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L’Avent, pour qui, pourquoi ?

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Cédric Burgun - publié le 02/12/13
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Le Père Cédric propose un petit parcours pour notre temps de l’Avent : chaque semaine, un petit édito de méditation et de réflexion sur ce beau temps liturgique.

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 Un temps liturgique dense

L’Avent compte aujourd’hui quatre dimanches jusqu’à Noël, et c’est ainsi que l’on calcule le premier dimanche de l’Avent : cette année, le 1er décembre. Parfois, lorsque Noël tombe un lundi ou un mardi par exemple, la 4e semaine peut être du coup très écourtée.

L’histoire de l’Avent est assez incertaine et on ne sait pas exactement quand l’Église a développé ce temps liturgique, mais on en trouve des traces dès le IVe siècle. Il s’agissait surtout d’un Avent « eschatologique » : tourné vers la parousie (c’est-à-dire la fin des temps, dans le christianisme), il avait pour but d’orienter le regard des chrétiens vers le retour du Christ, et de le leur rappeler. Et le Concile Vatican II a voulu honorer ces deux aspects : un aspect eschatologique et un aspect de préparation à Noël.

Ce temps liturgique comporte donc la mémoire des trois avènements du Christ : sanaissance (historique) parmi les hommes, à la crèche, il y a 2000 ans ; sa venue (future) dans la gloire à la Parousie (la fin du monde), et sa venue dans nos vies (actuelle), par sa grâce. Et l’Avent suit ce « plan » si l’on peut dire :

- du premier dimanche d’Avent au 16 décembre, c’est l’aspect eschatologique qui primera (cf. les oraisons de la messe par exemple, dans les lectures bibliques, mais aussi dans la première préface de l’Avent qui est une grande prière d’action de grâce à la messe), et vous le remarquerez particulièrement dans l’évangile du 1er dimanche : « Jésus parlait de sa venue … » ;

-du 16 au 24 décembre, c’est une préparation plus centrée sur la fête même de Noël avec les évangiles qui précèdent la naissance du Christ : les trois annonciations (les annonces de l’ange à Zacharie, le père de Jean-Baptiste ; à la Vierge Marie, et à saint Joseph), la nativité de saint Jean-Baptiste, le Magnificat de la Vierge, etc.

Trois personnages bibliques principaux traverseront notre Avent :

-Le prophète Isaïe dans l’Ancien Testament : selon une tradition assez ancienne, on lit pratiquement en continu le livre du prophète Isaïe, puisque chez lui, plus qu’un autre, se trouve la figure du Messie qui doit venir, aussi bien dans la chair que dans la gloire.

-Saint Jean-Baptiste et ses vibrants appels à la conversion : le Messie de Dieu ne s’accueille que par un cœur ayant le désir de se convertir à sa parole ; il est aussi considéré comme le dernier des prophètes. En quelque sorte, il incarne bien l’esprit de l’Avent puisque c’est le prophète de l’attente par excellence : il prépare les chemins du Seigneur, il montre l’Agneau de Dieu, le Christ.

-Et enfin, la Vierge Marie : c’est le temps où elle est mise en avant, en relief, contrairement aux autres temps liturgiques (même si elle a une fête par mois dans l’année). Son rôle et sa place dans l’accueil de la rédemption sont particulièrement offerts à notre méditation. Marie, dans l’attente de la naissance de son fils, préfigure l’Église, « la fiancée sans ride et sans tache, resplendissante de beauté » qui attend son Seigneur.

Ne pas « gommer » l’Avent

Il y a un aspect important de conversion dans ce temps. Le temps de l’Avent, c’est le violet des ornements liturgiques (signe de conversion et de pénitence dans l’Église), c’est le Gloria en moins à la messe du dimanche (vous remarquerez qu’il y a quelque chose en moins au début !) ; c’est le dépouillement de l’église et du chœur : selon les règles liturgiques, on ne doit plus fleurir, ou beaucoup moins en tous cas puisque la sobriété doit primer (sauf éventuellement une couronne de l’Avent) et l’orgue ou tout autre instrument doit se taire pendant les liturgies, sinon pour accompagner le chant tout simplement.

Bref, l’Avent, un peu à l’image du Carême, est un temps de pénitence et de conversion. Les anciens parmi nous se rappelleront que l’Avent était appelé autrefois « le petit carême » ; nos frères orthodoxes le vivent encore comme cela, de manière bien plus radicale que nous. Et dans cet aspect, l’évangile que nous entendrons le 2e dimanche (le 8 décembre), donne le ton de ce temps liturgique : il est comme chaque année l’appel à la conversion de Jean-Baptiste.

« En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole transmise par le prophète Isaïe : à travers le désert, une voix crie: Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. (…) « Moi, je vous baptise dans l’eau, pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu ; il tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. » (Matthieu 3)

Cet évangile viendra nous rappeler quelque peu cette dure réalité qui se révèle à nous : nous ne sommes pas encore à Noël, malgré l’ambiance de fête qui règne un peu partout. Nous commençons ou continuons nos cadeaux et à préparer les menus pour nos réveillons, sapins de Noël, guirlandes, crèches brillent déjà parfois dans les maisons et surtout dans les rues. Effectivement, nous vivons souvent l’avent comme un pré-noël, avec ses marchés, ses illuminations, ses braderies et ses fêtes, et que sais-je encore. C’est une ambiance de fête un peu partout ; et tant mieux !

