L’homme qui a inspiré le film « Intouchables », tétraplégique depuis 20 ans, salue la « sagesse » du Conseil d’Etat qui « prend son temps » dans l’affaire Vincent Lambert.
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20/02/2014
C’est un témoignage plein de sagesse et d’espérance que livre à RTL Philippe Pozzo di Borgo, tétraplégique depuis 20 ans après un accident de parapente, qui inspira un des plus grand succès français du Box office : le film « Intouchables ».
Dans cette interview, Philippe Pozzo di Borgo s’est notamment exprimé sur l’affaire Vincent Lambert (cf. Aleteia), saluant la « sagesse » du Conseil d’Etat qui demande plusieurs avis et prend son temps avant de légiférer.
A ses yeux, les sujets de société sont abordés « avec trop de précipitation », « avec pas assez d’écoute ». Après mon accident, « j’ai souhaité me suicider bien sûr », témoigne-t-il. Mais « je suis content, 20 ans plus tard, qu'on ne m’ait pas débranché ».
« Il faut un peu de temps, il ne faut pas précipiter les choses. Il ne faut pas généraliser » ; estime-t-il. « J’aimerais que les gens considèrent la question, prennent le temps de considérer la question plutôt que d’aller dans l’excitation d’un sujet qui va durer le temps d’un journal télévisé et puis on va enterrer le truc, malheureusement avec une loi définitive ».
« Si vous m’aviez demandé quand j’étais valide de signer un papier comme quoi il fallait me débrancher si j’étais dans un état aussi catastrophique, j’aurais signé comme 92 % des Français le disent aujourd’hui », a-t-il encore affirmé. « Simplement, vous êtes gentils de ne pas me débrancher aujourd’hui parce que je suis très bien où je suis », et ce malgré une nouvelle épreuve : Philippe Pozzo di Borgo est alité depuis octobre, 24h sur 24, pour l’opération d’une escarre.
La mort « est très loin de moi », ajoute-t-il. « Elle m’est très familière parce que je l’ai côtoyée de très près. Et je suis tellement bien en vie, tellement bien avec les autres, il n’y a pas de précipitation », a-t-il ajouté.
Allongé nuit et jour, le temps semble-t-il long ? « Non, d’abord parce que j’ai du métier, j’ai 20 ans de tétraplégie, et que cette situation m’est déjà arrivée ». Cette période, c’est « une mise en abyme », explique Philippe Pozzo di Borgo. « Ca fait du bien de faire ces pauses même si c’est parfois un peu inconfortable ». « Dans ces moments de mise en abyme, on s’investit dans le présent, et dans le présent on retrouve une idée de bien et de mal, on remet les pendules à l’heure ».
Aujourd’hui, « je suis à l’écoute » de ceux qui m’entourent. « Je les considère », un mot qui veut dire « avec l’intention d’agir ».
Durant cette période, ses plus grands moments de bonheur ? « Quand mon épouse vient me rendre visite avec mes deux filles. Ca chahute beaucoup. Il y a plein de sourires, plein de joie autour de moi », et puis « la bienveillance », les sourires du personnel de l’hôpital.
D’ici quelques jours, Philippe Pozzo di Borgo retrouvera son fauteuil électrique après 5 mois d’immobilisation. « Vous allez me voir défiler dans l’hôpital à toute vitesse. J’ai fait une petite cure de silence, ça m’a remis les pendules à l’heure (…). J’espère repartir en fauteuil un petit peu plus sain(t) qu’avant ».