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Je suis “spirituel mais pas religieux” : le nouveau mal du siècle ?

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Matthew Becklo - publié le 20/02/14
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Vous avez déjà entendu cette phrase ? Sûrement, mais où ? Petite leçon de spiritualité façon 2014…

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“Je ne suis pas vraiment intéressé par la religion. Je crois que l’énergie spirituelle transcende la religion. C’est en tout cas ce que j’ai essayé d’intégrer dans ma musique. » Alors que lisais cette confession du chanteur folk Noah Gundersen, quelque chose m’est revenue : j’avais déjà entendu cette phrase auparavant. Presque au mot près. Mais où ?

C’est alors que j’ai compris : j’entendais ce témoignage de spiritualité et d’ouverture d’esprit partout autour de moi.  Le mouvement « spirituel mais pas religieux » était devenu à la mode en insistant sur l’amour, l’émotion et la croyance en une puissance supranaturelle. Cette dernière dépasserait les églises, les dogmes et mêmes les conceptions religieuses traditionnelles de Dieu.

Pour vous en rendre compte, lisez ces citations des grands noms de la musique américaine actuelle :
 
Lady Gaga :
“Je suis une personne spirituelle… Il n’y a vraiment aucune religion qui ne condamne ni ne rejette personne, et je crois vraiment en l’amour et au pardon pour tous ».
 
Justin Timberlake :
“Je pense que pour me définir, le terme serait plus spirituel que religieux”.

Beyonce :
“Je suis plus en faveur de la foi et de la spiritualité que de la religion en elle-même. Je pense qu’il faut faire le bien autour de soi et ne pas juger les autres ».

Jay Z :
“Si je devais définir mes convictions religieuses, je dirais que je crois en un seul Dieu. Mais que je ne crois pas en la religion ».
 
Katy Perry :
“J’ai été éduquée de façon si stricte et rigide que maintenant ma vie est beaucoup plus relâchée… J’adhère à beaucoup de spiritualités, notamment tout ce qui tourne autour du New Age que j’ai intégré à mon quotidien. »

Pink :
“Je suis très axé sur la spiritualité. C’est ce qui me protège dans la vie. Mais je ne crois pas en une religion organisée. Comment un groupe d’individus pourrait avoir raison et tous les autres avoir tort ? »

Cela vous lasse déjà ? Il faut aller prendre un peu l’air avant de réécouter les défenseurs de l’existentialisme athée.  On vous épargnera les phrases du style “je ne suis pas vraiment une personne religieuse, mais je pense que Dieu et le libre arbitre sont des leurres. Nous avons été jetés dans cet univers où règnent l’horreur et la mort”.

Les artistes “spirituels mais pas religieux” semblent de plus en plus devoir tenir ce genre de discours. Ils évitent ainsi le dogmatisme actuellement prédominant, tout en se dissociant du matérialisme ambiant. Ils ne peuvent pas dire ce qui est vrai exactement, mais, pour autant, ils ne vont pas entièrement adhérer à la question de la transcendance (qu’un être supranaturel soit à l’origine de notre présence ici-bas). En bref, ce discours à la mode serait la « voie médiane » entre le nouvel athéisme et la religion d’antan.

Apparemment, les jeunes de la Génération Y sont plutôt d’accord avec leurs stars préférées. L’art ne ferait alors que refléter la société. Ainsi, USA Today a rapporté en 2010 que 72% de la Génération Y s’identifiait comme « plus spirituelle que religieuse », et le Pew Research Center a signalé l’an dernier que la proportion de personnes ne s’identifiant à aucune religion particulière (mais ne se disant ni athées, ni agnostiques) montait en flèche aux Etats-Unis.
 
Dans son livre, Bad Religion, le chroniqueur Ross Douthat fait valoir de façon tout à fait convaincante que la spiritualité qu’il nomme « Oprah-Chopra », celle du « Dieu auto-construit », n’est rien de plus qu’une hérésie quasi-gnostique. Il continue en affirmant « La religion du « Dieu auto-construit » apparaît comme parasitaire pour les formes de croyances plus dogmatiques (…). », « Elle peut d’ailleurs montrer une certaine superficialité puisque les vraies conversions spirituelles vont généralement de paire avec un recentrage vers une spiritualité commune ».
 
D’autres auteurs du monde de la culture, et ayant des profils différents, ont fait des observations similaires. Lillian Daniel, du Huffington Post, qualifie par exemple de barbants les « spirituels mais pas religieux ». Il soutient en effet que pour mûrir, la spiritualité a besoin d’une communauté.
 
Alan Miller, un laïc, va plus loin. Pour lui, la mode du « spirituel mais pas religieux » est la pire des choses car elle offre la possibilité de se « défiler ». Il ajoute que « cette nouvelle tendance pour la spiritualité offre très peu possibilités à la transformation personnelle. Il n’y a rien qui concernerait un projet pouvant nous inspirer ou nous transformer. »
 
Le rabbin David Wolpe va aussi dans ce sens : « la spiritualité est une émotion ; la religion est une obligation. La spiritualité apaise ; la religion mobilise. »
 
Ainsi, le nœud des critiques réside dans le fait que le « spirituel mais pas religieux » n’est finalement qu’une philosophie autorégulée. Elle manque du contrôle et de l’équilibre donnés par la communauté et la tradition. Comme le Père James Martin l’a déclaré « la religion peut me recadrer face à la tendance que j’ai à penser que je suis le centre de l’univers, que j’ai toutes les réponses, que je connais Dieu mieux que tout le monde, et que je suis celui à qui Il parle le plus clairement ».
 
Bien entendu, rien ici ne dit que la religion n’a pas besoin de la spiritualité, de recherche personnelle et parfois de doute. Comme l’a noté le Père Martin « sans la spiritualité, la religion devient une liste de dogmes sans saveur, sans lien avec l’esprit de la foi. C’est ce contre quoi Jésus nous a mis en garde. Et, sans religion, la spiritualité peut vite devenir de l’auto-complaisance, bien loin des bienfaits que peut apportés une communauté ».

En d’autres termes, la religion et la spiritualité sont intimement liées et ne sont pas viables l’une sans l’autre.
Mais indépendamment de si oui ou non la « spiritualité sans religion » est tenable, une chose semble être en tout cas claire. En effet, si la tendance actuelle persiste et que les témoignages de nos faiseurs de mode continuent de s’éloigner des formes traditionnelles de la foi, le « spirituel mais pas religieux » va rapidement devenir, ou peut-être l’est-il déjà, la norme de pensée.

Quant aux jeunes de la Génération Y qui sont un peu plus rebelles, une religion deux fois millénaire pourrait bien être pour eux la voie à suivre.

Article traduit et adapté de la version anglaise d’Aleteia par Gaëlle Bertrand.

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