Messe d’action de grâce pour saint Pierre Favre au Gesù à Rome. Le Souverain Pontife encourage les jésuites à se laisser éclairer par les « folies apostoliques » qui caractérisèrent sa vie
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04/01/2014
Ce n’est pas à coups de matraquage idéologique, dans un esprit inquisitorial et condamnatoire que l’Evangile saurait être annoncée et prêchée mais « avec douceur, fraternité et amour », a déclaré le pape François aux jésuites et fidèles rassemblés vendredi matin, 3 janvier, à l’Eglise du Gesù, lors de sa messe d’action de grâce pour saint Pierre Favre, l’un des sept compagnons d’Ignace de Loyola fondateur de la Compagnie de Jésus.
Pierre Favre (1506-1546), originaire de Savoie, entré dans le catalogue des saints le 17 décembre dernier (Aleteia), est un des grands modèles du Souverain Pontife, et pour lui un modèle à imiter pour tous les pasteurs dans sa modestie et sensibilité, dans sa manière de chercher Dieu partout et sans relâche et de communiquer avec Lui, dans sa capacité à dialoguer avec tous, tout en annonçant l’Evangile « à voix haute et avec courage ».
Le pape François a invité l’assemblée à méditer sur ces qualités, révélatrices d’une « foi authentique et d’un vrai désir de changer le monde ».
Autour de lui : plus de 300 jésuites des 6 provinces de la Compagnie et leur supérieur général, le P. Adolfo Nicolàs, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le cardinal Agostino Vallini, vicaire général du pape pour le diocèse de Rome, Mgr Yves Boivineau, évêque d’Annecy, diocèse d’origine du père Favre et son vicaire général le P. Alain Fournier-Bidoz ainsi que du préposé général des jésuites, le P. Adolfo Nicolás.
Pierre Favre était un homme inquiet mais rempli de grands projets : un homme « indécis et insatisfait » qui avait appris sous la conduite de saint Ignace à gérer ses élans et à prendre des décisions sans se départir de sa grande sensibilité, développant alors en lui un « véritable esprit d’action ».
Son inquiétude, ses élans, avaient fait de lui un nouveau Daniel, précise le pape : « un homme modeste et sensible, à la vie intérieure profonde, doté d’un sens de l'amitié avec les personnes les plus diverses … » qui avait compris que « l’expérience intérieure et la vie apostolique allaient de pair », et avait laissé le Christ « occuper son cœur », s’en allant alors vers les périphéries du monde.
Les questions tombent : « Et nous ? Possédons-nous, nous aussi, cette vision et cet élan ? Sommes nous audacieux ? Avons nous de grands projets ? Ou bien nous contentons-nous de la médiocrité, d'un projet apostolique de laboratoire? ».
Aucun reproche dans la voix du pape qui s’implique toujours, mais seulement des encouragements à son auditoire, à l’Eglise, à lui-même :
« La force de l'Eglise ne réside pas dans ses capacités d'organisation mais se cache dans la profondeur de Dieu. Si les eaux profondes de Dieu agitent nos projets, alors comme disait saint Augustin il faut prier pour vouloir et vouloir pour ouvrir notre cœur. Il en fut ainsi pour Pierre Favre, qui fut capable de reconnaître la voix de Dieu, d'autant que sans ces élans on ne va nulle part. C'est pour cela qu'on doit offrir au Seigneur nos projets ».
Et de conclure : « On a dit de lui (Pierre Favre) qu'il semblait né pour ne demeurer fixe nulle part. Il était dévoré par son désir ardent de communiquer avec Dieu et nous devons avoir le même désir. Pour cela, il faut prier en silence, avec ferveur, et demander au Seigneur par l'intercession de notre frère Pierre Favre d'être à nouveau illuminés par les ‘’folies apostoliques’’ qui caractérisèrent sa vie ».
Ouvrir les cœurs, une invitation qu’il ne cesse de faire, comme le 29 novembre dernier, à tous les Supérieurs généraux lors de leur 82ème assemblée générale : « Il faut former le cœur. Autrement nous formons de petits monstres. Et puis ces petits monstres forment le peuple de Dieu. Cela me donne vraiment la chair de poule ».
Cette phrase, rapporte Radio Vatican, est l’un des passages les plus forts de la longue conversation que le Pape François a eue avec eux ce jour-là, et aujourd’hui publiée en exclusivité par la revue jésuite italienne Civiltà Cattolica, en italien, anglais et espagnol, sous le titre « Réveillez le monde ! ».