Un pédiatre responsable d’une équipe de soins palliatifs pédiatriques et le Conseil National de l’Ordre des infirmiers appellent à ne pas transformer les soignants en « techniciens de la mort ».
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20/12/2013
Après le « oui » des sénateurs belges, le 12 décembre dernier, à la proposition de loi visant une extension de l’euthanasie aux enfants mineurs, la menace que celle-ci soit définitivement votée par la Chambre des représentants, entraîne dans le pays une multiplication de réactions et contre-propositions de professeurs universitaires, juristes et professionnels de la santé.
Mais aussi en France où la question pointe son nez après la proposition d’un groupe de citoyens de rendre légal le suicide médicalement assisté, pour les patients atteints d'un mal incurable. Un rapport en ce sens a été remis à François Hollande, à sa demande, le 16 décembre dernier, que beaucoup n’hésitent pas à dénoncer comme un « simulacre de consultation » d’une poignée de citoyens tous d’accord pour « le suicide assisté ».
« Ne transformons par le soignant en un technicien de la mort, un nouveau type de thanatopracteur, autrefois décrit comme bourreau officiel », alerte un pédiatre au CHU d’Amiens, Responsable de l'Espace Ethique Régional Picardie ressource de soins palliatifs pédiatriques, au travers de l’association Euthanasie Stop, l’espace d'expression publique belge, ouvert à tous ceux qui souhaitent faire entendre une voix discordante.
Alain de Broca est aussi philosophe. Il dit avoir du mal à comprendre « comment on peut valider éthiquement une telle loi », alors que tant d’efforts peuvent être faits pour « aider chacun avec ses souffrances et ses pauvretés à s'accepter tout au long d'une longue vie et bien sûr être accueilli pour ce qu'elle ou il est avec ses différences ». En tant qu’européen, il refuse de voir son pays rejoindre les trois seuls pays européens (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) qui ont autorisé l’euthanasie et le suicide assisté et s’afflige qu’« un pays ami se targue d'être libéré car libéral en promouvant une mort donnée à autrui ».
En tant que spécialiste du développement de l'enfant, Alain de Broca assure que ce n'est pas parce qu'un enfant parle de mort qu'il demande à mourir : « Dès deux trois ans, la question existentielle les fait raisonner autour de cette angoisse de la mort. Comment entendre leurs questions quand au contraire c'est bien (…) la question de la vie qui se pose ? ».
En tant que spécialiste du deuil, (fondateur de Vivre son deuil Picardie dans les années1990), il se demande « combien les parents belges pourraient se sentir mieux d'une mort rapide et provoquée alors que l'accompagnement de tant de familles me montrent que la mort provoquée induit une souffrance sur-démultipliée et donc un deuil bien compliqué ».
Ce spécialiste termine par un double appel à toute la Belgique, en pensant aux familles qui souffrent et à toutes les équipes déjà présentes sur le terrain :
« Rendons au soignant le sens du soin, celui de la rencontre de l'accompagnement, et de la compétence thérapeutique pour le confort afin que chaque enfant donne ce qu'il a à donner malgré ses défaillances ».
Au même moment, en France, le personnel médical, formé à soigner des patients et sauver des vies, multiplie ses interventions et recommandations sur la possibilité d’une « réelle prise en charge de la fin de vie » : ainsi le Conseil national de l’Ordre des infirmiers (ONI), qui vient d’afficher clairement son opposition à toute légalisation de l’euthanasie et/ou du suicide assisté, se prononce en faveur d’une vraie prise en compte des problématiques sociétales actuelles.
Dans un rapport, publié jeudi 19 décembre, l’ONI dévoile 10 pistes concrètes pour une évolution de la loi et de la prise en charge sanitaire de la fin de vie, et appelle à « faire de la prise en charge de la douleur une cause nationale de santé publique ».
Le rapport du Conseil national insiste sur l’attachement de la profession aux règles déontologiques de l’infirmier. Il rappelle notamment que les soins infirmiers ont pour but le respect de la vie et que le code de la santé publique précise « L’infirmier ou l’infirmière exerce sa profession dans le respect de la vie et de la personne humaine. » (article R4312-2).