuis… 1912 !), cette vague ne doit pas masquer de son écume le nouveau record de l’abstention : 36,30%, un tiers du corps électoral, soit quelque 20 millions de Français. Une abstention qui ne cesse de croître depuis 25 ans (26,9% en 1989) alors que le mandat de maire est pourtant le préféré des Français. « Je n’y crois plus, je ne sais pas pour qui voter, à quoi ça sert ? » a-t-on entendu dans les reportages réalisés dans toute la France ce dimanche.
Rejet du PS, certes, mais plus loin, dans la ligne de mire, il y a l’Union européenne qui est devenue le principal lieu du pouvoir –un pouvoir dont le déficit démocratique pose un problème croissant. Du découragement à la révolte, il n’y a pas loin : les élections européennes du 25 mai s’annoncent comme un nouveau séisme à l’échelle, celui-ci, du vieux continent.