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Euthanasie des mineurs en Belgique : 160 pédiatres s’opposent au projet de loi

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 12/02/14
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Dans une lettre ouverte, ils soumettent aux responsables politiques toutes les raisons objectives de ne pas voter une loi qui n’est demandée ni par la population, ni par le monde médical.

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12/02/2014

Une semaine après une première réaction publique de 38 de leurs confrères, ce sont 160 pédiatres qui ont décidé de protester publiquement contre le projet de loi sur l’extension de l’euthanasie aux mineurs. Le vote est prévu ce jeudi 13 février, soit deux mois  après le feu vert du Sénat (en décembre) et un mois après l'approbation du projet par  la Commission de justice de la Chambre  (en janvier 2014).
 
Ces spécialistes ont  adressé une lettre ouverte aux députés, afin qu’ils reviennent sur leur décision « empressée » de voter alors qu'il n'y a selon eux ni urgence, ni utilité à voter une telle loi. 

« Il n'y a pas de demande de la part de la population ou du monde médical d'étendre la possibilité de l'euthanasie aux mineurs…  Il n'y a pas de besoin urgent de faire passer cette loi aussi vite », a  redit le professeur Stefaan Van Gool de l'UZ Leuven, en présentant cette lettre à la presse, mardi 11 février, Journée internationale du malade.
 
Ces pédiatres, tous attachés à un hôpital ou un centre de soin, se disent très préoccupés par ce risque d’extension de loi dès la semaine prochaine, par l’Assemblée nationale, et demandent aux responsables politiques d’au moins reporter leur décision pour une « réflexion plus poussée ».
 
« On a parlé tellement de la scission de BHV (dernier arrondissement bilingue de Belgique –Bruxelles-Hal-Vilvorde), un problème pourtant beaucoup plus simple que l'euthanasie des enfants », a commenté le professeur Van Gool.  Et il ajoute : « Un jeune peut penser en adulte après ses 18 ans. On le voit aussi dans d'autres domaines, comme dans l'octroi d'une assurance voiture. Même dans les dossiers judiciaires, l'impulsivité d'un mineur est utilisée pour adoucir la peine. Mais pour l'euthanasie, cette impulsivité ne serait pas un problème », a encore commenté Stefaan Van Gool.
 
Mais en effet, pourquoi tant d’empressement des politiciens belges ?
 
Ce mercredi 12 février, sur La Libre.be, Jean-Paul Van de Walle, avocat au barreau de Bruxelles, rebondit sur cette lettre des 160 pédiatres  en réagissant tout d’abord à la réponse que certains politiciens ont tôt fait de leur donner : « La proposition de loi est trop importante pour être postposée » (Jean-Jacques DE GUCHT, Open VLD). Réponse qui, avoue-t-il, ne manque pas de l’étonner.
 
Voici quelques extraits de son opinion sur le sujet :
 
(…) N’oublions pas que le mandat de la commission parlementaire fut bien d’explorer si pareille extension législative apparaissait véritablement souhaitable, justifiée et nécessaire. Or, lorsque quelques jours avant le vote envisagé, un bataillon de pédiatres s’adresse à nos élus et fait valoir que ce mandat n’a pas été honoré comme il se doit, dans une démocratie qui se respecte, aucun politicien n’a le droit de l’écarter d’un revers de la main. Même pas en jonglant avec des mots tels « urgence » ou des slogans tels « il n’y a pas d’âge à la souffrance ». Ces pédiatres sont certes loin du parlement, mais quotidiennement au chevet d’enfants malades. Et ils ont, de ce fait, pleinement le droit d’être entendu. Aussi, les juristes savent-ils bien qu’en matière de rédaction de lois, la précipitation est très mauvaise conseillère…
Malgré cela, certains semblent ne pas vouloir lâcher du lest, prêts à faire appel à un tour de passe-passe souvent malmené figurant dans la boîte à outils belgo-belge: la réputée « politique du compromis ». C’est que l’on parle bien de proposition de loi « consensus » … Or quel est véritablement la légitimité et la solidité de pareil consensus, lorsqu’en définitive, son vote exige de passer outre un parti de la majorité gouvernementale, en envisageant l’appui d’une majorité alternative sur fond de prétendue « urgence »?
 
Ce d’autant qu’il ne concerne pas des détails : c’est de nos enfants qu’il s’agit. Et – non moins – de nos médecins. Ces derniers devront décider si un mineur dispose d’une « capacité de discernement » suffisante (sic). Un terme qui, à l’avocat que je suis, évoque un récent procès d’assises. Pendant des jours, trois magistrats professionnels assistés d’un jury de douze citoyens ont entendu l’avis d’un collège d’experts réputés. Avec pour résultat qu’un doute subsiste toujours quant à la « capacité de discernement » de l’accusé (désormais condamné).
 
N’est-ce pas en soi déjà une raison suffisante pour ne pas brûler les étapes, a fortiori, quand il est question d’enfants ? … »
 
Pour Jean-Paul Van de Walle  « les débats ne sont pas clos » et il rappelle pour conclure que «  s’il n’y a pas d’âge à la souffrance, il n’y a pas d’âge à la vie non plus. »
 
Lire tout le billet en cliquant sur  : http://www.lalibre.be/debats/opinions/il-n-y-a-pas-d-age-a-la-souffrance-52fb30a23570516ba0b96f07
 
 
Légende de la photo: Prof. Stefaan Van Gool flanked à la conférence de presse présentant la lettre des 160 pédiatres
 
 

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