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Le dialogue judéo-chrétien cinquante ans après Vatican II

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Ary Waldir Ramos Díaz - aleteia - publié le 20/01/14
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“Connaître et aimer sont deux synonymes” selon le rabbin Skorka, grand ami du pape François qui l’a reçu la semaine dernière au Vatican.

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A l’occasion de son audience privée avec le Pape François jeudi dernier au Vatican, le rabbin Abraham Skorka a donné une conférence à l’Université pontificale grégorienne de Rome sur le dialogue judéo-chrétien, cinquante ans après le concile Vatican II et le texte Nostra Aetate.

La conférence a été présidée par le cardinalKurt Koch, président de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme.

Par la suite, s’est tenue une conférence de presse modérée par le jésuite Philipp Renczes. Ce dernier est le directeur du Centre Cardinal-Bea pour les études hébraïques, section académique de l’Université grégorienne, ayant pour but d’analyser et de diffuser le dialogue entre catholicisme et judaïsme.

Le rabbin Skorka, âgé de 63 ans et originaire d’Argentine, a donné une perspective sud-américaine à cette conférence. Abraham Skorka a notamment expliqué que la souffrance et les difficultés unissent les peuples, indépendamment de leurs croyances religieuses. Pour étayer ses propos il a pris l’exemple de la crise argentine de 2001, « période au cours de laquelle les institutions religieuses du pays, catholiques et juives, ont été appelées à collaborer de manière très profonde pour venir en aide aux plus nécessiteux ».
 
Problématiques communes

Abraham Skorka est également docteur honoris causa de l’Université catholique d’Argentine. Premier rabbin à avoir reçu une telle distinction d’une université catholique en Amérique latine, il affirme qu’un dialogue intelligent entre Juifs et Catholiques  doit poser des questions concrètes : « Qu’est-ce qu’un Juif pour un Chrétien ? » et inversement « Qu’est-ce qu’un Chrétien pour un Juif ? ». Il confirme ainsi la thèse de la connaissance mutuelle « connaître et aimer sont deux synonymes ».

De la même façon, le dialogue doit d’après lui atteindre un niveau plus large pour que les croyants du quotidien y prennent part, afin que les différences ne soient pas un obstacle à la paix et à la vie en commun. « La religiosité peut revêtir beaucoup de facettes. Mais le plus important est de respecter l’individu » a-t-il ajouté.

Le rabbin argentin a continué son exposé en affirmant que les religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam) ont historiquement éloignées les hommes du paganisme. Ces religions ont toutes les trois la même origine, le tronc judaïque. Puis, elles se sont divisées. Abraham Skorka a alors mis en garde contre le  paganisme moderne qu’est l’argent. Les dangers de ce dernier sont l’intolérance et les extrémismes. Il a de même remarqué que la lutte contre ces fausses idoles devrait amener les religions à unir leurs forces pour la recherche de la paix.
 
Prochaine étape du dialogue : la théologie

Le cardinal Koch a confirmé à Aleteia que depuis cinquante ans (le texte Nostra Aetate date de 1965), beaucoup de choses ont été faites sur le thème de la réconciliation. D’après lui, le voyage du Pape en Terre Sainte « peut aider à approfondir les thèmes théologiques ». Il a de même assuré qu’ « il existe une continuité entre Paul VI, Benoît XVI et François » dans le souci d’améliorer les relations entre Juifs et Catholiques.

L’ami du Pape Bergoglio, qui a en outre écrit la préface du livre El Jesuita  (biographie de l’archevêque de Buenos Aires d’alors), a souligné l’importance de Vatican II dans le chemin établi vers la compréhension mutuelle, chemin « bâti avec efforts, dévouement et prières » dans le monde et en particulier en Amérique du Sud.

Le rabbin Skorka a convenu avec le cardinal Koch qu’est désormais venue l’heure d’« un dialogue théologique entre Catholiques et Juifs ». A la question de savoir si le Vatican prévoit quelque chose à ce sujet,
le cardinal Koch nous a assuré qu’ils travaillaient dans ce sens. « Aujourd’hui nous avons des interrogations de la part du monde juif pour approfondir les questions théologiques. Cela me paraît important et je suis heureux d’une telle perspective » a-t-il ajouté.

Rencontre du rabbin Skorka avec le Pape François : entre plaisanteries et thèmes plus sérieux

Avant la conférence de ce jeudi, le Saint Père a reçu dans la matinée au Vatican une délégation de dirigeants juifs d’Argentine. Abraham Skorka a partagé des détails personnels sur sa rencontre avec son « ami très cher », expliquant qu’au-delà de leurs différences spirituelles, ils sont restés très proches.   

« Il y a eu des blagues et des sourires. Tous ensemble, nous avons chanté un verset du Livre des psaumes : « Qu’il est bon et qu’il est agréable que des frères habitent unis ensemble ! ». Sur les thèmes les plus urgents, le rabbin a déclaré que le groupe a discuté avec le Pape du « dialogue interreligieux, de la lutte contre les barrières sociales, de la haine et de la violence homme-femme». Des thèmes qui sont communs à l’Argentine et à d’autres pays du monde.
 
Voyage du Pape en Terre Sainte : de grandes attentes

Le rabbin a affirmé que le voyage du Pape François, du 24 au 26 mai, aura plusieurs conséquences, surtout au vu des « passions » qui coexistent entre Juifs, Chrétiens et Musulmans. Le rabbin souhaite que son « rêve d’harmonie devienne une réalité ». D’après lui, la visite du Pape peut laisser une marque de paix indélébile.

Le rabbin Skorka a ensuite précisé que l’enjeu pour le pape François sera de faire de sa visite autre chose qu’une visite « banale ». Selon lui, « de multiples thèmes et conflits nécessitent d’être pesés. » Il a d’autre part déclaré à ce sujet que le pontificat de François à provoqué de grandes attentes.

« Les Juifs attendent un chemin de réconciliation (…) Jean Paul II a pris des initiatives très claires, comme renouer les relations diplomatiques avec Israël, visiter la synagogue ». De son côté, « Benoît XVI a aussi fait des gestes importants ». Aujourd’hui, le « problème est de faire plaisir à tout le monde, tout en disant la vérité » a-t-il déclaré.
 
Apprendre à se connaître par les livres

En évoquant la littérature existante sur la réconciliation judéo-chrétienne, Abraham Skorka a nommé quelques œuvres importantes, dont deux ouvrages non traduits en français : Dos caminos, una redención. Hacia el dialogo teológico judeo-cristiano (en français «Deux chemins, une rédemption. Vers le dialogue théologique judéo-chrétien »), de A. Joel Ben Arye, et Todos los caminos conducen a Jerusalem y también a Roma (en français « Tous les chemins conduisent à Jérusalem et à Rome »), de Justo Laguna y Mario Rojzman.

Le recteur du Séminaire rabbinique latino-américain de Buenos Aires est aussi co-auteur avec le Pape François du livre Sobre el Cielo y la Tierra. L’ouvrage est le fruit de plusieurs entretiens sur des thèmes spirituels fondamentaux, sur la vie humaine et sur la possibilité de partager une éthique commune. Au sujet de ce livre, le rabbin Skorka a confié à Aleteia qu’il recevait des lettres du monde entier, dont certaines de prêtres catholiques européens lui disant que l’ouvrage a été pour eux source de « renouvellement et d’inspiration ».  
 

Article traduit de l’édition espagnole de Aleteiapar Gaëlle Bertrand
 

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