Dans son cycle “Ecole de la prière”, Jacques Gauthier est inspiré par Tom, son fidèle compagnon, qui lui donne l’image du contemplatif chrétien.
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11/03/2014
Nous avons un chien à la maison qui s’appelle Tom. Lorsque je sors, il se couche au pied de la porte. Il reste là sans rien faire. Il veille le temps qu’il faut, même s’il s’endort. Je ne sais pas s’il s’ennuie, mais je l’entends gémir lorsque j’approche, comme s’il n’attendait que ce moment. Il se lève alors d’un bond, tout joyeux du retour de son maître. Il est totalement présent à cet instant de bonheur, c’est sa récompense. Comment ne pas penser à cette parole de Jésus : « Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller » (Luc 12, 37).
L’attente fidèle de mon chien devant la porte m’apprend que l’essentiel dans l'oraison, appelée aussi prière contemplative, est de rester en présence de Dieu dans la confiance et l'espérance et de se laisser aimer par lui. Le Curé d’Ars disait que sa manière de lutter contre le désespoir était de se jeter au pied du tabernacle « comme un petit chien au pied de son maître ».
Une attention amoureuse
Mon chien est l’image même du contemplatif chrétien qui, en faisant oraison, n’est pas replié sur lui-même mais est tourné vers le Christ. Cette comparaison un peu audacieuse m'a été donnée par le maître de prière et prédicateur de retraites que fut Jean Lafrance : « Si tu veux trouver d’authentiques contemplatifs pour modèles ne va pas trop regarder du côté des soufis ou des hindous, regarde donc ton chien, il t’éclairera d’une manière plus simple et plus concrète sur ce que Dieu attend de toi. » (Dis-moi une parole. Médiaspaul, 1990, p. 119).
Et qu’est-ce que mon chien m’enseigne de la prière contemplative? Des attitudes de foi et de confiance, d’espérance et de persévérance, d’amour et d’abandon. Son attente humble et fidèle devant la porte m’apprend que l’essentiel dans l’oraison est de rester en présence de Dieu et de se laisser aimer par lui. L’effort à faire est de ne pas en faire; il suffit d’être disponible, et d’aimer, surtout si l’on s’ennuie.
Mon chien attend tout de moi, ses yeux sont souvent suppliants. Ainsi, mon regard doit rester fixé sur Dieu qui me regarde avec amour. Si je m’endors en priant, ce sont dans les bras du Père, ainsi je me réveille dans sa miséricorde. Mon chien ne fait rien de spécial sinon d’attendre le retour de son maître. Moi, pour m’aider à durer dans cette attention amoureuse qu’est l’oraison, je répète le nom de Jésus ou je médite une parole de Dieu, je lui dis que je l’aime et je me laisse aimer par son Esprit. J’accueille l’oraison quotidienne comme une grâce, sans me décourager, sachant que cela plaît à Dieu.
Pour le reste, il faudrait le demander à votre chien, ou à celui du voisin.
Pour aller plus loin, je vous suggère: Guide pratique de la prière chrétienne (Presses de la Renaissance, 323 pages); Expérience de la prière (Parole et Silence, 140 pages).