Beaucoup s’interrogent sur la décision du prêtre français enlevé par le groupe islamiste nigérian Boko Haram dans une région classée « rouge » de rester à son poste. Réponses.
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La zone était classée « rouge » par le centre de crise du ministère des affaires étrangères, « formellement déconseillée du fait du risque terroriste et du risque d’enlèvement ». Malgré tout, le P. Georges avait décidé de rester dans sa paroisse pour l’exercice de sa mission au Cameroun, où il avait été envoyé deux ans plus tôt par son évêque, Mgr Gérard Daucourt (cf. Aleteia).
Après son enlèvement le 14 novembre dernier par le groupe islamiste nigérian Boko Haram, comment comprendre ce choix ? Inconscience ? Ou au contraire grande liberté intérieure de la part de ce prêtre ordonné en 1998 pour le diocèse de Nanterre ?
L’enlèvement du P. Georges « jette une lumière crue sur le dilemme des prêtres et religieux confrontés à la violence », souligne La Croix dans un article sur « le choix délicat des missionnaires » face à la violence.
Interrogé par le quotidien catholique, le P. Laurent Tournier, provincial des eudistes et porte-parole de la Conférence des religieux et religieuses en France (Corref), explique que ces situations dramatiques ne sont malheureusement pas « exceptionnelles » pour eux : « Les risques sont pesés dès l’envoi en mission. (…) Et même si la mission démarre dans un contexte calme, nous envisageons que la situation puisse évoluer. »
« En cas de difficulté, la décision de rentrer appartient toujours au religieux concerné. En pratique, peu y consentent : “Nous partons pour créer une communauté, ce qui nécessite au moins dix ans de travail, souligne le P. Tournier. Il ne s’agit en aucun cas d’être suicidaire mais ces situations font partie de notre vie. Un missionnaire part pour se donner lui-même, ce n’est pas un intermittent du spectacle”. »
Dans Le Grand Journal de Canal +, Xavier de Moulins, présentateur du JT de 19h45 sur M6 et ami d’enfance du P. Vandenbeusch, évoque – et défend – ce choix du missionnaire. Le P. Georges « a toujours été engagé, quelqu’un de solide. Ça n’a jamais été une tête brûlée, un kamikaze. C’est quelqu’un qui a toujours été fidèle à sa pensée, à ses croyances, qui a toujours été habité par la cause divine ».
Et s’il savait que c’était dangereux, le prêtre français n’était pas parti « pour faire du tourisme » mais « pour aider des gens ». « Ce qu’il nous offre aujourd’hui, c’est un exercice de liberté », explique Xavier de Moulins. « C’est ça qui l’a toujours caractérisé. C’est ça qu’il faut respecter et ne surtout pas juger. Il a fait le choix de rester. C’est un choix de liberté, un choix d’espérance. C’est aussi un beau message dans la société dans laquelle on vit ».
Au Cameroun, l’enlèvement du P. Georges, qui s’occupait des réfugiés en provenance du Nigeria, là où Boko Haram sème la terreur, a créé la stupeur. « Nous espérons le retrouver vite sain et sauf », a confié Mgr Philippe Stevens, évêque du diocèse de Maroua-Mokolo, à Famille Chrétienne. « Tous les religieux étrangers présents dans le diocèse, une centaine de sœurs et soixante-dix prêtres de vingt-cinq nationalités différentes, vont se réunir. Nous allons réfléchir ensemble à ce que nous devons faire. Pour nous, il n’est de toute façon pas question d’abandonner la population locale ».
« Ce n’est pas facile pour nous. Depuis l’enlèvement du Père Georges, nous avons peur. Tout le monde est en prière », a-t-il ajouté.
Sur Radio Vatican, le P. Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a souhaité « de tout cœur que le père Georges Vandenbeusch puisse retrouver la liberté ». « C'est un cas extrêmement grave et horrible qui démontre à quel point dans cette région se diffusent la haine et la violence. Il est douloureux d'observer combien de fois les chrétiens sont soumis en raison de leur foi et de leur témoignage à des douleurs et à des persécutions », a-t-il affirmé.
A noter enfin, ce portrait du P. Vandenbeusch sur Le Figaro et cette neuvaine de prière pour le père Georges lancée samedi 16 novembre par le site Christianophobie.fr.