La revue Ombres et Lumière publie le témoignage d’une famille nombreuse qui a ouvert son cœur à une petite fille, Elona, porteuse de Trisomie 21.
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20/03/2014
Un an après avoir accueilli Elona, deux ans, au sein de sa nombreuse famille, Lise Philippoteaux revient sur le parcours qui les ont amenés, avec son mari, à adopter une enfant porteuse de trisomie 21.
Revenu d’Haïti avec une petite fille, un cousin nous avait parlé des enfants qui n’étaient pas « adoptables ». Trop âgés. Ou handicapés. Mon mari et moi en frissonnions. Cette conversation m’est revenue en pleine figure quand nous avons envisagé d’avoir un sixième enfant. Pourquoi ne pas donner la chance d’avoir une famille à l’un de ces petits restés dans une pouponnière ? Notre Communauté de vie chrétienne (CVX) et la méthode de réflexion ignacienne nous ont aidés à y voir clair. Nous en avons parlé à nos aînées, âgées de 11 et 9 ans : il leur a semblé évident que si un enfant n’avait pas de famille, nous devions lui ouvrir la nôtre.
Pour ce qui est du handicap, nous étions ouverts. J’ai tapé « adoption enfant handicapé » sur Internet, et j’ai découvert Emmanuel adoption. Trois mois plus tard, nous rencontrions les Alingrin, ses fondateurs. Nous avons exposé nos limites : notre ferme est peu adaptée à la circulation d’un fauteuil roulant et à 90 km de l’hôpital. Jean Alingrin nous a donc parlé d’un enfant porteur de trisomie 21.
Nous avons lu toutes sortes d’ouvrages, recueilli des témoignages, notamment d’un garçon qui avait souffert de la trisomie de sa sœur. Nous avons évoqué avec nos enfants la possibilité que leurs amis se moquent ou se détournent. Nous savions quelle serait la réaction de nos deux familles – enthousiasme pour l’une, coup sur la tête pour l’autre, puis joie après l’arrivée de l’enfant.
Les ennuis ont commencé avec notre demande d’agrément. La travailleuse sociale nous a assaillis de mises en garde – pour elle, « trisomie » était synonyme de « troubles du comportement », la fratrie allait exploser. Ce furent des mois rudes, psychologiquement. Son avis fut défavorable, mais pas celui de la psychologue, de sorte que la commission départementale a dû nous entendre pour trancher. Près d’un an après avoir rencontré les Alingrin, nous obtenions notre agrément.
C’est elle qui nous a adoptés
Arrivés à la pouponnière, surprise, notre petite fille s’appelait Enola. Difficile de porter le nom de l’avion qui a largué la bombe sur Hiroshima en 1945 ! « Oui, nous a répondu l’assistante sociale qui s’occupait d’elle, le père biologique a choisi sciemment ce prénom. Cet enfant a été Hiroshima dans sa vie ». Nous avons donc opté pour Elona, dérivé d’Hélène, qui signifie « rayon de soleil ». Cela changeait tout.
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