Une centaine de personnes tuées dans plusieurs villages dont 45 fidèles assassinés à bout portant en pleine messe. L’archevêque d’Abuja dénonce et s’interroge sur le phénomène « Boko Haram »
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29/01/2014
Plus de 80 personnes ont perdu la vie dans le nord-est du Nigéria au cours d'attaques islamistes contre plusieurs villages le weekend dernier: Kawuri dans l’État de Borno, et Waga Chakawa, dans l’Etat d’Adamawa, selon le quotidien Nigerian The Guardian. Et cela, malgré l’état d’urgence militaire imposé il y a huit mois dans ces Etats à risque.
A Waga Chakawa, des tireurs ont envahi l’église locale lors de la messe dominicale et ont abattu 45 fidèles, selon un nouveau bilan rapporté par l’agence Fides. Les assaillants, après avoir enfermé les fidèles dans le lieu de culte, auraient ouvert le feu sur eux sans discrimination.
Selon la chaîne Al-Jazeera, le bilan des attaques pourrait être beaucoup plus lourd. Concernant les auteurs, tous les indices semblent indiquer la main du groupe islamiste Boko Haram qui multiplie ses actions sur le territoire.
A propos du phénomène Boko Haram, l’archevêque d’Abuja, le Cardinal John Olorunfemi Onaiyekan, a fait part de sa perplexité : « Nous avons besoin de comprendre comment un jeune de 27-28 ans disposant d’une maîtrise en chimie ou dans une autre discipline finit par vivre dans la brousse ». Pour lui, il est important d’analyser les aspects sociaux, politiques, économiques et même psychologiques de tels phénomènes, car « quelque chose s’est passée dans l’esprit de ces jeunes », a-t-il dit lors d’une conférence de presse au lendemain des attaques. « Pour changer la mentalité » de ces jeunes, « il faudrait les approcher mais pas avec une arme ».
Selon le Cardinal, rapporte Fides, il est par ailleurs nécessaire de ne pas sous-estimer la dimension religieuse de l’action de Boko Haram, car si « certains disent que Boko Haram n’a rien à voir avec la religion (…) », pour lui « ce phénomène a beaucoup à faire avec la religion ». Il explique : « Les membres de la secte agissent au cri de « Allah Akbar ! » (Dieu est le plus grand en arabe NDR). Même s’ils criaient « Jésus est le Seigneur ! », il s’agirait encore d’une caractérisation religieuse. Nous perdons notre temps si nous ne reconnaissons pas et n’affrontons pas cet aspect religieux ».
L’archevêque d’Abuja a invité les responsables religieux à affronter ensemble le problème, avec cette conviction que « d’une manière ou d’une autre, quelqu’un doit briser ce cercle vicieux ».
« Le gouvernement a dépensé des milliards pour acquérir toute sorte de gadgets mais ces dépenses ne comptent pas tant que l’on raisonne en terme de puissance de feu contre puissance de feu. Il n’est pas possible de résoudre ainsi le problème de la sécurité », a-t-il commenté devant les journalistes.