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Suivre le Christ d’une montagne à l’autre

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Effort de l’ascension, repos de la contemplation : c’est la double invitation de l’évangile de la Transfiguration lu en ce deuxième dimanche de Carême.

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15/03/2014

Du blogue de Jacques Gauthier
 
À cause de son élévation vers le ciel, la montagne est considérée dans plusieurs traditions religieuses comme un lieu de paix qui rapproche de Dieu. Jésus lui-même se retirait sur des montagnes pour prier. On retrouve quelques montagnes dans la Bible où se vit l’expérience de la rencontre de Dieu : Sinaï, appelé aussi Horeb; Sion qui désigne Jérusalem; les montagnes, sans nom, de la multiplication des pains chez Jean, des béatitudes chez Matthieu, de la transfiguration, connue sous le nom de Thabor.
Cette montagne est une véritable oasis de paix qui surplombe la Galilée. J’ai eu la grâce de m’y rendre un jour lors d’un cours biblique en Israël et je n’oublierai jamais le calme qui y régnait. Vous avez peut-être ressenti à un moment donné cette expérience de plénitude intérieure que l’on vit après un corps à corps avec la montagne. L’air devient plus frais à mesure que l’on monte, le corps se fatigue et l’âme lui vient en aide comme un vieux couple qui avance en silence. Tout s’intériorise. Arrivé au somment, l’immensité se découvre et l’on devine parfois le mystère d’une présence plus grande que soi, intime et lumineuse. Nous vivons alors une sorte de transfiguration.

Le voile est levé
En ce deuxième dimanche du Carême, nous sommes plongés dans une expérience bouleversante. Le Père lève le voile sur son projet de salut en transfigurant son Fils : « Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les amène à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière […] De la nuée, une voix disait: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour; écoutez-le!  » (Matthieu 17, 1-2.5).
L’Évangile est en lui-même une force de transfiguration pour nous et le monde. En le méditant, nous sommes transformés. En suivant Jésus, nous sommes transfigurés. En marchant dans la foi comme Abraham, nous quittons notre confort. Nous ne nous égarons pas sur la montagne, car Jésus nous prend dans la nuée lumineuse. Il donne un sens à notre vie, dissipe les peurs qui nous paralysent, soulève le voile qui empêche la douce rencontre avec Dieu, car il « s’est manifesté en détruisant la mort, et en faisant resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Évangile » (2 Timothée 1, 10).
Ce projet de vie en abondance n’est pas évident à nos yeux de chrétiens. Ne faisons-nous pas l’expérience, dans nos couples et nos familles, de tant de blessures et d’obstacles ? Et pourtant, il faut continuer à prier, à redresser la tête, sachant que le Christ fait du neuf au cœur même de ce qui nous semble mort. C’est dans nos ténèbres que sa lumière peut mieux resplendir et nous transfigurer. La montagne de la transfiguration n’est jamais loin de celle de la crucifixion.
Saint Jean de la Croix a fait de cette analogie de la montagne La montée du Carmel, selon le titre d’un de ses traités. Il montre que Dieu vient vers nous lorsque nous nous élevons vers lui par l’amour et l’oraison, ce cœur à cœur silencieux de la prière contemplative. Dans cette montée, qui est une descente en soi, nous vivons des moments de transfiguration et de crucifixion.
 
Deux montagnes en nous
En effet, deux montagnes se dressent en nos vies. Jésus, en excellent pédagogue, sait que nous avons besoin d’une pause, d’un moment de grâce sensible pour soutenir notre foi avant la tragique vision du Calvaire : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie » (Matthieu 17, 4).

Deux visages se dévoilent à nos regards : le visage éclatant du Fils du Père qui s’entretient avec Moïse et Élie; le visage défiguré du Fils de l’homme qui accomplit sa mission entre deux larrons. Deux prières se lèvent aussi dans nos cœurs : la prière de confiance, au sein de la nuée, dans cette joie de se savoir aimé du Père; la prière au nœud de la Croix assumant tous nos cris : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » (Marc 15, 34)?
Ne restons pas sous nos tentes, allons au Golgotha immoler notre Isaac, c’est-à-dire ce que nous avons de plus cher. Donnons-le au Père, ne refusons pas ce qui lui tient à cœur : nous-mêmes.

Pour aller plus loin, Notre cœur n’était-il pas brûlant? (Bellarmin / Parole et Silence). Prières de toutes les saisons (Bellarmin / Parole et Silence).
 

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