Le Comité des Nations Unies pour la protection de l’enfant semble plus soucieux de combattre la voix de l’Eglise que de protéger les enfants.
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09/02/2014
José Luis Restán
Trente ans se sont écoulés depuis l’époque la plus difficile de la révélation des cas d’abus sexuels perpétrés par des prêtres ; après des milliers de procès qui ont condamné les uns et innocenté les autres; après la sévère purification que Benoît XVI a imposée à toute l’Eglise pour ces terribles péchés de quelques-uns de ses membres ; alors que sont archi connues les nouvelles règles et procédures mises en place par le Saint-Siège et de nombreux épiscopats ; alors que l’Eglise, en définitive, s’est montrée disposée à expier sur la place publique un fléau qui touche la culture occidentale tout entière de l’après 68…Et voilà que tombe le Rapport du Comité des Nations Unies pour la protection de l’enfance. Comme si rien de tout ce qui précède n'avait eu lieu.
Un peu tard, non? Peut-être pas, peut-être est-ce toujours le bon moment quand il s’agit de créer ce que le sociologue italien Introvigne dénommait la « panique morale »: la figure de l’Eglise se profile, monstrueuse. Et elle en sortira ainsi affaiblie dans son rôle de protagoniste du présent.
L'Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies à Genève a exprimé sa grande perplexité face au contenu du rapport ; c’est à se demander, a-t-il fait savoir, si le document n’était pas préparé à l’avance, avant même la rencontre avec la délégation du Saint-Siège. En effet, celle-ci a fourni des réponses précises et détaillées, sans concession, qui manifestement n’ont pas été prises en considération dans le rapport onusien. De fait, le document ne reconnaît pas non plus le travail réalisé ces dernière années par le Saint-Siège et par les différentes conférences épiscopales de par le monde.
Cependant, mis à part ce petit jeu, que l’ONU ne se permettrait sûrement pas avec d’autres sujets sociétaux, il est frappant de constater qu’un de ses membres a été convoqué, auditionné, interrogé et pour finir jugé, comme si le problème des abus sur mineurs qui éclabousse terriblement toutes les classes de la société, était un problème spécifique à l'Eglise catholique.
Les chiffres des cas qui sont la honte de l’Eglise sont terrifiants, et Benoît XVI n’a jamais voulu les cacher, mais il convient de les rapporter à l’ensemble, brutal, du problème. L'ONU ne semble pas se soucier du fait, par exemple, qu’aux États-Unis, il y a eu cinq fois plus de cas imputés aux différentes communautés protestantes ; ou que, pour la même période et toujours aux Etats-Unis, ont été condamnés une centaine de prêtres catholiques, mais plus de cinq mille professeurs d’éducation physique et d’entraîneurs d’équipes sportives. Et surtout que – une donnée qui fait particulièrement frémir- environ les deux tiers du total des cas d’abus sexuels sur des mineurs sont le fait de membres de la famille.
Mgr. Tomasi a réaffirmé son désir de répondre avec sérénité aux interrogations qui demeurent, afin que l’objectif fondamental de la protection des enfants puisse être atteint. « Il y aurait 40 millions de cas d’abus sexuels sur des enfants de par le monde. Et ceux commis, hélas, par le clergé catholique, constituent une très faible proportion. L’Eglise a répondu et réagi. Elle continue de le faire, en insistant sur une politique de transparence, de non tolérance aux abus, car un seul abus sur un enfant constitue un cas de de trop ! ».
Peut-être la clé de tout cela se trouve-t-elle dans les paragraphes du rapport qui se livrent à une attaque en règle contre l’enseignement de l’Eglise en matière d’avortement et de relations sexuelles. Un organisme de la méga-structure de l’ONU, qui semble avoir une vie propre, se permet d’attaquer la liberté et l’identité d’un Etat membre comme le Vatican, et pire encore, d’une réalité historique, sociale et morale, comme l’Eglise catholique ! Imagine-t-on ce Comité lancer une pareille attaque contre la conception morale de l’islam ou du bouddhisme? Comme le constate avec une sainte patience le communiqué officiel du Vatican, « le Saint-Siège déplore, sur certains points des dites Observations conclusives, une tentative d’interférer dans l’enseignement de l’Eglise catholique sur la dignité de la personne humaine et l’exercice de la liberté religieuse… réitère son ferme engagement à protéger les enfants et à défendre leurs droits, en accord avec les principes de la Convention sur les droits de l’enfant, mais aussi dans le respect des valeurs morales et religieuses de la doctrine catholique » .
Sans doute les membres avisés du Comité sont-ils davantage préoccupés de combattre la voix de l’Eglise que de protèger les enfants. Parce qu’à l’heure qu’il est, il est difficile d’ignorer de bonne foi que le pansexualisme et la culture anti-famille sont le bouillon de culture d’un fléau qui étend ses tentacules depuis Hollywood jusqu’aux élégants salons du progressisme européen, en passant par de nombreux foyers dit « normaux ». Le drame de nombre de prêtres a été d’abandonner la source vive de la tradition ecclésiale et de succomber aux chants des sirènes de quelques supposées libérations. Comme l’a dit le pape François il y a quelques jours, « chez ces hommes, ces femmes, la Parole de Dieu dans ces scandales était rare ! …" Ils avaient une position dans l’Eglise, une position de pouvoir, des facilités. Et c'est une leçon que nous ne pouvons pas oublier.
Article publié initialement sur Paginas Digital.
Traduit de l'édition espagnole d'Aleteia par Elisabeth de Lavigne