Comment la nouvelle génération va changer le visage du catholicisme. En mieux.
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Beaucoup de choses ont été écrites sur la Génération Y – les personnes nées durant les années 1980-1990, et qui succèdent à la Génération X. Les articles foisonnent sur leurs opinions politiques, leurs habitudes de travail, leurs modes de consommation… D’une manière générale, la génération Y n’est pas très religieuse, ni même très « orthodoxe ». Mais à la Faculté bénédictine du Kansas, là où je travaille, on peut rencontrer une nouvelle espèce: les fidèles catholiques de la génération Y.
Ils sont pleinement catholiques. Ils sont aussi pleinement dans leur époque. Leur religion n’efface pas la culture de leur génération, pas plus que cette culture n’efface leur foi.
Mais alors, à quoi ressemblent-ils ?
Il faudrait réaliser des études officielles, mais j’ai une théorie, étayée par mes observations minutieuses sur le campus du collège et les questions que je leur ai posées à propos de leur futur : leurs caractéristiques « Y » transforment leur catholicisme et vice versa, de telle manière qu’ils sont susceptibles de faire de grandes choses pour l’Église…
Quelques remarques…
La Génération Y est «spéciale ». Les jeunes catholiques aussi.
Depuis leur petite enfance, on leur a enseigné qu’ils étaient uniques, spécifiques. Leurs qualités ont été louées et appréciées, leurs défauts pardonnés et oubliés. Les réseaux sociaux boostent ce sentiment de spécificité en permettant à chacun de se construire un univers construit autour de sa propre personnalité. C’est du narcissisme virtuel, qui peut facilement devenir réel.
Mais les catholiques de la Génération Y ont quelque chose de différent : une confiance dans leur foi que ceux de ma génération n'avaient pas. Quand nous nous sentions différents de la culture dominante, nous n’étions pas à l’aise. Un jeune issu de la génération Y, lui, a son identité propre: il a donc le droit d’être différent.
Ils ne font pas qu’accepter leur identité catholique : ils en font la promotion. Ils créent des Tumblrs et des Pinterest remplis d’art chrétien, de citations religieuses et de petites animations spirituelles. Sur leurs comptes Instagram, ils partagent des photos d’églises et de statues au milieu d'images d'amis ou de couchers de soleil.
J’ai pu constater ce fort état d’esprit envers l’identité catholique alors que nous étions en train de réaliser une vidéo pour la faculté Bénédictine dans un dortoir. De manière tout à fait spontanée, un groupe d’étudiants s’est rassemblé dans un coin et a commencé à réciter un rosaire. Lorsque j’étais étudiant à la faculté catholique, nous récitions aussi le rosaire… dans nos chambres. Je pense que nous étions trop timides pour le faire si ouvertement. Nous ne savions pas que notre foi faisait partie de notre identité.
Les jeunes sont couvés. Les jeunes cathos, eux, recherchent un abri spirituel.
Beaucoup de jeunes ont toujours vécu dans le cocon familial. Ici à la Faculté, nous sommes tous témoins de l’implication très importante des parents dans la vie des étudiants. La « Maman poule » ne fait plus que couver ses petits, elle s’occupe d’eux même lorsqu'ils sont devenus adultes.
Et quand ses parents quittent la scène, un jeune peut se retrouver figé sur place. Sur ce plan, les jeunes catholiques ne sont pas différents. Le bloggueur chrétien John Lim a d’ailleurs écrit sur la tendance de cette génération à confondre réflexion avec passivité.« Avant de faire quoi que ce soit, nous devons y réflechir », dit-il. «Ce n’est pas une mauvaise idée en soi, mais nous en sommes à un point où nous sommes en train de réflechir sur la réflexion. Cela empoisonne notre génération et nous empêche de vraiment suivre le projet de Dieu pour nos vies. »
Dans ma génération, on nous disait toujours de penser aux conséquences de nos actions. Pour la première fois, des jeunes sont en train d'appliquer vraiment ce précepte.
Un professeur de la Faculté Bénédictine m’a parlé d’une conférence qu’il avait tenue dans une université. Il n’avait pas bien réservé la salle et, quand il la quitta, il tomba sur 85 étudiants entassés dans le couloir, en train d’attendre. Ils avaient organisés un groupe de discussion informel sur la chasteté. Et des dizaines d’étudiants étaient venus !
Ce sont clairement des jeunes hommes et femmes qui veulent faire les bons choix. Bravo à eux.
Être connecté
Être constamment supervisés vous donne une conscience sécuritaire, mais pas que: cela fait aussi de vous une personne sociale.
Les jeunes de la génération Y ont grandi ensemble, ont fait des goûters ensemble, ont participé aux mêmes activités extrascolaires et joué aux mêmes jeux. Le paradigme du média social, c’est-à-dire se rencontrer et discuter sur un réseau semi-public, ne leur est pas étranger. Il s’agit juste d’une façon différente de faire ce qu’ils font habituellement. Les jeunes, 100% catholiques et 100% génération Y, utilisent ces technologies pour se connecter à Dieu…et inviter leurs amis à faire de même.
Un jeune m’a rapporté qu’« avant, après, et même pendant la messe, les jeunes sont sur leurs iPads et leurs iPhones…à lire la liturgie et les lectures du jour ». Pour lui, «les discussions religieuses sont partout et en particulier sur la toile. »
Si on demandait à un catholique d’une génération précédente ce que ça veut dire être catholique, ils parleraient probablement de politique ou de la façon dont ils pratiquent leur foi. J’ai posé cette même question à sept jeunes catholiques de la génération Y. Chacun d’entre eux à répondu « évangélisation ». Cela m’a frappé à quel point cette réponse est meilleure.
La génération Y veut être entendue. Les jeunes catholiques aussi.
Je me souviens d’un tweet envoyé depuis la Place Saint-Pierre à Rome qui m’a marqué car il décrivait parfaitement l’esprit du « catholique Y » : « Quand le Pape passe devant nous dans sa papamobile, c’est comme s’il nous prenait dans ses bras ». Bien entendu, c’est émouvant de voir le Pape de ses propres yeux. Mais pourquoi ces jeunes ont-ils tant besoin d’un câlin ?
Le besoin d’être remarqué personnellement, apprécié et contacté : voilà la quintessence de l’identité Y. Le désir d’être reconnu peut être problématique quand on recherche l’assentiment d’un monde de plus en plus sombre. Trop de jeunes ont voulu embrasser les mauvaises personnes. Mais quand on essaye d’embrasser le pape…. Au fond, tout cela n’est pas si mauvais.
Quoi qu’il en soit, autant les jeunes de la génération Y m’inquiètent par certains aspects, autant les jeunes catholiques de cette génération me remplissent d’espoir pour l’avenir de l’Eglise. Je sais bien qu’ils ne sont pas parfaits : is peuvent être superficiels, et leur éthique de travail doit progresser. Mais à coté de ça, ils ont de véritables vertus : Ils insistent sur l'authenticité, la transparence et la sincérité. Ils sont compatissants, curieux et ouverts d'esprit.
Ils nous surprendront par ce qu’ils accompliront.
Traduit de l'édition Anglaise d'Aleteia par Paul Monin & Gaëlle Bertrand