Sur son blog, René Poujol présente le dernier livre de Frigide Barjot, ” une œuvre forte, inspirée, fondatrice, qui tranche avec l’image décalée de la passionaria catholique”.
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10/03/14
On pouvait se douter que l’égérie médiatique de la Manif pour tous (LMPT) qui, en 2013, à trois reprises, a fait descendre dans les rues de la capitale un million de manifestants contre le « mariage pour tous », nous livrerait un jour sa «part de vérité» sur cet événement dont l’ampleur a surpris, en France comme à l’étranger. Voilà qui est fait. « Qui suis-je pour juger ? » sort le 13 mars en librairie, officialisé par un passage de Frigide Barjot dans l’émission de Laurent Ruquier : On n’est pas couché. J’ai lu ce texte une première fois, avec quelque appréhension je l’avoue. Le signataire que j’étais, à son côté, du récent Manifeste pour la paix civile, repris par les sites du Monde, de Ouest-France et de la Croix à la veille de la Manif pour tous du 2 février dernier, y retrouverait-il ses billes ? J’ai vite été rassuré ! Une seconde lecture, plus approfondie, m’en a convaincu : il y a là une prose inspirée, fondatrice, justifiant de rendre à l’auteure la légitimité du leadership dont elle a été dépouillée.
Soyons honnête, à la lecture je me suis agacé, ici ou là : de l’évocation, un rien lyrique et exaltée, de sa «mission» ; mais également de l’analyse – qui demanderait approfondissement et débat – des manifs de 2013 comme « bienheureux surgissement d’un réveil du peuple croyant » après des décennies de pastorale de l’enfouissement « dans laquelle l’Eglise s’était fourvoyée » ; ou encore de certains silences, prudences ou habiletés à l’adresse de tel ou tel épiscope. Mais là n’est pas l’essentiel !
Une chronologie précise des événements… jusqu’à l’éclatement du mouvement
Pour le reste, le livre nous permet de revivre, de l’intérieur, la chronologie précise des événements depuis l’annonce du programme des candidats à la présidentielle et notamment de la proposition de «mariage pour tous» de François Hollande, la constitution du collectif de la Manif pour tous et la « divine surprise » des premières manifs régionales… jusqu’à l’éclatement du mouvement après le vote de la loi Taubira.
L’élément fédérateur, celui qui dès l’origine galvanise les manifestants est « le droit fondamental de tout être humain à naître et à être élevé, sauf accident de la vie, dans l’amour de l’homme et de la femme, son père et sa mère. » Le refus d’élargir le mariage aux couples de même sexe est d’abord la conséquence logique du refus de leur ouvrir le droit à la filiation – non à la parenté – qu’institue précisément le mariage. Sur ce point Frigide Barjot enfonce le clou : « Le mariage pour tous n’a de cesse de nier la spécificité du couple homosexuel en lui attribuant, artificiellement, une dimension procréative. » Même si elle admet par ailleurs que certains, dans le milieu homosexuel ou plus largement dans la société, aient pu violemment ressentir les mobilisations successives contre la loi Taubira : « Certains ont tellement insisté sur l’enfant qu’on en a minoré le couple homo. »
Grandeur et décadence : exit la « bande à Barjot »
Si l’on en croit le récit qui nous est ici proposé, l’idée d’union civile, comme alternative possible au mariage gay, a été évoquée très tôt, par Frigide Barjot et un certain nombre de ses amis, sans susciter au départ de réserve formelle de la part des autres initiateurs de LMPT.
Lisez la suite de cet article sur le blog de René Poujol, "journaliste, citoyen et "catho en liberté"