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Québec : la Charte de l’exclusion

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Durcissement idéologique du gouvernement sur la « Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que l’égalité entre les femmes et les hommes»

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 Le gouvernement Marois joue le tout pour le tout en durcissant sa position sur le projet de loi 60 au titre officiel : « Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que l’égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d’accommodements ».
 
Alors qu’on s’attendait à des adoucissements, le ministre Drainville a plutôt serré la vis. Le port des signes religieux ostentatoires est interdit aux employés de l’État dans les garderies, les écoles, les universités, les hôpitaux, les municipalités. Le gouvernement peut aussi étendre les obligations de la loi à des personnes et sociétés avec qui il est en lien par contrat.  Le droit de retrait est limité dans le temps et pas accordé à tous. Il y aura une commission parlementaire sur ce projet de loi, mais le gouvernement ne semble pas prêt à des concessions. Il n’a pas consulté les partis de l’opposition, beaucoup plus nuancés sur la question des signes religieux.
 
Le gouvernement prend de gros risques en ne recherchant pas de compromis sur le port des signes religieux ostentatoires, à moins que ce ne soit pour des raisons stratégiques, électoralistes. Le débat va s’étirer, se polariser, jusqu’à de possibles élections au printemps 2014. Ce gouvernement minoritaire fera alors le pari de devenir majoritaire en utilisant la carte identitaire du « nous » contre « eux ». Bonjour la diversité dans l’harmonie souhaitée par Pauline Marois.
 
On ne bâtit pas une société juste et harmonieuse en excluant des gens de la fonction publique à cause de signes visibles religieux et culturels. Les intégrer, oui, les marginaliser, non. Comment prôner l’égalité entre les sexes en écartant du marché du travail des femmes musulmanes qui portent le foulard ? Comment préserver les droits en les enlevant à d’autres? Un employé de l’état, qu’il soit juif, chrétien, musulman, est-il moins compétent parce qu’il porte un signe visible de sa religion?
 
Un état laïque et pluraliste n’a pas à prendre parti pour aucune religion, mais à respecter leur liberté d’expression, même dans les services publics. Sinon on tombe dans le totalitarisme qu’on reproche à certains pays. Le laïcisme pur et dur devient une autre forme d’intégrisme qu’on retrouve également dans les religions quand elles sont instrumentalisées à des fins politiques.
 
Il y a peut-être un malaise au Québec à la vue de signes religieux, mais les études sur ce point sont rares. Il y a également une peur d’un islam plus politique qui chercherait à prendre le contrôle du terriroire. Certains craignent aussi un retour de ce qu’on appelé « la grande noirceur », où l’Église règnait en maître. Mais ce temps est révolu, et l’Évangile de l’accueil et du pardon demeure tout de même une référence dans nos sociétés démocratiques. Faut être vigilant, bien sûr, mais on ne chasse pas la noirceur en la remplaçant par une autre : la religiophobie.
 
Plusieurs voix se sont déjà levées contre ce projet de loi et vont le contester, si nécessaire, devant les tribunaux en brandissant la Charte canadienne des droits et libertés. On peut aussi prévoir un exode des compétences vers les autres provinces. Les régions frontalières comme l’Outaouais seront les plus vulnérables, d’autant plus qu’il y a dans ces régions une pénurie de médecins et d’infirmières. Cette loi ne fera rien non plus pour accueillir les immigrants francophones des pays du Maghreb, là où les musulmans sont majoritaires. Si c’est cela qu’on veut, qu’on resserre les lois de l’immigration.
 
Ce projet de loi divise au lieu de rassembler, il ne passera pas le test du vote et des tribunaux. Y avait-il péril dans la demeure pour soulever un tel débat ? A- t-on créé un problème qui se vit surtout à Montréal ? Si les discussions à venir favorisent une meilleure compréhension de notre histoire et patrimoine, de notre place unique et précaire en Amérique, cela n’aura pas été vain. Le Québec pourra alors s’atteler à d’autres enjeux tout aussi importants.
 
Lire mes autres blogues sur ce sujet :

Charte de laïcité ou de valeurs
Laïcité, vivre ensemble avec nos différences
Charte des valeurs ou procès des religions
Ma réaction au manifeste des Janette

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