Mais Jean-Baptiste « proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés ! ». Il vient nous réveiller peut-être brutalement, pour nous appeler encore et toujours à la conversion. Chaque année, au 2e dimanche, c’est le même prophète, habillé de poils de chameaux et mangeant ses sauterelles, qui vient nous rappeler que Noël n’est pas seulement qu’une question de neige, d’illuminations, de belles fêtes, de fourrure et de gâteaux à la crème ! 

La conversion de l’Avent : préférer Jésus

Au fond, que veut dire se convertir et à quelle conversion suis-je appelé en Avent ? La conversion, c’est décider de suivre Jésus ! C’est déjà difficile ; mais une deuxième conversion nous appelle à aller encore plus loin dans notre désir de suivre le Christ : préférer Jésus, et le préférer à toutes choses. Et là, tout se complique !

Regardez Jean-Baptiste : il aurait pu avoir une vie bien réglée : son père était du groupe d’Abia (assez réputé) et sa femme de la descendance d’Aaron ! Un père, grand prêtre au Temple de Jérusalem. On nous dit dans l’évangile qu’ils étaient justes devant Dieu. Avec cette position sociale, Jean-Baptiste avait devant lui un bel avenir, surtout qu’il était l’enfant du miracle (souvenez-vous …). Il a finalement choisi de tout donner à Dieu, radicalement pour devenir son prophète. Qui d’entre nous se sent appelé à tout donner à Dieu, dans la vie sacerdotale ou religieuse, pour être un prophète pour ce temps ?

Regardez Marie : elle aussi dans une belle  situation sociale. Un projet de mariage avec Joseph : il ne devait pas être mal lui non plus ! Ces deux personnages (comme tant d’autres saints d’ailleurs) avaient des projets, une vie bien réglée, une belle situation et pouvaient légitimement (et j’insiste … c’est légitime) jouir de la vie. Mais ils ont préféré Dieu à toute autre chose.

La question de l’Avent est donc bien celle-ci : est-ce que je veux préférer Jésus à tout le reste ? Pour répondre à cette question, prenons tel ou tel point de nos vies : le travail ; tel ou tel loisir ; la télé ; internet ; les ordinateurs ; etc. et posons-nous la question : « si Jésus me demandait d’abandonner ce point, est-ce que je dirai oui ? ». Parfois, nous jugeons notre existence à l’aube de choses très générales et l’on se dit : « Je ne suis pas trop mal, je ne vole pas ; je ne tue pas ; je ne mens pas » ; etc. Les 10 commandements : tout va bien ! « Oh, mon père, y a bien quelques petits péchés véniels par-ci par-là, mais comme tout le monde, vous savez ! » Et finalement, on se croit déjà converti, voire même saint avant l’heure.

Où dois-je encore me convertir ? Est-ce que je préfère Jésus à tout le reste ? Et là, c’est la question de l’amour. Est-ce que j’aime assez Dieu et mon prochain ? On n’a jamais fini d’aimer ! Comme le disait Sainte Faustine : « le péché qui blesse le plus le cœur de Dieu, c’est le manque de confiance et le manque d’amour envers lui ». Préférer Jésus à tout le reste ; aimer Jésus plus que tout le reste.

Noël approche donc …

Il reste ces quatre semaines, et Jean-Baptiste nous met un peu la pression pour que nous nous préparions. On vit trop souvent l’Avent comme un bon film que l’on regarde et dont on connaît l’issue : il n’y a plus de suspens et on connaît déjà le scénario et la bande-originale, l’histoire et la musique !

St Jean-Baptiste fait résonner son appel à la conversion, et la vraie conversion de cet Avent pourrait être dans notre attente : est-ce que j’attends quelque chose de nouveau de la part de Dieu cette année ? Nous sommes des habitués de la crèche et pourtant, ce mystère devrait nous émouvoir !

 Il y a trois lieux d’abaissement de Jésus : la crèche, la Croix et le tabernacle. Et justement, ce sont sur ces trois lieux que nous pouvons être, pardonnez-moi l’expression, le plus « bouffés » par l’habitude :

-tous les ans Noël : cadeaux, réveillons, crèches, et paillettes ;
-tous les jours, on voit la croix suspendue à nos murs ou dans nos églises ; on fait nos signes de croix à la va-vite …
-tous les dimanches, on va à la messe pieusement, parfois en retard, et même en semaine parfois. On reçoit Jésus et voilà.

Dieu s’abaisse et l’homme s’y habitue ! Jean-Baptiste veut notre conversion ; il veut nous réveiller, alors laissons-le faire durant ces quelques semaines … 

A suivre : L’Avent, un temps tourné vers la fin …

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