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Les résultats du premier tour concrétisent le pire scénario pour l’Elysée, Matignon et le Parti socialiste. Un sursaut de la Gauche au second tour est toujours possible…mais peu probable.
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24/03/2014
Le Premier ministre paraît rarement flamboyant mais il n’était vraiment pas en grande forme hier soir, 23 mars, pour commenter les résultats du premier tour des élections municipales. On le comprend : son sort semble scellé par la déroute du Parti socialiste. Un remaniement est inéluctable -sinon une dissolution.
Le pire scénario se profile pour le pouvoir au soir du 23 mars : Marseille et Paris ne pourront pas servir de paravents comme on l’espérait à l’Elysée et à Matignon au vu des sondages pour masquer l’effondrement des candidats socialistes sur l’ensemble du territoire. Quelles que soient les situations locales et les déchirements au sein du PS -comme à Marseille, où le candidat socialiste est devancé par le Front National-, la politique du gouvernement est sanctionnée encore plus durement que prévu.
François Hollande ne nourrissait pas l’illusion de gagner les municipales, mais il espérait les « enjamber ». Or la barre est trop haute : le président de la République ne pourra pas considérer ces élections comme une simple péripétie. Pour la majorité présidentielle, tous les feux sont au rouge : l’abstention record (38,5%), la forte poussée du Front national, mais aussi les nombreux succès de l’opposition de droite, symbolisés à Marseille par le fait que Jean-Claude Gaudin réalise près de deux fois le score du candidat socialiste, alors qu’on avait enterré le sempiternel maire de la Cité phocéenne (candidat pour la 4ème fois !) ; même à Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet qu’on disait largement distancée par la socialiste Anne Hidalgo, devance celle-ci en nombre de voix (ce qui ne préjuge évidemment rien du résultat du second tour dans la capitale où les écologistes sont en mesure de faire pencher la balance en faveur de la socialiste). Le score de « NKM » aurait d’ailleurs été meilleur si ses positions en matière d’écologie humaine avaient été moins évasives, pour ne pas dire carrément décevantes.
La Gauche espère peut-être sauver les meubles au second tour grâce aux triangulaires avec le Front national. Mais les scores socialistes sont globalement si bas que ce piège habituel depuis les années Mitterrand sera sans doute mis en échec dimanche prochain.
La confirmation d’un vote sanction pourrait permettre à la droite d’effacer la rafle que la gauche avait réalisée en 2008 sur les villes françaises. Quant à la vague « bleu Marine », sans nier qu’elle soit historique, avec notamment la victoire au premier tour du secrétaire général du FN à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), il convient de la relativiser : c’est tout au plus une dizaine de municipalités sur 36 000 communes que le FN serait en mesure de diriger au lendemain du 31 mars. Disons que le Front national dans sa formule élargie «rassemblement bleu Marine » a calé un gros sabot dans la porte et qu’on ne voit pas celle-ci se refermer de sitôt.
A moins que la Gauche parvienne à remobiliser ses troupes avec l’énergie du désespoir au cours de la semaine à venir, l’humiliation qui lui a été infligée ce 23 mars pourrait se transformer en Bérézina dimanche prochain. Restera à voir ce que les vainqueurs feront de leur victoire, au niveau national, certes, mais d’abord dans chaque municipalité, premier cadre de la vie quotidienne des Français.