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Nous avons besoin de rêves, de poésie, de rites, de fêtes. C'est ce que donne le temps de l'avent qui marque le début d'une nouvelle année du cycle liturgique qui culmine à Pâques. Ce cycle n'enferme pas les croyants sur eux-mêmes, mais les entraîne comme une spirale dans la rencontre et le retour de leur Seigneur Jésus Christ.
Promesse de bonheur
L'Avent, ce sont quatre semaines d'air frais avant Noël pour éviter de sombrer dans les flots du matérialisme. C’est le temps liturgique que je préfère. Ma prière, faite de désir, d’attente et d’espérance, trouve chaussure à ses pieds. En faisant mémoire de l'antique Parole, mon silence se trouve épousé et l'espérance se transmet à même la mémoire de mes pères et mères dans la foi : « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur » (Jr 33, 14).
Trois grandes figures bibliques traversent l'Avent comme des météores de la Parole : Isaïe, Marie et Jean Baptiste. Avec eux, on ne prie pas de la hauteur de notre suffisance, mais dans les profondeurs d’un cœur humble et contrit. Celui qui s’abaisse sera élevé. L’humilité est une attitude fondamentale dans la prière, car elle inspire à notre cœur le besoin d’être sauvé, de s’abandonner à la miséricorde divine. « Agis comme si tout dépendait de toi. Prie comme si tout dépendait de Dieu » (Saint Ignace de Loyola).
Tout attendre de Dieu
Nous sommes des mendiants remplis d’espérance qui reçoivent gratuitement à Noël ce Dieu qui s’est fait si petit pour nous. En désirant l’humilité tout au long de l’avent, nous nous rapprochons de Dieu : « Approchez-vous de Dieu, et lui s’approchera de vous. Abaissez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera » (Jc 4, 8-10).
L’humilité, c’est tout attendre de Dieu dans la joie. Elle permet d’accueillir nos faiblesses dans la prière, à la manière du publicain qui se frappe la poitrine à l’arrière du temple : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis. » (Lc 18, 13) Lui est justifié, dit Jésus, pas le pharisien qui compte ses bons coups. Dieu est humilité ; c’est l’Amour qui s’abaisse jusqu’à nous, de la crèche au Calvaire.
Plus on devient soi-même, plus on se possède, plus on peut s’abandonner à l’Homme-Dieu qui est « doux et humble de cœur » (Mt 11, 29). On se remet entre ses mains et cet abandon est cause d’une grande joie. Les fruits se manifestent par une liberté plus grande, une paix profonde, une gratuité dans les relations, une adhésion au réel qui débouche sur l’engagement.
Temps de l’Avent : jours de fête et de célébration. Prière de désir, d'attente, d'éveil et d'espérance. « On obtient de Dieu autant qu’on en espère », disait Jean de la Croix. Le Seigneur vient aujourd'hui et demain. Il surgit comme l’aurore. Il ne tarde plus. « Maranatha! Viens, Seigneur! », répétaient les premiers chrétiens, et nous aussi qui fêtons dans la joie ce Dieu qui est, qui était et qui vient.
Texte paru dans La vie est belle, décembre 2013, p. 37.